Paris Vox – Paris Vox propose à ses lecteurs une série de biographie sur les saints personnages qui ont fait la gloire de l’Eglise de Paris, l’une des plus anciennes de Gaulle, et qui font encore aujourd’hui le prestige de la Capitale.
Saint Droctovée, premier abbé de Saint-Germain-des-Prés.
Saint Droctovée, anciennement appelé Doué ou Trottins, naquit dans le diocèse d’Autun en Bourgogne, vers l’an 535. L’histoire ne nous a rien conservé touchant son enfance et sa jeunesse. La ville d’Autun possédait alors une abbaye fondée près de l’église où reposaient les reliques de saint Symphorien, jeune athlète de la foi de Jésus-Christ. Cette abbaye renfermait dans ses murs un homme bien grand aux yeux de Dieu , et auquel l’église de Paris doit une partie de sa splendeur. Saint Germain, qui a depuis illustré le siège de la capitale de la France, prit soin de Droctovée, et le forma à la piété et à la vie religieuse. Il paraît que celui-ci fit des progrès admirables dans la voie de la perfection; car Germain, ayant été élevé sur le siège de Paris, chargea son disciple du gouvernement d’un monastère que le roi Childebert venait de fonder dans une prairie, à quelque distance de la Seine et sur la rive gauche, de ce fleuve : le monastère de la Sainte-Croix et de Saint-Vincent, dit Saint-Germain-des-Prés.
Le monastère fut construit vers le milieu du sixième siècle, pour y déposer les reliques du martyr saint Vincent qu’il avait rapportées du siège de de Sarragosse en Espagne. La dédicace de l’église fut faite en 558 par saint Germain, évêque de Paris. Cette église fut applée église d’or, à cause de sa magnificence; car, d’après ce qu’en dit Gislemar, auteur de la vie de saint Droctovée, les murailles en étaient couvertes de flaques de cuivre doré, et ornées de peintures appliquées sur un fond très-riche. Les Normands la pillèrent en 845, 837, 858, et la réduisirent en cendres en 861 et 881. On la rebâtit après en 1014 , et le pape Alexandre III en fit la dédicace en 1165.
Droctovée s’appliqua avec soin à asseoir sur des bases solides la discipline de ce monastère naissant. Il savait que dans ces sortes d’institutions tout dé pendait des commencements , et que souvent une communauté religieuse est exposée aux plus grande, dangers parce qu’on a négligé de pénétrer les membres de toute l’importance de leurs devoirs. Droctovée était dévoré du zèle de la gloire de Dieu , vertu distinctive des apôtres et de tous les vrais ministres de l’Église. Ce qu’il désirait le plus , c’était de voir Dieu fidèlement servi et parfaitement aimé par tous ceux qui vivaient sous sa disciplinée , et il fit de constants efforts pour y parvenir. Aussi la discipline monastique fleurit-elle en peu de temps sous sa conduite, et il donna à ses disciples l’exemple de tontes les vertus. Son humilité le faisait chérir de tous ceux qui le connaissaient, et son ardente charité pour les pauvres lui attirait la vénération publique.
Un homme qui a renoncé au monde doit nécessairement trouver des délices bien grandes dans l’exercice de la prière. Droctovée y chercha ces consolations intérieures qui élèvent l’âme au-dessus des objets d’un monde créé, et la dédommagent des privations qu’elle s’est imposées et des peines qui viennent l’assaillir tant qu’elle est unie au corps. A la prière, le saint abbé joignit la pratique des mortifications et des austérités de la pénitence; toute sa vie était ainsi consacrée au service du Seigneur , et retraçait le disciple de l’Évangile.
Ainsi se passèrent pour le saint abbé de longues années dans l’exercice des vertus de son état , en attendant que la bienheureuse éternité vînt dissoudre les liens de sa chair fragile , et le récompenser de ses travaux. L’idée de la mort ne l’effrayait point, parce qu’avec l’apôtre il pouvait dire : « Je meurs tous les jours au monde, à ses passions et à moi-même. » Ou plutôt il y était mort entièrement , celui qui n’avait jamais connu le monde et qui lui avait fait sans cesse la guerre. Voyant sa fin approcher , le saint homme, qui avait usé les forces de son corps dans le service de Dieu et dans les austérités qu’il avait pratiquées , donna à sa fervente communauté les avis les plus tendres pour la fixer irrévocablement dans le sentier de la vertu et l’observance stricte de la règle qu’il avait établie. Ses disciples remplirent la maison de leurs cris , en voyant leur père sur le point de les abandonner ; ce qui les consola de cette cruelle privation, c’était la certitude qu’ils avaient de la sainteté et du bonheur céleste dont il allait jouir.
Droctovée leur souhaita la paix du Seigneur, les bénit et passa dans une vie plus heureuse, probablement le 10 mars, jour auquel l’Église a toujours célébré sa fête. L’année de sa mort n’est point connue, mais on la place vers 58o. Son corps fut inhumé avec soin dans l’église du monastère.
Théodore-François-Xavier Hunkler