Vers la criminalisation de toute contestation ?

Vers la criminalisation de toute contestation ?

Paris Vox (Tribune) – L’ère de la post-démocratie a débuté depuis longtemps. Certaines déclarations de haut  responsables européens nous l’ont indiqué depuis déjà un moment… On se souvient notamment de Monsieur Juncker déclarant: “Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens“.


Le rideau de fumée plutôt que celui de fer

A vrai dire, le rideau de fumée est le digne successeur du rideau de fer dans cette post-démocratie. L’expression élégante n’est pas mienne mais je l’emprunte volontiers. À l’instar du goulag mou, elle indique la volonté de nos dirigeants d’annihiler toute volonté de penser différemment. Pour cela on crée sans cesse des contre-feux. Les polémiques factices s’enchaînent. J’ai déjà abordé la « grossophobie », on pourrait en évoquer bien d’autres. Cette semaine on apprenait par exemple que les femmes sont petites car les hommes confisquent à leur seul usage les protéines depuis la nuit des temps. Bientôt on nous expliquera que la menstruation discrimine et qu’il est certainement un homme qui est responsable de cela.

En revenant sur ces prétendues « polémiques », je tombe d’ailleurs moi-même dans cette stratégie du rideau de fumée…

Les combats véritables sont dilués en utilisant la naïveté de certains qui servent de ce fait le système en croyant le combattre. Les prétendues inégalités ou injustices de mère-nature sont combattues plus férocement que celles engendrées par ce système consumériste et capitaliste tellement inégalitaire et éloigné du bien commun. On agite le fantasme d’une Egalité globale absolue pour ne pas avoir à s’attaquer réellement et concrètement aux inégalités sociales et économiques…

Mais un rideau de fumée pourquoi ?

Dans un tel contexte d’enfumage, les lois d’exception s’enchaînent sans que ça n’émeuve plus personne. On enferme et on interdit pour mal-pensance en France. On censure peu, mais on noie les véritables informations ou on organise le boycott par le silence des paroles et œuvres dérangeantes.

Pendant la COP 21, certains membres de la gauche radicale ou des militants écologistes “sérieux” ont été astreints à domicile. Leurs regroupements étaient systématiquement interdits. Ceux qui s’en réjouissaient à l’époque n’ont certainement pas perçu qu’ils étaient les prochains sur la longue liste des « factieux ». On interdit des manifestations en arguant de troubles à l’ordre public et de l’impossibilité de l’État d’assurer la sécurité. Ensuite,  le même État déploie des forces importantes et souvent démesurées pour s’assurer que la manifestation, qu’il ne pouvait prétendument pas sécuriser, n’aura vraiment pas lieu. Doucement, la liberté de rassemblement, de manifestation est restreinte, disparaît… Sans faire de bruit …

Ainsi certains se réjouissent et s’amusent même du fait que certaines organisations d’ultra-gauche (les Zadistes par exemple) pourraient être considérées prochainement comme des organisations terroristes (voir: https://www.valeursactuelles.com/societe/lultragauche-bientot-requalifiee-en-organisation-terroriste-91466)…  Ils ont évidemment bien tort de se féliciter d’une telle mesure, même s’ils sont du « camp d’en face », car à moins d’être des militants acharnés du libéralisme, c’est-à-dire des petits soldats du système, ce sont sans doute eux les prochains terroristes…

Jean Ernice