Histoire de Paris : la rue Saint-Augustin et le Passage Choiseul

Histoire de Paris : la rue Saint-Augustin et le Passage Choiseul

Paris Vox- Redécouvrez les grands monuments de Paris, ses rues, ainsi que l’Histoire, petite ou grande, de la capitale.


La rue Saint-Augustin.

La rue Saint-Augustin est une artère du 2e arrondissement parisien. Elle début au 75 rue de Richelieu et se termine au 14 rue d’Antin. Elle fut ouverte en 1633 entre les rues Notre-Dame des Victoires et de Richelieu, et en 1650, entre cette dernière et la rue Gaillon  La rue Saint-Augustin tient son nom de l’ancien couvent des Augustins-Déchaussés (ou Petits-Pères) qu’elle longeait. La congrégation des Augustins Déchaussés naquit en Espagne, en 1592, puis s’implanta en Italie. C’est de Rome que partirent, en 1595, les religieux français qui allaient fonder le premier établissement de cette congrégation en France (Dauphiné). Au fil de la multiplication des fondations, la branche française se détacha progressivement des autres pour acquérir son indépendance définitive entre 1610 et 1630. La première implantation parisienne des Augustins déchaux, initiative de Marguerite de Valois, date de 1609. Chassés par les Petits-Augustins, en 1613, ils reviennent dans la capitale en 1619 et acquièrent, dix ans plus tard, des terrains situés dans le quartier situé autour de la rue de Richelieu. Louis XIII, qui accepte de se déclarer fondateur de leur couvent de Notre-Dame-des-Victoires, référence à ses récentes victoires contre les protestants, vint en personne poser la première pierre de l’église le 9 décembre 1629. Lorsqu’éclate la Révolution, un assez grand nombre de religieux quittent le couvent. En 1791, l’église est transformée en paroisse puis accueille la Bourse. Les bâtiments conventuels sont utilisés par l’armée et des administrations. Lorsque l’église fut rendue au culte, seuls deux religieux étaient encore sur place. Le couvent ne sera jamais rouvert.  Parmi les curiosités de cette artère, comptons : l’emplacement de l’entrée de l’ex-Hôtel de Lorges, de Conti, de Vallière et de Deux-Ponts (n°34) ; emplacement de l’Hôtel Courtois (1670), puis de la famille Frémour (jusqu’en 1750) ; ensuite Hôtel Lallemand de Nantouillet (n°33 à 27). N°27 : Fenêtres. Au n°22, se trouve l’emplacement  d’un hôtel ayant appartenu, en 1702, à Charles de Ferriol, beau-frère de Mme de Tencin. Il fut ambassadeur de France en Turquie d’où il ramena une circassienne nommée Aïssé. En 1746, des héritiers vendirent l’hôtel à un fermier général. Mlle Mars et l’architecte Visconti l’habitèrent au 19e siècle. En 1869, l’hôtel fut démoli et remplacé par l’immeuble actuel. Citons encore la rue Monsigny (n°25), qui accueille l’une des entrées du théâtre des Bouffes-Parisiens (n°4), ancien théâtre Comte, et la rue de Gramont (n°14), ouverte en 1765 au travers d’un hôtel (n°12 à 10) ayant appartenu au financier Nicolas Monnerot, que Louis XIV devait finalement confisquer au profit de la famille des Gramont qui le conservèrent pendant quatre générations. Mais dans cette rue c’est le passage de Choiseul qui fera plus précisément l’objet de notre attention.

Le passage de Choiseul.

Le passage de Choiseul, plus communément appelé le « passage Choiseul », est un passage couvert situé dans le 2e arrondissement parisien. Il s’étend entre les rues des Petits-Champs (sud) et Saint-Augustin (nord). Le passage de Choiseul s’inscrit dans le prolongement de la rue dont il tient son nom et à partir de laquelle on accède, au départ du métro Quatre-Septembre. C’est au n°23 de la rue Saint-Augustin que l’on trouve l’entrée nord du passage Choiseul, l’entrée sud se situant rue des Petits-Champs. En outre, au n°52 du passage Choiseul, se situe le passage Sainte-Anne (47 m) qui permet d’accéder directement à la rue du même nom (n°59). Ouvert en 1829, il fut inscrit au titre des monuments historiques en 1974, en même temps que le passage Choiseul. Combien de fois me suis-je faufilé par cette petite artère couverte, pour aller écluser quelques verres à La Tartine, un bar enraciné, très « terroir », aujourd’hui disparu. Rencontres inattendues, discussions passionnantes, chants enflammés (mais se voulant discrets), vin, bière et alcool coulant à flots, et puis les chats, animant le lieu de leur augusteprésence ! Que de souvenirs ! Merci à toi Bernard, honorable et fidèle ! Mais revenons-en à notre passage Choiseul. L’entrée de la rue Saint-Augustin (pilastres et fronton triangulaire), ouvert en 1825, n’est autre que l’entrée d’un hôtel construit, à la fin du 17e siècle par Lepautre. Sous la Régence, il devint un célèbre tripot qui fut affermé pour 10.000 livres par mois à un certain Poisson, comédien de son état. Le Passage Choiseul fut édifiée entre 1825 et 1827, à l’initiative de la banque Mallet et Cie qui achètera quatre hôtels particuliers –de Lionne, de Langlée, de Gesvres, dont le porche est celui de l’entrée nord du passage, et Radepont-, qu’elle fera détruire dans le but de réaliser une opération d’ordre spéculatif, en projetant d’y construire de nouveaux immeubles à leur place. Seul le passage de Choiseul fut finalement construit, le projet d’origine ayant été bouleversé par la construction du théâtre de l’Opéra Comique (de nos jours : salle Ventadour). Ce sont les architectes Mazois, puis Tavernier qui se chargeront de l’ouvrage. Avec ses 190m, c’est le plus long des passages couverts parisiens. Tombé en désuétude au fil du temps, le passage Choiseul devait connaître une explosion de sa fréquentation au début des années 1970…quand un couturier de renom vint y ouvrir une boutique « branchée ». Aujourd’hui stabilisée, la fréquentation du passage, ouvert du lundi au samedi, de 8h à 20h, est tributaire des heures de bureau. A noter que c’est au numéro 23 du passage Choiseul que se trouvait la librairie d’Alphonse Lemerre, éditeur de Verlaine et des Parnassiens, Leconte de Lisle, Hérédia, Barbey d’Aurelly, Sully Prudhomme ou Catulle-Mendès.

 

Eric TIMMERMANS.

 

Sources : Connaissance du Vieux Paris, J. Hillairet, Editions Princesse, 1951, 1953, 1954 / Enigmes, légendes et mystères du Vieux Paris, Patrick Hemmler, Editions Jean-Paul Gisserot, 2006 / Guide de Paris mystérieux, Les Guides noirs, Editions Tchou Princesse, 1979 / « Céline », d’après une chronologie d’André Derval, Magazine Littéraire – Février 2011, p.51 à 54 / Mort à crédit, Céline, Folio-Gallimard, 1972.