Histoire de Paris : Rue de la Ferronnerie

Histoire de Paris : Rue de la Ferronnerie

Paris Vox – Redécouvrez les grands monuments de Paris ainsi que l’Histoire, petite ou grande, de la capitale.


La rue de la Ferronnerie.

La rue de la Ferronnerie (1er arrondissement) prolonge la rue Saint-Honoré. Avec les rues des Lombards et de la Verrerie, elle fait partie du grand axe ouest-est du vieux Paris. Cette voie, qui s’étend entre le boulevard Sébastopol et la rue des Halles, doit son nom au fait que Saint-Louis (1214-1270 ; règne : 1226-1270) y a autorisé, en 1229, l’installation des ferronniers, ferrons (=marchands de fer). De fait, le roi leur permit d’installer leurs éventaires près du cimetière des Innocents. Elle était appelée, à l’origine, « rue de la Charronnerie » ou « des Charrons ». Au 17ème siècle, la rue de la Ferronnerie n’était toujours large que de 4 mètres (encore faut-il préciser que cet espace était, de plus, rétréci par des échoppes adossées au mur du cimetière).

L’assassinat d’Henri IV par Ravaillac.

C’est justement l’étroitesse de la rue de la Ferronnerie qui permit à Ravaillac (1578-1610), venu à pied d’Angoulême, de tuer le roi Henri IV (1553-1610, règne : 1589-1610). Le 14 mai 1610, vers 16 heures, le roi sortit du Louvre en carrosse afin de se rendre à l’Arsenal voir Sully. Mais lorsqu’il arriva rue de la Ferronnerie, un chariot de vin et une charrette de foin furent poussés en travers de la rue, bloquant le carrosse royal. François Ravaillac était posté à la hauteur du numéro 11. Il bondit, grimpa sur une des roues du carrosse et frappa Henri IV de 3 coups de couteau, arme qu’il avait dérobé à l’auberge des Trois-Pigeons, en face de l’église Saint-Roch. Le roi expira rapidement. Au numéro 11, où se trouvait, à l’époque, une boutique nommée « Cœur couronné d’une flèche », une plaque de marbre ornée de trois fleurs de lys et encastrée dans la chaussée rappelle, aujourd’hui encore, le lieu de l’assassinat. Quant à Ravaillac il fut arrêté, tenaillé et écartelé treize jours plus tard. Ajoutons que, visionnaire, le roi Henri II avait vainement, 56 ans auparavant, demandé l’élargissement de cette artère : petites causes, grands effets !

Anecdotes de la rue de la Ferronnerie.

-C’est à hauteur du numéro 11, comme nous l’avons dit, que Henri IV fut assassiné par Ravaillac. Toutefois, soulignons qu’un édit royal ordonna la démolition de plusieurs bâtiments de la partie de la rue qui incluait le n°11, ce qui permit de porter la largeur de la voie à trente pieds (environ 9 mètres). Aussi, l’emplacement de l’actuel n°11 ne date-t-il que de la fin du 17e siècle. L’immeuble qui s’y dresse aujourd’hui étant, quant à lui, du 18e siècle et il fut longtemps l’un des plus longs de Paris. De fait, le propriétaire de cette partie de la rue de la Ferronnerie était le chapitre de Saint-Germain-l’Auxerrois qui fit construire, à la place des monuments détruits en 1669, cet immeuble d’une longueur de 114 mètres. Il s’étendait à l’origine de la rue de la Lingerie à la rue Saint-Denis. Mais en 1881, on le ramena à l’angle de la rue de la Lingerie.

-Jadis on respectait, rue de la Ferronnerie, une étrange coutume. Lorsque les gendarmes devaient conduire un déserteur, ils le faisaient passer par les halles, puis s’arrêtaient au beau milieu de la rue. Un marchand accourait alors, s’emparait du képi ou du bonnet de police du prisonnier, puis courait de place en place faire la quête. La récolte était, dit-on, abondante. En versant le produit de leur quête dans la poche du déserteur, on dit que souvent le quêteur pleurait (par Charles Virmaître, cité par le « Guide de Paris mystérieux », (p.337-338).

-Une certaine Jeanne Bécu, alias Jeanne Ranson, était « trottin » (=bonne à tout faire) chez un marchand de modes du nom de Labille, installé dans la rue de la Ferronnerie. C’est là que ladite Jeanne commença sa vie galante avant de devenir la comtesse du Barry.

-Une certaine Mademoiselle Morphise travailla également dans cette rue, dans une maison de couture. Devenue modèle pour le peintre Boucher, elle devait finalement accéder au rang de « caprice » du roi Louis XV…

-L’emplacement de la maison des Gastines est toujours vide. De fait, on y construisit jamais depuis 1569, car l’arrêt du parlement subsiste toujours. On a toutefois construit une maison sur l’arrière de l’ancienne maison.

Eric TIMMERMANS.

Sources : « Connaissance du Vieux Paris », J. Hillairet, Editions Princesse, 1982 / « Enigmes, légendes et mystères du Vieux Paris », Patrick Hemmler, Editions Jean-Paul Gisserot, 2006 / « Guide de Paris mystérieux », Les Guides noirs, Editions Tchou-Princesse, 1979 / « Paris – Guide du Routard, 2004 ».