Paris Vox – Contrairement à nos jours où l’on peut trouver l’heure partout (téléphone, ordinateur, horodateur, tableaux de bord et autres four micro-ondes….) avant l’ère du quartz, la montre mécanique était incontournable, sans aucune autre alternative.
Les fabricants n’avaient donc qu’une seule et unique préoccupation : développer et améliorer sans cesse cet outil pour qu’il puisse répondre aux besoins très variés des professionnels, et ce, dans des conditions les plus extrêmes. Deux mots d’ordre : précision et fiabilité.
Grâce aux collaborations avec les professionnels les plus expérimentés et en suivant les cahiers des charges les plus strictes, les maisons horlogères ont conçu et sans cesse amélioré les montres-outils répondant chacune aux besoins les plus spécifiques.
Les fonctionnalités de ces «toolwatches» étaient alors directement liées aux métiers de leurs utilisateurs : pilotes automobile (chronographe et tachymètre), aviateurs (règle de calcul, GMT, aiguille 24h) , navigateurs (Compte à rebours, Télémètre, boussole, cadran « Yachting »), médecins (pulsomètre), plongeurs (couronne vissée et lunette tournante), explorateurs, spéléologues et volcanologues (GMT, aiguille 24h) , scientifiques (résistance anti-magnétique), militaires (Tritium, stop seconde, étanchéité, anses fixes…) …
La fiabilité était le seul critère de choix, la mission voir la vie de ces professionnels en dépendait.
Sans détailler l’historique respectif de chaque fabricant cité, nous allons ici nous intéresser à quelques (la liste serait bien longue sinon) modèles “cultes” qui ont marqué l’Histoire des hommes d’aventures. Il est bien évident que ces gardes temps atteignent (très) rapidement des prix “déraisonnables” au vu de la conjoncture actuelle. Est-ce raisonnable de dépenser autant quand une “G-Shock” (utilisée par quasiment toutes les forces armées sur le terrain) propose plus de fonctions avec une précision infaillible? La réponse est non. Néanmoins, il faut voir ces montres pour ce qu’elles sont: des bijoux combinant des matériaux précieux et le fleurons de l’artisanat horloger. C’est une partie de l’explication de leur prix: le temps passé à les assembler, les tester, et le cours des métaux ou pierres précieuses qu’elles emploient. C’est pour cela que les horlogers et collectionneurs parlent de “garde temps” car il permet à l’homme de matérialiser notre maître à tous: Chronos.
Lip Nautic ski (prix neuf:499€):
Produite en 1967, la Lip Nautic Ski se revendiquait comme étant la première montre française étanche à 200m. La Lip Nautic Ski ne sera véritablement lancée qu’en 1968, année durant laquelle Lip et Omega seront choisis pour être les chronométreurs officiels des Jeux Olympiques d’hiver de Grenoble.
L’appellation «Nautic» de cette montre provient de son célèbre boîtier Super Compressor fabriqué par l’entreprise E. Piquerez SA (EPSA) connue pour avoir créé le boîtier de la Heuer Monaco ou encore de l’Enicar Sherpa Graph.
Ce boîtier était très populaire à l’époque car il avait la particularité de proposer une lunette tournante située à l’intérieur. Cette lunette interne avait pour but d’éviter ainsi les accidents de faux mouvements sur la lunette externe traditionnelle. L’un des signes distinctifs de ce boîtier était ses deux fameuses couronnes striées : une pour régler l’heure, l’autre pour faire tourner la lunette interne. Ce boîtier était très largement utilisé par les plongeuses de l’époque allant de Universal Genève à IWC en passant par Longines, Hamilton ou encore Jeager Lecoultre….
Le boîtier Super Compressor de la Lip Nautic rendait cette montre extrêmement fiable sur et sous l’eau. Sa légitimité n’a rien à envier aux plus grandes ; elle sera notamment utilisée par Eric Tabarly et l’équipe du commandant Cousteau. Difficile de faire plus exigeant.
MAT (Mer Air Terre): (entrée de gamme: la “Time ops Légion Etrangere”:450€)
L’aventure MER-AIR-TERRE a débuté en 2005 avec la commande spéciale d’une montre pour les policiers membres du RAID. Parfaitement adaptée aux besoins de ces professionnels, cette montre, de conception originale, a totalement répondu aux exigences de ces hommes issus des forces spéciales françaises. MATWATCHES fonde ainsi sa légitimité à travers l’action des différentes unités militaires déployées sur les multiples théâtres d’intervention des corps de l’Armée. MATWATCHES est l’une des rares et dernières maisons horlogères françaises indépendante qui s’appuie sur des valeurs familiales solidement ancrées dans son fonctionnement au quotidien. La maison MER-AIR-TERRE s’inscrit pleinement dans la tradition horlogère française depuis son commencement.
Tudor “Black Bay Heritage”: version civile des Tudor “Prince Crown Submariner” (prix neuf à partir de 2400€).
Tudor est une marque lancée par Hans Wilsdorf le créateur de Rolex qui souhaitait une marque de haute performance mais avec des prix plus abordable. Pas de meilleure preuve de qualité pour des outils destinés aux professionnels que leur adoption par des organisations dont les activités principales poussent régulièrement leur utilisation à leurs limites. Plébiscitées tout au long de leur histoire par la Marine nationale française (MN), l’US Navy (USN) et d’autres corps militaires importants à travers le monde qui en équipent leur personnel d’élite, les TUDOR Submariner étendent ainsi leur réputation de qualité et de robustesse.
La ZRC “Grands Fonds” (prix neuf: à Partir de 2 390€):
Au début des années 1960, Louis Brunet ( Gendre de Edmond Zuccolo, l’un des deux fondateurs de la marque Zuccolo Rochet et Cie – ZRC) décide de créer une montre de plongée abordable et performante en collaboration avec les plongeurs professionnels du lac d’Annecy où la marque était basée.
A cette époque, la Blancpain Fifty Fathoms (lancée juste avant la Submariner de Rolex) avait déjà les faveurs de la Marine Nationale française. Mais grâce à des relations avec des horlogers basés Toulon, Louis Brunet et son directeur commercial réussirent à faire référencer la Grand Fond auprès du ministère de la défense.
Ce dernier exigea deux modifications majeures qui seront apportées au modèle d’origine. La couronne à vissée inversée fut déplacée de 3h à 6h pour éviter d’être trop vulnérable aux faux mouvements et le boitier a été usiné dans un alliage monobloc renforcé au magnésium qui rendait la montre parfaitement anti-magnétique. Condition sine qua non pour une utilisation par les démineurs de la Marine Nationale. Enfin, à ces deux modifications s’ajoutent un système de blocage par le bracelet qui empêche la montre d’être portée si la couronne n’était pas correctement vissée. Ce même bracelet, était quant à lui équipé de deux maillons extensibles lui permettant de s’ajuster parfaitement au dessus de la combinaison de plongée.
En répondant parfaitement aux contraintes en milieu aquatique extrême, la ZRC Grand Fond fut naturellement et rapidement adoptée par tous les professionnels de la plongée française. Des pompiers de Paris à l’équipage du Calypso du commandant Cousteau, en passant par l’équipe de France de ski nautique jusqu’à la Marine Nationale Française. Pour cette dernière on peut citer l’école de plongée et le 3ème groupe de plongeurs démineurs de Toulon mais aussi et surtout le très fameux commando Hubert.
La Panerai “RADIOMIR” et “LUMINOR” (prix neuf à partir de 4200€):
La situation politique et militaire de la deuxième moitié des années 30 a jadis contraint la marine italienne à commander à Panerai des montres capables d’aller sous l’eau. En effet, la marque fournissait déjà à l’époque différents accessoires nautiques à l’armée : instruments de mesure, signaux, jauges de pression, etc. Pour ajouter de l’horlogerie à toute épreuve à son portfolio, Panerai a alors fait appel à la maison Rolex, détentrice de nombreux records de chronométrie et fière de la robustesse de ses montres. De ce contrat est née une histoire aussi passionnante que mystérieuse, qui aura même fait de Panerai un détaillant de Rolex en Italie pendant des années.
La Rolex “SUBMARINER” sans date (prix neuf: 6850€):
Au début des années 1950, Rolex décide de travailler sur des montres répondant aux exigences professionnelles et techniques les plus complexes (ces innovations profiteront notamment à la marque Tudor citée plus haut). 70 ans après la Submariner demeure l’une des plus sures valeurs horlogères et un garde-temps mythique que beaucoup rêvent de posséder ou de collectionner.
On la distingue de sa cousine militaire: la “MILSUB” car les indicateurs de son cadran ne possède pas de Tritium (indiqué par un “T” sur les cadrans des montres militaire) et ses anses ne sont pas soudées.
C’est LA montre d’aventuriers et de baroudeurs à travers le monde depuis sa sortie. Avec son boitier “Oyster” (huître) elle est une référence en matière de design. Sa popularité chez les professionnels fut connue du grand public grâce au cinéma par le fameux “James Bond contre Dr No”. Sean Connery la porte (pour l’anecdote c’est celle du réalisateur: Terence Young) car c’etait un modèle très populaire des officiers du SBS (Special Boat Services) Britannique parmi la myriade de groupe militaire qu’elle équipe parfois même encore maintenant. Les connaisseurs et collectionneurs ne considère que la Submariner modèle sans date, la loupe “Cyclope” apposée au verre saphire pour mieux lire la date “casse” l’harmonie de la montre.
La Blancpain “Fifty Phatoms” (à partir de 10630€):
C’est la “Rolls” des montres d’aventuriers et d’explorateurs: La Fifty Fathoms est née de la rencontre entre Blancpain et deux personnalités d’exception. En 1952, le capitaine Robert «Bob» Maloubier et l’enseigne de vaisseau Claude Riffaud sont chargés par le Ministère français de la Défense de créer une unité d’élite baptisée « Nageurs de Combat ».
Ne trouvant aucune montre capable d’affronter les conditions extrêmes des missions subaquatiques, les deux officiers se tournent vers Blancpain avec un cahier des charges très précis, telle la révolutionnaire lunette unidirectionnelle. Forts de leur savoir-faire et de leur esprit visionnaire, les horlogers et ingénieurs de la manufacture conçoivent un chef-d’œuvre mécanique qui s’imposera comme l’archétype de la montre de plongée. Le modèle original est lancé en 1953.
Son étanchéité est garantie jusqu’à 50 brasses anglaises (91,45 m), d’où son nom. La Fifty Fathoms se forge rapidement une réputation de fiabilité et de robustesse auprès des forces spéciales de plusieurs pays. Elle est adoptée par de nombreux spécialistes de l’exploration océanographique, notamment le fameux GERS (« Groupe d’Etudes et de Recherches Sous-marines »). Elle accompagne également l’équipe du Commandant Cousteau et de Louis Malle durant le tournage du « Monde du Silence ». En 1997, Blancpain porte l’étanchéité de la Fifty Fathoms à 300 m de profondeur.
Noël Prunier