Expo : Thierry Lefort et ses paysages américains

Expo : Thierry Lefort et ses paysages américains

Paris Vox – PARTAGEANT SON TEMPS ENTRE SAINT-OUEN ET LOS ANGELES, THIERRY LEFORT EXPOSE DES ŒUVRES RÉCENTES DANS LE MARAIS, CHEZ YOYO MAEGHT.

Trois sortes d’œuvres sont présentées, toutes américaines par le sujet. Des dessins à l’encre bleue où l’artiste se souvient de la calligraphie chinoise apprise lors de son séjour au temple Shaolin – il y résida pour perfectionner son kung-fu (1997-2000). De petites pochades réalisées cet été dans le Grand Canyon et qui constituent une série intitulée « Hualapai », peuple indien qui y vivait. Et de grandes toiles caractéristiques de sa manière actuelle, ces rues hollywoodiennes où le soleil marque, sur un sol jaune pâle, des ombres bleues, où les palmiers s’envolent dans les fils électriques, où nulle présence humaine ne se montre – à moins de considérer que les voitures en sont la manifestation.

A Los Angeles (il a un atelier dans le quartier de Studio City), l’artiste remplit ses carnets de croquis. La moisson faite, il rentre travailler à Saint-Ouen où il pense les compositions qu’il en tirera. La maturation peut prendre des semaines, voire des mois. Une fois qu’elle est fixée, l’artiste se lance dans cette peinture qui abolit les détails – d’où un aspect « simple » auquel on aurait tort de la réduire, les compositions sont complexes – et où les masses colorées font merveille. Elles aussi ont l’air simple. Mais en prenant le temps de les regarder, que de nuances ! Lefort joue du chaud et du froid, de l’acide et du doux.

Les plus grandes toiles sont en fait composées de six plus petites formant panneau. L’artiste nous explique de vive voix cette façon de procéder : « Dans mes toiles, rien n’est strictement horizontal ou vertical, ne suit les bords du tableau. Le découpage en plusieurs toiles donne, l’air de rien, ces références qui permettent à l’œil de mieux jauger les obliques. » Dans ce discret repère orthonormé se déploient les lignes où s’affirme le geste du peintre.

Thierry Lefort est très suivi sur les réseaux sociaux. Mais toutes les photos du monde sur un smartphone ne valent pas le face-à-face avec les toiles. D’où l’intérêt d’aller 43 rue de Montmorency, Paris IIIe. L’exposition dure jusqu’au 20 novembre 2022.

Samuel

(légende) Thierry Lefort, The Salamander, 2022. Huile sur toile, 240 x 160 cm.