Transport : des idées pour remodeler le réseau routier en Île-de-France

Transport : des idées pour remodeler le réseau routier en Île-de-France

Paris Vox – Île-de-France Mobilités (IDFM) – l’autorité organisatrice des transports en région parisienne – reprend la main sur de nombreux dossiers, et pas seulement sur les transports en commun. Mi-septembre, IDFM a mis sur la table des propositions quant au réseau routier et autoroutier.

Il n’y a pas que le RER ou les bus à l’agenda d’Île-de-France Mobilités (IDFM). Dirigée par la présidente de la région Valérie Pécresse, IDFM vient de passer à l’offensive sur tous les fronts, annonçant en mi-septembre un plan quinquennal transversal. Au programme : une simplification tarifaire pour encourager les Franciliens à utiliser les transports en commun, des efforts substantiels en termes de sécurité et renforcement de l’offre de transport avec 500 bus et 20 000 vélos électriques supplémentaires. Ça, c’est pour le volet transports en commun. Mais l’IDFM a aussi des idées pour le réseau routier, afin de l’adapter aux mobilités de demain.

Vers un transfert de compétences logique

Pouvoirs publics et grandes entreprises privées le savent, surtout en Île-de-France où les chantiers du Grand Paris avancent à grands pas : il va falloir réinventer la mobilité urbaine. Les grandes manœuvres ont déjà commencé et Île-de-France Mobilités vient de lancer des pistes de réflexion qui impacteront ces centaines de milliers de Français qui transitent chaque jour sur les réseaux de transport franciliens. Même si la tendance est à la baisse en termes de trafic routier sur le réseau régional ces dernières années (-5 % entre de 2010 à 2018), le réseau est au bord de l’asphyxie et a nettement besoin de reprendre son souffle. Les nouvelles propositions l’y aideront certainement.

Le 14 septembre dernier donc, le conseil d’administration d’IDFM a publié un rapport suggérant à sa présidente – l’actuelle présidente de la région Valérie Pécresse – de demander à l’État un transfert de compétences vers IDFM au sujet des autoroutes non concédées, des routes nationales et du boulevard périphérique parisien. « Le transfert de la compétence routière de l’État en Ile de France à Ile-de-France Mobilités apparaît naturel au regard des compétences de l’autorité organisatrice des mobilités, notamment sa capacité à organiser l’intermodalité à l’échelle régionale et à porter les synergies entre le réseau routier et les transports en commun et les mobilités partagées », souligne le rapport d’IDFM, dans le sillage du projet de loi 3DS, actuellement discuté au Parlement et qui prévoit le transfert du réseau routier national aux régions. En région parisienne, le projet concerne ainsi 605 km d’autoroutes, 487 km de nationale et les 35 km du périphérique parisien. L’idée est d’apporter de la cohérence et de la complémentarité au réseau, et ce à plusieurs niveaux.

L’incontournable intermodalité

La mobilité de demain – axée autour des modes de transport propre fonctionnant à l’électricité, de l’autopartage et des gares multimodales – est un enjeu crucial pour la région francilienne. Les besoins sont colossaux et la cohérence entre le réseau routier et le réseau des transports en commun sera essentielle à court terme. Des exemples sont déjà sortis de terre, comme la gare multimodale de Longvilliers dans les Yvelines qui a été mise en service en décembre 2020. Son objectif est de permettre aux utilisateurs de passer de la voiture au réseau ferré en un seul endroit, et de favoriser le « mix » des transports, entre automobiles, bus et trains. A Longvilliers, un parking accueille désormais 250 voitures, les habitants des environs pouvant ainsi se connecter directement au réseau des transports en commun (avec les gares RER d’Orsay-Ville et de Massy-Palaiseau), ce qui permet de réduire à la fois la congestion des routes et la pollution atmosphérique. « Notre objectif ici est de favoriser les échanges multimodaux, avance Christophe Hug, directeur général adjoint maîtrise d’ouvrage chez Vinci Autoroutes, et de proposer de nouvelles solutions pour lutter contre l’autosolisme et de faciliter l’accès des grandes couronnes aux hyper centres et aux services qui y sont associés. » Ce type de gares multimodales va se généraliser en France, la région parisienne en a grand besoin.

Réaménagement des grands axes

Autre piste intéressante dans le projet d’Île-de-France Mobilités : les travaux de réaménagement des grands axes routiers avec, par exemple, la multiplication des bornes de recharge électriques à haut débit et surtout la mise à disposition d’une file dédiée aux lignes express d’autobus, comme cela est déjà planifié dans d’autres régions tel qu’en Midi-Pyrénées et en Provence-Alpes-Côte d’Azur. En PACA par exemple, les entreprises concessionnaires d’autoroutes Colas, Eiffage et Eurovia vont consacrer des voies aux transports collectifs sur les autoroutes A5 et A51 ; dans la région toulousaine, Vinci Autoroutes a trouvé un accord avec la présidente de région Carole Delga pour un projet similaire sur les autoroutes A68 et A64. « L’État a donné son feu vert », a assuré la présidente de région qui souhaite, comme Valérie Pécresse en région parisienne, donner de la cohérence au réseau en réunissant les compétences sous une même ombrelle.

Reste le cas particulier du boulevard périphérique, aujourd’hui sous la responsabilité de la mairie de Paris. Anne Hidalgo souhaite en changer la fonction, Pécresse voudrait organiser un référendum sur le sujet. « Par cohérence avec les caractéristiques du boulevard périphérique et à son intérêt régional, le transfert de la compétence devrait pouvoir s’étendre également à cette infrastructure dont la cohérence avec le réseau de l’État ne fait pas débat », souligne IDFM dans son rapport.

Derrière ces grands travaux d’aménagement se cache aussi la gestion des réseaux, que pourraient se partager la région et les départements concernés. Cette gestion en temps réel des flux de transports sera aussi l’une des clés de la réussite du projet dans le futur, tout comme l’amélioration de la sécurité routière.

Des investissements à long terme

Évidemment, de tels projets nécessitent des investissements financiers lourds. C’est pourquoi le rapport d’Île-de-France Mobilités a notamment souligné la nécessité de réclamer à l’État « la garantie de disposer de ressources suffisantes » pour que ce transfert de compétences se passe au mieux. Car toutes ces grandes manœuvres auront un coût, que l’État français déficitaire ne pourra pas assurer et que la région ne pourra probablement pas couvrir par elle-même. Les pouvoirs publics sont conscients de leurs limites et de l’urgence : ces nouveaux aménagements ne seront pas un luxe dans les décennies à venir, mais une obligation. A eux désormais de trouver les moyens de leurs ambitions et les partenaires pour transformer les projets en réalités.