Paris Vox – La circulation dans Paris est un sujet qui ne laisse jamais indifférent. Très concernée par ce sujet, Anne Hidalgo a beaucoup insisté sur cette problématique lors de la dernière campagne des municipales. Désormais forte d’un second mandat, elle compte bien continuer à développer les mobilités douces, ce qui ne va pas sans poser quelques problèmes de cohabitation avec les véhicules à moteur thermique. Il est alors nécessaire de repenser l’urbanisme et d’imaginer de nouvelles solutions.
Paris, championne de France des mobilités douces
Depuis son élection à la mairie de Paris en 2014, Anne Hidalgo ne s’en est jamais cachée : la mobilité a toujours été l’un de ses chevaux de bataille, et plus précisément la mobilité douce. D’ailleurs, dans son plan Climat Air Energie territoriale adopté en mars 2018 par le Conseil de Paris, la municipalité se fixait déjà l’objectif d’encourager « une mobilité propre, partagée et apaisée », prévoyant alors une ville 100% cyclable pour 2020 et la possibilité pour tous les Parisiens de disposer de transports en commun décarbonés d’ici 2025. Certaines de ses initiatives, comme la piétonnisation des voies sur berges ou le développement de pistes cyclables au détriment des voies de circulation pour les voitures, ont certes fortement déplu aux automobilistes, mais les résultats plaident en sa faveur : ainsi, en 2018, une étude plaçait la capitale française au troisième rang des villes les plus performantes en matière de mobilité durable, juste derrière Hong Kong et Zurich, et donc première ville française de ce classement. L’étude saluait notamment le fait que les Parisiens bénéficiaient d’« une offre de mobilité accessible et globalement efficace et durable, du moins en comparaison avec les autres grandes villes mondiales ».
Forte de ses bons résultats, il était donc logique que la maire de Paris continue sur sa lancée, au point de faire de la mobilité « Le sujet numéro 1 » de sa campagne lors des dernières élections municipales. Réélue le 28 juin 2020, Anne Hidalgo a déclaré que son second mandat serait celui du vélo. David Belliard, son adjoint aux transports n’a d’ailleurs pas fait mystère de son intention de « reconquérir des espaces dédiés à la voiture ». Pour cela, la municipalité compte bien pérenniser les « coronapistes », ces fameuses pistes cyclables apparues lors du déconfinement de mai 2020, et notamment celle de la rue de Rivoli où seuls les taxis, les bus et les véhicules de secours sont désormais autorisés à circuler. Et bien entendu, de nouvelles pistes cyclables devraient voir le jour dans les mois et les années à venir.
Une mobilité encore perfectible
Pourtant, tout n’est pas parfait dans les rues de plus en plus vertes de Paris. Premier gros point noir : les embouteillages. Si la circulation automobile n’a cessé de diminuer dans la capitale depuis l’arrivée d’Anne Hidalgo à la mairie, et notamment en 2019 avec une baisse de 8,1%, les bouchons n’ont pas disparu pour autant. Pire, les automobilistes parisiens perdent de plus en plus de temps coincés au volant de leur véhicule. Selon l’étude TomTom Traffic Index, les conducteurs ont perdu 163 heures dans les embouteillages en 2019, soit 13 heures de plus qu’en 2018, faisant de Paris la ville la plus congestionnée de France. En cause, entre autres, les nombreux chantiers entrepris un peu partout dans les rues de la capitale, mais aussi la suppression de kilomètres de voiries au profit du tramway, des couloirs de bus ou des pistes cyclables. L’autre gros problème de la circulation à Paris concerne la cohabitation entre les voitures, les cyclistes, les utilisateurs de trottinettes et les piétons. Car si les accidents de la route ont fait moins de morts dans les rues de la capitale en 2019 par rapport à 2018, les usagers dits vulnérables que sont les piétons et les cyclistes représentaient jusqu’à huit blessés sur dix.
Consciente de ces problèmes, la municipalité cherche bien évidemment à les résoudre. Pour cela, Anne Hidalgo n’a jamais caché son intention de voir le nombre de voitures dans Paris diminuer. « Ce qu’il faut c’est que toutes celles et ceux qui peuvent se passer d’un véhicule personnel puissent s’en passer en ayant des alternatives”, explique-t-elle. Parmi les solutions envisagées, rendre par exemple le centre de Paris totalement piéton, en mettant en place des navettes électriques autonomes pour relier les quatre arrondissements centraux. Toujours dans cette optique de limiter les déplacements en voiture, la maire de Paris promeut activement le concept de « ville du quart d’heure » co-créé par l’universitaire Carlos Moreno. L’idée : faire en sorte que les Parisiens aient tout ce qu’il leur faut – alimentation, culture, travail, éducation, loisirs, soins – à moins de cinq minutes en vélo ou à quinze minutes maximum à pied de chez eux. Loin d’être utopique, ce concept trouve déjà des applications très concrètes à Ottawa au Canada, à Melbourne en Australie, mais aussi à Nantes, Saint-Denis ou Pantin.
Cette idée de ville du quart d’heure a également séduit Copenhague qui, depuis de nombreuses années déjà, est devenue la capitale mondiale de la mobilité douce, notamment grâce au développement d’infrastructures dédiées, tels que d’immenses parkings à vélo installés dans toute la ville ou encore des pistes cyclables tellement bien pensées qu’il est plus rapide de traverser la capitale danoise à bicyclette qu’en voiture. Cette fluidité dans la circulation des deux-roues dans les rues de Copenhague passe notamment par une signalisation pensée pour eux, et non plus exclusivement pour les automobiles : ainsi, certains feux sont programmés pour qu’aux intersections, les vélos puissent démarrer avant les voitures et, sur certains axes, ils sont synchronisés de façon à ce qu’un cycliste puisse rouler plusieurs kilomètres sans poser une seule fois pied à terre. Par ailleurs, afin de réaliser des économies mais également d’assurer la sécurité des cyclistes et des piétons, la capitale danoise a remplacé la moitié du parc d’éclairage public de la ville par des luminaires LED, augmentant par-là même l’intensité de l’éclairage et donc la visibilité des usagers les plus vulnérables. Une situation qui inspire la maire de Paris laquelle a tweeté : « Le vélo à Copenhague, un modèle pour Paris », le 23 décembre 2019. Entre les deux capitales européennes, un écart existe qu’une même philosophie tend à réduire rapidement.