Paris Vox (Tribune)- Pierre Pillerault s’interroge et interpelle suite aux évènements récents: êtes-vous Charlie ?
Êtes-vous Charlie ?
C’est, en ces temps de procès autour des attentats de Charlie Hebdo, LA question, surtout après l’odieuse décapitation de Samuel Paty.
Personnellement, j’estime que la liberté d’expression est un de nos droits les plus fondamentaux ; de plus, même si le message véhiculé par cet hebdomadaire a toujours été par bien des aspects à l’opposé de mes valeurs, c’est une forme d’humour que j’ai toujours beaucoup aimé depuis l’époque d’Hara-Kiri.
Maintenant, le problème est que l’essentiel des gens qui défendent Charlie n’appliquent la liberté d’expression qu’à eux-mêmes. Comme l’a si bien dit Jean-Yves Le Gallou il y a quelques jours, si on est Charlie, on doit aussi être Zemmour.
Soit on défend la liberté d’expression soit on est pour le discours unique mais on ne peut pas se targuer de défendre le droit de l’un et vouloir ostraciser l’autre. Et cela vaut également pour notre camp bien évidemment…
Le problème n’est pas que Frédéric Fromet puisse insulter les catholiques sur l’antenne de France Inter, le problème est qu’il puisse le faire sous couvert d’humour et que Dieudonné ne puisse en faire autant sur les juifs. Le problème n’est pas que sur la même antenne, Daniel Morin puisse faire une chronique sexiste sur Charlotte d’Ornellas, le problème est qu’il puisse le faire et que dans le même temps Tex soit viré pour en avoir fait autant à la différence notable qu’il ne s’attaquait pas à une affreuse mal pensante. Et si l’on dépasse le strict domaine de l’humour, le problème n’est pas que BHL puisse énoncer ses inepties sur le service Public, le problème est qu’il puisse le faire et que Zemmour ne le puisse pas. Le problème n’est pas qu’Alice Coffin puisse déverser sa haine en toute impunité, le problème est qu’elle puisse le faire tandis que l’on met Alain Soral aux arrêts.
Alors oui j’aime l’humour noir, oui, je suis Charlie mais je ne suis pas « je suis Charlie ».