Amazon: le règne du faux?

Amazon: le règne du faux?

Paris Vox – En complément de l’émission de “Radio Paris Vox”, diffusée sur Méridien Zéro, consacrée à la multinationale américaine, découvrez dans cet article de nouvelles facettes peu reluisantes de ce géant du e-commerce.

“Plus c’est gros plus ça passe”? Pas forcement. Allez dire à un consommateur lambda qu’un tiers de la marchandise vendue à travers le colosse du commerce en ligne Amazon est contrefaite et il vous rira au nez. C’est pourtant une réalité, si évidente, qu’elle a contraint l’agence gouvernementale du commerce américain à insérer, ce dernier 29 avril 2020, Amazon dans la liste des “marchés notoires” de produits contrefaits. Premiers à être pointés du doigt : les domaines UK, Canada, Inde, Allemagne et…France.

Si le milliardaire et Président du site Jeff Bezos a dénoncé une décision politique, tant l’animosité de Donald Trump envers sa société est manifeste, il n’est pas sûr que cette ligne de défense suffise à limiter les pertes de prestige d’Amazon. 


En effet, depuis plusieurs années, la liste des plaintes de la part de ses fournisseurs ne cesse de s’allonger et certaines grandes firmes désertent la plateforme. En novembre 2019, c’était au tour de Nike, le N. 1 mondial de la vente de chaussures de sport, de la boycotter. Birkenstock, Lacoste, Adidas, Levi’s, etc ont multiplié les signalements – jusqu’à plusieurs milliers par ans -,  mettant en lumière l’absence de contrôle et l’inefficacité des mesures prises. Et malgré le système anti-contrefaçon mis en place, à ce jour, Amazon n’est pas en mesure de fournir de garantie d’authenticité à ses clients. Logique, pour une entreprise qui a fait de la copie des produits qui marchent son fonds de commerce (AmazonBasics n’est pas autre chose).

Offrir à sa petite femme le sac Louis-Vuitton rêvé depuis tant d’années à 30 euros, ce n’est pas si grave vous me direz. Mais l’essence de la contrefaçon étant de copier des produits – fabriqués selon des critères de qualité et conformément à des normes de protection des consommateurs – à bas prix, donc avec des matières premières peu coûteuses et de mauvaise qualité, on va du potentiellement néfaste pour la santé au carrément dangereux, comme dans les cas de produits pharmaceutiques, cosmétiques et hi-tech. Car ce fléau de la contrefaçon touche absolument toutes les catégories d’articles proposés. 

Absence de principe actif dans le médicament censé vous guérir, antigel dans les sirops pour la toux, déguisements hautement inflammables, urine animale dans les parfums, jouets pourris de phtalates et bisphénol A, plaquettes de freins contenant de la sciure de bois, tout y est. Un test de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) est clair à ce sujet : sur plus de 160 objets commandés aux commerçants indépendants de Wish et Amazon, deux tiers ne respectaient pas les normes européennes. Quant à la part de produits avariés ou périmés, elle s’élèverait à 40% des ventes, selon une enquête de 2019 du média américain CNBC.


Or, avec la crise induite par la pandémie de Coronavirus, cette perte de prestige est largement compensée par les gains économiques : grâce aux achats des confinés, Amazon confirme sa suprématie. Certaines firmes sont même revenues sur leur décision, tel Birkenstock, la marque de chaussures allemandes aussi laides que confortables, qui a de nouveau autorisé la vente sur le site américain, sous certaines conditions. Si la pandémie de Covid-19 est née d’un excès de mondialisation, il est bien regrettable de noter que les gagnants de la crise ne sont autres que les promoteurs de l’économie mondialisée. 

Alors, si l’argument de financer une société à l’avant-garde de la mondialisation, aux conditions de travail déplorables pour ses employés et aux liens obscurs avec les agences d’intelligence américaines ne vous a pas convaincu à vous en passer ; si vous ne savez que faire de l’argument écologique et qu’acheter à la multinationale qui tue nos libraires et nos vendeurs nationaux ne vous pose pas problème, pensez à votre santé et celle des vôtres. Il n’est jamais trop tard pour changer ses habitudes…

 Audrey