Paris Vox (Tribunes) – A l’approche des vacances estivales, la tribune qui suit dénote dans la frénésie des départs !
Restez chez vous !
La chaleur monte, les congés payés approchent, les laborieux comptent les jours avant de pouvoir déplacer leurs chairs tristes et grises au soleil. Certains, les plus fortunés, les plus à la page, les plus sots, iront à l’étranger engraisser des systèmes de malheur qui ont besoin du tourisme pour survivre. D’autres, avec moins d’imagination, iront à la plage où ils s’emmerderont ferme en grattant le sable qui s’introduit dans le moindre des interstices, laisseront de grasses nappes d’huile dans l’eau autour d’eau et s’entasseront au milieu de leurs congénères dans un spectacle rappelant celui des éléphants de mer en un peu plus con.
Il faut se faire du bien ! « Faire » tel ou tel pays, comme ils disent dans leur novlangue imbécile. Tout oublier pour être encore plus triste en rentrant dans leur morne chez-eux au troisième étage d’une tour cernée par des voisins hostiles ou indifférents. Il faut alimenter le facebook et l’instagram pour faire croire au monde qu’on est heureux, montrer aux « amis » qu’on a une vie mieux que la leur, faire tourner la machine à vanité et chauffer la carte bleue parce que, hein, on n’a qu’une vie alors autant « profiter » même si ça veut dire s’avilir.
Les congés payés sont un des facteurs de la destruction sociale les plus efficaces mis en place par l’Etat. Quand vous devez rester chez vous et que vous ne pouvez pas être appâté par les sirènes de l’hyper consommation vous vous occupez de votre environnement. Vous créez du lien. Vous faites le bricolage nécessaire à l’entretien de votre lieu d’habitation, vous vous mettez à jour de la paperasse, vous découvrez les alentours, vous discutez avec les voisins les plus proches de vous et vous pouvez retourner au boulot rasséréné. Bref, vous vous libérez de l’espace pour réfléchir et ça, ce n’est pas bon pour le commerce et la croissance parce que ça ne coute rien de réfléchir.
Les vacances, dans leur acception moderne ne sont rien d’autre qu’un pas de plus vers l’abîme, vers l’oubli et donc vers la dépression.
Occupez-vous de vos parents, de vos enfants, arrêtez de claquer stupidement en deux semaines ce que vous avez mis un an à économiser. Cultivez votre jardin, allez fleurir le cimetière familial, bref faites ce que vous n’avez pas le temps de faire d’habitude.
Soyez humain. Vous êtes le produit de centaines de milliers d’années d’évolution qui n’ont pas pour but de vous voir transpirer comme des porcs dans votre voiture pourrie dans les embouteillages de l’A7. Soyez enracinés.
Si vous vivez à un endroit c’est qu’il vous plait. Si vous y êtes malheureux il est temps de vous poser des questions.
Et oui, je vais emmener mes moutards à la mer et à la montagne cet été comme le roi des ploucs, mais ça ne m’empêche pas d’avoir raison.
Woland