Paris Vox – C’est dans les histoires générales de la Gaule qu’il faut chercher les détails sur les mœurs et les coutumes des Parisii, applicables à toutes les grandes races kimri-gaëliques aussi bien qu’à la peuplade assez obscure dont Lutèce était la principale bourgade.
Croyance et mort chez les Parisii
Les Parisii méprisaient la vie, ou du moins ils bravaient la mort avec une folle témérité. A la mort d’un guerrier ou d’un grand on égorgeait sur son tombeau ou l’on jetait dans les flammes qui dévoraient ses restes un cheval de guerre, des esclaves, sa femme elle-même. Quelquefois ces sacrifices étaient volontaires.
La religion des Parisii était évidemment celle des Kimris-Gaëls qui peuplaient la Gaule centrale et la Gaule armoricaine. César et les Romains qui combattirent sous ses ordres crurent reconnaître, parmi les divinités de la Gaule, la plupart des dieux de l’Olympe grec et latin ; or, en dépit de cette croyance du guerrier qui conquit la Gaule, il est aujourd’hui bien avéré que les dieux adorés par nos ancêtres n’avaient aucune similitude avec ceux de l’Olympe homérique ; on en leur attribuait ni les passions ni la forme de l’homme ; on ne les associait point aux querelles des rois et de chefs et on avait une idée assez élevée de leur nature pour ne leur attribuer aucune des aventures étranges que les Grecs et les Romains prêtaient si complaisamment à leurs dieux suprêmes. Les divinités de la Gaule, en rapport avec les mœurs farouches et sauvages de leurs sectateurs, se plaisaient au sang et au carnage ; elles étaient insatiables de larmes et d’hécatombes humaines, mais elles n’empruntaient ni le corps mortels ni celui des animaux pour satisfaire leurs amours et dégrader leur essence.
Les druides, comme les prêtres païens de l’Inde et de l’Egypte, enseignaient l’éternité de l’esprit et de la matière; ils croyaient à la transmigration des âmes, à un Olympe Walhalla moitié mystique, moitié sensuel, où les guerriers retrouvaient leurs armes, leurs chars, leurs chevaux, se livraient de joyeux combats, et buvaient un céleste hydromel dans le crâne de leurs ennemis. Les druides étudiaient avec soin le cours des astres et les phénomènes de la nature; habiles dans l’art de connaître les plantes médicinales, ils guérissaient les malades et acquéraient sur l’imagination des peuples une puissance très-étendue; ils avaient la prétention de ne rien ignorer de ce qui concernait l’ordre des choses, la magie, l’essence des dieux et de l’âme, et les forces qui prêtent une sorte de vie à la matière. Le chêne était l’arbre sacré du druidisme; tous les ans, et probablement le premier jour de l’année, qui correspondait, dit-on, au sixième de la lune de mars, les druides et le peuple se rendaient dans les forêts, et coupaient avec une faucille d’or un rameau de gui que des prêtresses recueillaient religieusement dans un drap, avant qu’il fût tombé à terre.
Leurs armes défensives étaient le casque, le bouclier et, plus tard, des cottes de mailles; leurs armes offensives, le gais , sorte de pieu durci aux flammes, le matras , la lance, le sabre de cuivre, et une sorte de faux au fer large et recourbé en croissant, et dont l’emploi était terrible. Tantôt ils ornaient leurs casques de cimiers et de panaches, et tantôt ils les surmontaient de cornes d’élan ou de buffle. Sur leurs boucliers on peignait des figures bizarres, quelquefois d’un aspect horrible, et c’était là le blason de nos barbares ancêtres. Les maisons étaient rondes, peu spacieuses, meublées avec simplicité. Chaque guerrier suspendait à la porte ou rangeait dans des coffres les têtes et les crânes desséchés des ennemis qu’il avait tués ou qui étaient morts sous les coups de ses ancêtres.
Amédée Gabourd