Histoire de Paris : Jacques Cœur rue des Archives

Histoire de Paris : Jacques Cœur rue des Archives

Paris Vox – Redécouvrez les grands monuments de Paris, ses rues,  ainsi que l’Histoire, petite ou grande, de la capitale.


Jacques Cœur.

 

Le n°40 de la rue des Archives.

Le numéro 40 de la rue des Archives est actuellement occupé par une école communale. C’est lors d’un ravalement que l’on découvrit, sous l’enduit qui la recouvrait complètement,  un ensemble de brique rouge, brique noire en losanges, traces de moulures et de fenêtres à meneaux. Cela a permis de déterminer que la fondation de cet établissement remonte au 15ème siècle et même d’en trouver, très approximativement, le propriétaire : Jacques Cœur, son fils ou une descendante de Jacques Cœur. Quoiqu’il en soit, cela en fait l’une des plus anciennes maisons de Paris.

Un destin hors du commun.

Pour rappel, Jacques Cœur est né à Bourges, vers 1395-1400. Il y passa son enfance et sa jeunesse. Trois ans après la défaite française à Azincourt, face aux Anglais, le dauphin et futur roi Charles VII se replie sur Bourges. C’est alors qu’on le nomma, non sans dérision, le « petit roi de Bourges ». Entré très jeune dans le domaine des affaires, Jacques Cœur, quant à lui, gérait alors un des douze changes de la ville de Bourges. Après avoir été inquiété pour « falsification » dans une affaire de titres de monnaies frappées, il s’en tire assez bien, Charles VII allant jusqu’à signer pour lui une lettre de rémission. Jacques Cœur, échappa, parfois de peu, à des destins aussi funestes que le cachot ou la vie de galérien, mais il sut chaque fois relancer ses affaires. Marchand, il était également banquier, armateur, industriel, maître de mines dans le Forez. En 1439, il devient le maître de monnaie et l’argentier du roi Charles VII. Il est anobli en 1441. Il acquiert également de nombreuses propriétés, châteaux, maisons (la maison parisienne de la « rue des Archives » ne serait donc que l’une d’elles), alors que le roi et la noblesse de France contractent, envers lui, de nombreuses dettes. Rien d’étonnant, dès lors, à ce qu’il fut arrêté et emprisonné, le 31 juillet 1451. Faut-il préciser qu’il s’était fait nombre d’ennemis ? Ne dit-on pas que c’est par l’argent qu’il prêta au roi et à sa cour, que Charles VII put bouter l’Anglais hors de France ? Torturé et soumis à la question, Jacques Cœur est condamné à mort le 23 mai 1453. Il finira toutefois par s’évader de la prison de Poitiers, ralliera Rome et le pape Calixte III. Là, il affrètera une flotte pour aller combattre le Turc. Il décèdera, sans doute lors d’un combat naval, le 25 novembre 1456, dans les environs de l’île de Chio. Son corps sera enterré au couvent des Cordeliers, mais ses restes seront ensuite dispersés dans des conditions mystérieuses, tremblement de terre ou pillage, on ne sait.

 

Un mot sur la rue des Archives.

La rue des Archives proprement dite

 

La rue des Archives, qui s’étend sur 900 m, du n°50 rue de Rivoli au n°51 rue de Bretagne, doit son nom au fait qu’elle longe le mur des Archives nationales. Ce nom recouvre définitivement, dès 1874, les nombreux noms que cette rue a portés depuis le 13e siècle dans ses sept sections différentes, eux-mêmes répartis en deux tronçons. On y trouve un grand nombre de remarquables hôtels datant des 17e et 18e siècles.

 

Les Archives nationales.

 

Les Archives nationales conservent les archives des organes centraux de l’Etat antérieures à 1958 (à l’exception des archives de la Défense et des Affaires étrangères qui, depuis le 18e siècle, possèdent leurs propres services d’archives), le Minutier central des notaires parisiens et des documents d’origine privée. Les Archives nationales dépendent du ministère de la Culture depuis la création de ce dernier en 1959. Le site parisien des Archives nationales (auquel il faut ajouter celui de Fontainebleau et le futur site de Pierrefitte-sur-Seine) se situait à l’origine, en 1808, dans l’hôtel de Soubise, avant de s’étendre progressivement aux hôtels particuliers contigus, au premier rang desquels, en 1927, l’hôtel de Rohan, dans le quartier du Marais. Des expositions sur les thèmes les plus divers sont régulièrement organisées dans les locaux des Archives nationales, en outre, l’édifice à lui seul vaut le détour. A visiter donc. Un sujet d’inquiétude toutefois : faute de personnel, l’adaptation des archives aux nouvelles technologies semble ne pouvoir se réaliser dans les délais impartis et l’on risque donc bien de perdre une partie desdites archives le jour où de nouvelles technologies ne permettront plus la lecture des supports anciens, alors que la technologie intermédiaire qui l’aurait permis aura, elle, disparu. Mais en ces temps de globalisation, d’acculturation et de mépris pour le passé, bien peu s’en soucient…

Le prétendu « Miracle des Billettes ».

 

C’est aux numéros 22 à 26 que l’on situe l’église et le cloître des Billettes qui fut construit sur l’endroit où se dressait jadis la maison du Juif Jonathas que l’on accusa d’avoir profané des hosties, une histoire aussi abracadabrante que tragique, comme nous le verrons. L’histoire du  prétendu « Miracle des Billettes » met en scène un Juif nommé Jonathas qui, dit-on, aurait poignardé des hosties dont aurai jailli le sang du Christ. Cette légende anti-judaïque se retrouve dans nombre de pays occidentaux, dont à Bruxelles, en Brabant, au 14e siècle. La version parisienne de ce fantasme antisémite survint, quant à elle, un siècle plus tôt. Vu que cette légende des « hosties sanglantes » fera l’objet d’un texte particulier, nous n’en parlerons pas plus avant ici, même si elle constitue le principal sujet légendaire de la rue des Archives.

 

Un Templier rue des Archives ?

 

C’est ce que prétend la légende : « Lors de la construction de nouveaux égouts dans la rue des Enfants-Rouges, dont le terrain dépendait autrefois de l’enclos du Temple, on découvrit un cercueil renfermant le corps d’un homme revêtu de l’ancien habit des templiers. L’agrafe qui ornait sa chlamyde fit supposer qu’il s’agissait des restes d’un commandeur de l’ordre du Temple, et même de ceux de Tehan le Turc. Mais le mystère reste entier, car l’histoire assure que le cadavre du commandeur fut exhumé et brûlé sous le règne de Philippe le Bel. » (Guide de Paris mystérieux, p.117).

 

 

Eric TIMMERMANS.

 

 

Sources : « Connaissance du Vieux Paris, J. Hillairet, Editions Princesse, 1951-1953-1954, p. 56, 147 / « Dictionnaire encyclopédique de l’histoire de France », Charles Le Brun, Maxi-Poche Histoire, 2002 / « Guide de Paris mystérieux », Les Guides noirs – Editions Tchou Princesse, 1978, p.113-117, 229 / « Paris – Guide du Routard 2004 (p.192) » / Site des Amis de Jacques Coeur.