Paris Vox – Stéphane Gatignon, maire de la ville de Sevran en Seine-Saint-Denis depuis 17 ans, a annoncé mardi sa démission pour protester contre la faiblesse des politiques publiques menées en banlieue.
Le maire, qui s’était fait connaître en réclamant l’intervention de casques bleus dans sa ville puis en faisant une grève de la faim, a déclaré démissionner car “on continue à faire de la banlieue un monde parallèle, structuré comme une société précaire qui ne s’en sort que grâce aux solidarités, à la débrouille, à la démerde”. “Je pense aujourd’hui que cette situation arrange tout le monde. Alors, à un moment, on fatigue, on perd le jus”, a ajouté Stéphane Gatignon.
Elu à deux reprises avec l’étiquette communiste puis une troisième fois avec celle d’Europe Ecologie les Verts, le maire n’aura pas réussi en 17 ans à inverser la spirale d’endettement de sa ville, passant de près de 57 millions en 2001 à près de 114 millions en 2015 (source ministère de l’Économie). Il n’aura pas non-plus réussi à gérer les nombreux problèmes d’insécurité et la précarité dans sa commune symbole de l’immigration en banlieue parisienne.
Tout en disant soutenir Emmanuel Macron, l’ex-communiste devenu écologiste déplore son action et les “signes (qui) ne sont pas encourageants : coupes dans le budget de la politique de la ville en 2017, gel des emplois aidés, décisions défavorables au financement de l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine-NDLR)”. “Beaucoup d’affichage et de com’, et peu d’action”, regrette-t-il encore.
A ses yeux, le “dernier espoir” réside dans les propositions en faveur des “quartiers” que doivent bientôt remettre à l’exécutif l’ex-ministre de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo.
Les différentes politiques gouvernementales d’aide aux banlieues est pourtant une réalité très couteuse pour l’État. En 2012, l’association Contribuables Associés estimait déjà que la Politique de la ville était une « faillite à 90 milliards d’euros ».
