Paris Vox – Sept hommes, dont un des directeurs, un surveillant de Fresnes, deux détenus et un aumônier de prison juif, ont été placés lundi en garde à vue suite à la découverte d’un système de corruption dans l’une des plus grandes prisons de France.
Le directeur, en charge de la supervision d’un des trois bâtiments de la prison depuis 2014; et un surveillant “sont soupçonnés d’avoir touché de l’argent en échange d’un traitement de faveurs accordé à des détenus majoritairement membres de la communauté juive“, ont expliqué des sources proches de l’enquête.
Les faveurs proposées par le directeur et le surveillant pouvaient aller “du portable laissé en détention à des interventions en cas d’incidents ou auprès des magistrats, voire même à appuyer et accélérer les demandes d’aménagement de peine par le chef de division“, a indiqué l’une de ces sources.
Le parquet de Créteil a confirmé le placement en garde à vue de sept personnes, sans préciser leurs identités. Les perquisitions menées lundi matin aux domiciles des suspects et à l’intérieur de la prison ont permis de saisir près de 280.0000 euros.
Les deux détenus “corrupteurs”, d’après les enquêteurs, sont “bien connus des services de police”. Il s’agit de Arnaud Mimran, un financier déjà condamné dans un volet de la gigantesque fraude à la TVA sur le marché des droits à polluer, considérée comme une spécialité du milieu franco-israélien, et Eric Robic, un chauffard français qui avait écrasé une passante à Tel-Aviv en septembre 2011 avant de prendre la fuite
Arnaud Mimran, renvoyé aux assises dans une affaire de séquestration et d’extorsion de fonds d’un banquier suisse kidnappé en janvier 2015, a été extrait lundi de la prison du Havre où il est détenu depuis deux mois, après avoir été emprisonné à Fresnes. Eric Robic a, lui, été extrait de Fresnes.
Fabrice Touil, également impliqué dans l’escroquerie à la TVA sur le marché du CO2, a été interpellé à son domicile à Paris. Il est soupçonné d’avoir remis de l’argent à plusieurs reprises au cadre de la prison de Fresnes.
Enfin les enquêteurs cherchent à comprendre le rôle qu’aurait pu jouer l’aumônier juif régional d’Île-de-France, un proche du directeur suspecté à Fresnes, dans ce réseau de corruption. “L’association cultuelle, financée en partie par des proches de détenus, a-t-elle joué un rôle de banque?“, s’interrogent-ils.
Le parquet de Créteil a précisé qu’une enquête préliminaire avait débuté en février 2017 à la suite d’un signalement de l’administration pénitentiaire à la justice et qu’une information judiciaire avait été ouverte en novembre pour “corruption d’une personne dépositaire de l’autorité publique, corruption par une personne dépositaire de l’autorité publique, blanchiment de corruption d’une personne dépositaire de l’autorité publique et association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un délit puni de dix ans d’emprisonnement”, a-t-il précisé.
Les investigations sont menées conjointement par la Brigade de répression du banditisme (BRB) de la PJ de Versailles et la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) de la PJ parisienne
Frédéric Godet, délégué syndical Ufap-Unsa justice à Fresnes, a déclaré à l’AFP que “les agents sont plus surpris qu’autre chose. Que la corruption puisse toucher un directeur, c’est stupéfiant“. Il a aussi appeler au respect de la présomption d’innocence.