Macron: une politique à géométrie variable

Macron: une politique à géométrie variable

Paris Vox – Chaque semaine, en partenariat avec Radio Libertés, nous publions la retranscription écrite de la chronique d’actualité et d’analyse d’Arnaud De Robert. Aujourd’hui, il revient sur l’évolution de la stratégie du Président Macron.


La semaine dernière a été riche d’enseignements, vraiment. Une semaine comme on les aime, pleine de ces signaux qui montrent la réalité du pouvoir oligarchique macronien. Une semaine comme on les déteste, en constatant que cette réalité est peu perçue et encore moins combattue.

Il y a pourtant matière à s’insurger, matière à se révolter devant le déploiement à ciel ouvert d’une politique à géométrie variable, d’une politique asymétrique, d’une politique de schizophrénie constante. Pratiquement chaque annonce, chaque geste, chaque décision est le ferment de la discorde, la manifestation d’une volonté d’écraser, de fragmenter, de dissoudre. Et tous ces actes politiques relèvent d’une seule vue, celle de l’installation d’une domination autoritaire, post-politique. Une domination qui ne peut s’assoir que sur la réduction de tout ce qui constitue un frein à son extension : l’identité bien sûr, mais aussi le droit, la justice, la liberté. Il est bien entendu parfaitement autorisé de se gargariser médiatiquement de ces concepts, mais il est pratiquement impossible de les faire agir aujourd’hui dans le sens du bien commun. Leur captation par le pouvoir est palpable et de plus en plus conséquente. Allez, puisqu’il faut illustrer tout cela, reprenons quelques exemples marquants. L’affaire de l’installation du téléphone dans les prisons pour commencer. Idée ahurissante justifiée par la nécessité de casser la prolifération des téléphones portables pourtant interdits derrière les barreaux. On y voit là une veine libertaire assumée puisque l’on peut aisément rapprocher cette mesure de la légalisation du cannabis (vous inquiétez pas c’est pour bientôt !) pour casser le trafic. La mesure est tellement incroyable que plusieurs journalistes de gauche, pourtant va-t-en-guerre sur le système carcéral français ont cru à un canular. Et l’on nous explique en souriant que comme cela on pourra écouter les appels, limiter les communications, ce qui reste encore à prouver car personne n’arrive à surveiller les quelques 50000 portables circulant actuellement en prison. Mais par-dessus tout cette jolie mesure démago-sécuritaire est lancée sans que l’on parle argent, prix et paiement. Parce que je ne vois pas France Télécom adresser une facture aux détenus occupant les 50144 cellules des prisons de France. Mais par contre il est parfaitement envisageable que nos impôts financent est opération de com dans tous les sens du terme. Autre exemple génial, la publication par le CSA de statistiques ethniques. Tout le monde politique y va de son petit commentaire pour expliquer que certes 19% de non-blancs à la télé c’est bien mais qu’on peut bien sûr faire mieux. Heu, attendez une seconde, je croyais que les races n’existaient pas et que les statistiques ethniques étaient interdites en France ? Une autorité administrative indépendante fait des statistiques sur la couleur de peau et personne ne s’en émeut ? Et quand c’est Robert Ménard à Béziers c’est tout de suite le tollé ? Géométrie variable, cécité asymétrique. Et cette loi sur les « fake news » ? Magnifique aussi. Il faut donc lutter contre la répansion de fausses nouvelles sur le web.

La France est déjà, et on l’oublie, la championne du monde de la censure sur Facebook avec près de 40 000 pages bloquées sur demande gouvernementale en 2015.

La France est déjà, et on l’oublie, la championne du monde de la censure sur Facebook avec près de 40 000 pages bloquées sur demande gouvernementale en 2015. Ensuite, le terme anglo-saxon « fake-news » est plus que vague ce qui peut conduire à tous les abus. Et surtout en priorité, museler la presse alternative. Renforcer un arsenal législatif déjà très conséquent sur le sujet n’a donc d’autre but que d’amplifier le contrôle étatique du l’information. Un type de mesure qui on le comprendra, permet aisément à Macron de refaire copain-copain avec Erdogan le sultant Turc. Là aussi, quelle asymétrie ! Depuis trois ans Erdogan était déconsidéré, voire détester en Europe et qui le remet en selle ? Macron. Avec en sous-main des histoires de gros contrat d’armement. Le complexe militaro-industriel va apprécier, nous moins. Enfin, nous c’est-à-dire pas tant de monde que cela, parce que quand on voit sa cote de popularité remonter on se dit que finalement les français aiment bien être dominés. Bref, ce n’est pas gagné. Bonne semaine !