Paris Vox- Redécouvrez les grands monuments de Paris, ses rues, ainsi que l’Histoire, petite ou grande, de la capitale.
Le trésor de l’abbesse de Montmartre
En 1846, une rumeur se répandit dans Montmartre : la butte renfermait un trésor ! Il s’agissait, disait-on, des richesses de la vieille abbaye que sa dernière abbesse, Madame de Montmorency-Laval, aidée d’un vieux domestique, avait dissimulé dans un souterrain que l’on situait sous la serre du château des Folies-Montigny. Durant la Révolution, l’abbesse fut guillotinée et son secret faillit bien disparaître avec elle. Toutefois, lorsque le vieux serviteur nommé Beuchot, celui-là même qui avait aidé l’abbesse à enfouir le trésor, se sentit mourir, il confia à celle qui l’assistait dans ses derniers moments le secret des richesses cachées dans la butte Montmartre. Ladite personne, quelque peu crédule, attendit patiemment que le terrain devint propriété communale, puis alla à la mairie déposer la somme de 500 francs, nécessaire à l’entreprise des recherches. Mais rien n’y fit : on ne retrouva jamais trace du trésor !
Montmartre, entre Satan et Mammon…
On prétend que les anciennes carrières de plâtre de Montmartre ont servi à la construction des trois quarts des habitations du Vieux Paris. Après une exploitation intensive, on entreprit des travaux de remblai qui furent à l’origine de l’actuelle place Saint-Pierre. Les anciennes carrières avaient, il faut le dire, bien mauvaise réputation. On les disait notamment repaires de vagabonds, de vauriens et de brigands. On dit aussi qu’elles servirent parfois de lieu de rendez-vous aux frères Rose-Croix et que Marat y trouva refuge, qu’il y vécut 15 jours mais qu’il y fut aussi découvert et arrêté le 12 décembre 1789, raison pour laquelle Montmartre fut appelé un temps Montmarat. En 1848, une centaine d’insurgés y trouvèrent également refuge, mais ils y furent massacrés par les troupes de Cavaignac. Les carrières de Montmartre, nous dira-t-on, sentaient donc bien le soufre et peut-être est-ce cela qui donna l’idée à un certain Delafosse, d’y faire, prétendait-il, apparaître Satan lui-même, à l’intention des belles dames parisiennes en quête d’émotion. Cela se passait vers 1752 et, à l’instar de César dans les carrières de Montsouris, Delafosse termina sa carrière de charlatan dans un cul-de-basse-fosse. Aujourd’hui, dans ces mêmes lieux –en lieu et place du restaurant parisien « Au Pichet du Tertre », sis place du Tertre-, c’est moins Satan que Mammon que l’on veut mettre à l’honneur. De fait, d’aucuns semblent vouloir, par Starbucks interposé, imposer son règne à Montmartre, c’est-à-dire celui de l’argent-roi, du consumérisme, du mauvais goût et de la malbouffe. Autre temps, autres mœurs. C’est du moins ce que dit le proverbe.
Eric TIMMERMANS.
Sources : Guide de Paris mystérieux, Les Guides Noirs, Editions Tchou Princesse, 1978, p. 90, 103-112, 351-353, 680-681 / Histoire et dictionnaire de Paris, Alfred Fierro, Robert Laffont, 2001, p. 576.