Paris Vox – Le Front National, totalement absent des débats politiques et socio-économiques depuis la double défaite des élections présidentielles et législatives, occupaient néanmoins les colonnes des journaux et les programmes télévisés du fait de ses tensions et dissensions internes. Avides et satisfaits, les médias du système se repaissaient depuis des mois des rumeurs qui agitaient le parti de Marine Le Pen, des petites phrases assassines des uns et des autres et même des psychodrames dépassant largement le ridicule (Philippot a mangé un couscous à Strasbourg ! Traître à la gastronomie française !).
Un tel contexte ne pouvait pas durer et Florian Philippot, vice-président du parti et accusé d’être le principal responsable des revers électoraux, l’a bien compris en annonçant qu’il quittait le Front National à la suite des oukases de Marine Le Pen lui demandant de quitter la présidence du « think thank » qu’il avait créé il y a quelques mois, « Les Patriotes ». Cette annonce a également entraîné le départ de sa « garde rapprochée » mais, pour le moment, ni scission, ni hémorragie de cadres et de militants.
Cette démission va-t-elle permettre au parti fondé par Jean-Marie Le Pen de retrouver calme et sérénité, d’éclaircir ses positions et de se remettre en ordre de bataille avant d’affronter les prochaines échéances électorales ? Rien n’est moins sûr, tant la situation semble complexe et opaque… Si certains se réjouissent de l’abandon de la « ligne Philippot » (souverainiste, étatiste, et sociale), imaginant qu’elle entraînera un « retour aux fondamentaux » (immigration, sécurité, fiscalité) et une forme de « radicalisation » du parti, rien ne semble confirmer cette perspective, surtout pas la promotion de Sébastien Chenu (transfuge de l’UMP et homosexuel militant) au sein de l’organigramme du FN. Par ailleurs, est-on sûr que le départ de Florian Philippot induise pour autant l’abandon de sa « ligne » qui, rappelons-le, a toujours été validée et soutenue par Marine et la plupart des cadres du mouvement, le petit doigt sur la couture du pantalon tant que « Florian » était intime de la Présidente et tout puissant au siège du parti (notamment pour l’attribution des postes rémunérés et des investitures) ? Là encore, c’est loin d’être certain. Et même si tel était le cas, les nouvelles options seraient-elle davantage « radicales » (dans une optique identitaire notamment) ou au contraire plus « libérales » dans l’espoir d’une toujours fantasmée « union des droites » ?
Il est à l’heure actuelle très difficile d’y voir clair et d’établir des pronostics car si l’on a beaucoup parlé des hommes et des diverses personnalités du FN, de leurs oppositions et de leurs rancoeurs, on a finalement très peu parlé des idées et des programmes. Bien malin donc celui qui peut dire ce qui ressortira de cette tragi-comédie secouant un parti qui apparaît de plus en plus « comme les autres », sans véritable colonne véritable idéologique, naviguant à vue au gré des mouvements de l’opinion et des ambitions et plans de carrière des uns ou des autres.
Le Front National peut-il redevenir un grandi parti d’opposition radicale, porteur d’une « troisième voie » identitaire et sociale, ou est-il condamné au naufrage poujado-populiste tendance Beppe Grillo ? Il est encore une fois trop pour le dire. Le futur congrès, prévu pour Mars 2018, pourrait apporter un certain nombre de réponses. Mais ce qui est certain, c’est que le Front National ne pourra pas faire l’économie d’une profonde et ambitieuse refondation, tant son électorat, ses partisans et ses sympathisants sont pour le moment perdus, abattus et découragés face au spectacle qui leur est offert depuis le navrant débat de l’entre-deux tours.
Xavier Eman (source: Primato Nazionale)