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Paris Vox (Tribunes) – Avec la rentrée, c’est le retour de la retranscription écrites des chroniques d’Arnaud de Robert sur Radio Libertés, désormais hebdomadaires. Aujourd’hui, Arnaud de Robert se penche sur l’ importance insoupçonnée des prochaines élections sénatoriales. 


Ceux qui me connaissent le savent bien, je ne suis pas un grand défenseur des institutions devant l’éternel. Cependant, dimanche prochain et dans une relative indifférence générale il faut bien le dire, vont se dérouler les élections sénatoriales, et plus exactement le renouvellement du tiers des sénateurs. Et bien figurez-vous que ce sont probablement les plus importantes élections sénatoriales de la 5ème République. Vous ne rêvez pas c’est moi qui l’annonce.

Oui, je sais vous allez me dire et vous serez nombreux, que le Sénat – ce vieux monument plan-plan – est bien loin de constituer un enjeu majeur de ce pays. Et pourtant ! Et pourtant j’affirme que devant le projet macronien de liquéfaction de la France, le Sénat représente actuellement pratiquement la seule opposition sérieuse et pourquoi pas efficace sur le plan institutionnel dans ce pays. Mélenchon, ce vieux stalinien, ne s’y est pas trompé et vise la mort du Sénat, opposition agraire et conservatrice insupportable à ses projets de France goulagesque. Macron ne s’y est pas non plus trompé, lui qui rêve de le supprimer ce Sénat ou de le fusionner avec le Conseil économique, social et environnemental. Il sait, en bon libéral, que le Sénat, malgré ses nombreux défauts incarne la défense de la ruralité, des petites villes et villages, des pays de France, de notre habitat, de notre quotidien, de notre patrie en somme.

le Sénat, malgré ses nombreux défauts incarne la défense de la ruralité, des petites villes et villages, des pays de France, de notre habitat, de notre quotidien, de notre patrie en somme.

Il sait aussi que derrière le Sénat ce sont 600 000 élus locaux dont près 300 000 bénévoles qui sont représentés. Il le sait tellement bien qu’il cherche par tous les moyens à s’attaquer à ce monde qu’il ne comprend pas, à ce monde qui globalement ne l’aime pas non plus. En quelques chiffres, voilà ses vecteurs d’attaque : 13 milliards d’économies demandés aux collectivités territoriales, la suppression de la taxe d’habitation qui fait chuter de 80% le budget des communes, les regroupements de communes qui dépossèdent les petites municipalités de leurs libertés au profit des centres urbains plus importants, les Plans Locaux d’Urbanisme Intercommunaux qui tendent à déposséder les maires de leur droit à façonner la ville aux profits des architectes urbanistes plus macron-compatibles etc. La commune, dernier véritable échelon de démocratie au sens grec du terme est, au travers de l’enjeu sénatorial, la cible du pouvoir. Il faut casser l’autonomie du pouvoir communal, voire faire gérer l’espace non plus par les communes mais par des entreprises. Ernest Renan disait que L’Etat c’est la Nation assise sur un territoire. En visant le territoire, Macron vise aussi la destruction de la Nation et l’assujettissement de l’Etat. Parce que son objectif, nous le savons depuis longtemps est de fonder sur les ruines de l’Etat-Nation la zone entrepreneuriale France. Une franchise de la mondialisation faite de vivre-ensemble imposé et d’ouverture obligatoire. Bien sûr, dans notre grande majorité, le mode de scrutin indirect des élections sénatoriales nous interdit dimanche prochain de peser de quelque manière que ce soit sur le résultat. Mais à l’avenir, il n’est pas idiot de penser à porter notre effort sur les élections dans les collectivités locales. Les élus locaux sont la clef d’accession au Sénat, lui-même finalement seul instrument capable de devenir un rempart institutionnel au libéralisme. Voilà une sérieuse piste de reconquête à suivre. Bonne semaine !