Au-delà des débats …

Au-delà des débats …

Paris Vox a le plaisir de proposer à ses lecteurs une sélection des retranscriptions écrites des chroniques d’Arnaud de Robert, diffusées quotidiennement dans la matinale de Radio Libertés.


Eh bien non, ce matin je ne vais pas vous parler de l’ersatz de débat d’hier soir. D’abord parce qu’à onze, cela tient du ridicule (moins de 15 minutes d’expression par tête et on ose encore appeler cela un débat…), ensuite parce qu’au-delà des débats, il y a des choses bien plus importantes dont on parle peu ou pas et pour cause.

Oui je veux revenir ce matin sur ce fameux sondage annuel sur l’état de l’opinion française baptisé « Baromètre de confiance politique » et commandé chaque année, depuis cinq ans, par le journal Le Monde à l’Institut Opinionway et au Centre de Recherche Politique de Science-Po. Curieusement, cette année le fameux journal de « la gauche qui pense » n’en a pas publié l’intégralité. Le 13 février dernier, Le Monde en a sorti peine la moitié (41 pages sur 84) et encore de manière très édulcorée. Depuis silence … Curieux, non ? Oui, c’est une chose très étonnante de commander un sondage, puis de l’enterrer pratiquement en totalité. Manque fragrant de cohérence éditoriale qui veut péniblement masquer un bouleversement sans précédent de l’opinion de nos concitoyens, en fait une véritable bombe. Je sais, je sais, les sondages cela ne vaut plus tripette aujourd’hui. Je dénonce assez cela à ce micro pour ne pas me draper à mon tour dans le réflexe sondagier quand cela m’arrange. Non, ce qui me fait dire que ce sondage a de l’importance et de la valeur c’est justement qu’à peine sorti on l’a caché.

A ce propos, je salue les quelques journalistes opiniâtres de Valeurs Actuelles qui ont réussi à se procurer la totalité de l’étude. Et je vous propose à mon tour de vous donner lecture des chiffres les plus explosifs : 75% des Français ne font plus confiance à l’Etat, ni à la République. 88% rejettent catégoriquement les partis politiques. 67% pensent qu’il y a trop d’immigrés en France. 50% veulent le rétablissement de la peine de mort. 50% encore ne croient plus du tout en la démocratie et souhaitent voir à la tête du pays un homme au pouvoir personnel fort. Et le meilleur, 12% veulent carrément que l’armée dirige le pays. En moins étonnant mais toujours savoureux : 87% jugent que Macron n’a pas l’étoffe d’un président. 61% (contre 30% en 2010) sont prêts à manifester et 71% ne font plus du tout confiance aux syndicats. Inutile de vous préciser que ces chiffres sont en augmentation parfois exponentielle par rapport aux années précédentes.

75% des Français ne font plus confiance à l’Etat, ni à la République. 88% rejettent catégoriquement les partis politiques. 67% pensent qu’il y a trop d’immigrés en France. 50% veulent le rétablissement de la peine de mort. 50% encore ne croient plus du tout en la démocratie et souhaitent voir à la tête du pays un homme au pouvoir personnel fort.

Premier constat, nous sommes bien au-delà de la désaffection ou du divorce entre le peuple et les élites. Nous sommes dans une crise profonde de la représentation sous toutes ses formes. Ensuite, même si cela ne se traduit pas dans la rue, en actes que je qualifierais de directs, l’évidence d’une puissante colère et d’une gronde généralisée s’impose ici. Nous avons pourtant été nombreux dans la sphère de la réinformation à faire état de ce climat lourd, de cette colère rentrée très française qui quand elle éclate est souvent d’une violence rare. Bien sûr, l’insurrection n’est pas pour demain matin. Je vous parle ici d’un peuple qui depuis des décennies est sous le joug de la soumission doucereuse du politiquement correct, de l’humainement abject. On ne passe pas du mouton au loup en un jour. Mais ce qui se joue dans les repas du dimanche, au bistrot, sur le chantier, au bureau c’est la partition de l’exaspération, de la rancœur, de la rage, du ressentiment. Minorer cela c’est se crever les yeux. Car la gronde débouche bien plus souvent sur le déchainement et l’explosion que sur l’apaisement et la modération. Quand ? Je n’en sais rien. Mais ce que je sais c’est que tous ceux présents hier soir au débat sont au courant de ces chiffres. Et aucun n’en parle, même ceux que cela pourrait servir. La question est donc : pourquoi ? Pourquoi n’en parlent-t-ils pas ? De quoi ont-ils peur eux qui prétendent à gouverner ce même peuple ? Quand je vois ça, je me dis que je vais rejoindre les 50% de mes concitoyens qui souhaitent le retour d’une autorité incarnée. En attendant de sortir ma fourche un de ces quatre. Bonne journée !