Livraison le dimanche : le progrès inachevé

Livraison le dimanche : le progrès inachevé

Paris Vox – L’annonce, faite cette semaine, de la livraison des colis le dimanche par la poste a fait réagir notre contributeur Jean Ernice. Il nous livre sa vision toute personnelle de cette information.


Puisque l’on vous dit que c’est le progrès. La livraison des colis le dimanche, c’est le progrès. Et être contre le progrès c’est mal. J’endosse aujourd’hui le costume du malin. Et surtout celui du mec qui continuera à courir après ses colis…

La Poste annonce donc qu’elle va dorénavant livrer le dimanche. Alors d’entrée je me gondole, si les livraisons sont aussi efficaces que les autres jours de la semaine, j’irai encore chercher mes colis au quatre coins de ma ville le lundi, et ce encore longtemps…

Mais je me dois de recentrer sur le propos principal.

On décide de livrer le dimanche car les gens sont censément chez eux ce jour là. Soit.

Mais nos dogmatiques progressistes noteront que cette logique du progrès pousse d’ores et déjà de nombreuses professions à travailler le dimanche. Sans compter les gens qui travaillaient déjà le dimanche, milieu hospitalier, forces de l’ordre, personnel culturel ou de la restauration …

La Poste rejoint le mouvement des entreprises faisant travailler leurs employés le dimanche, comme tant d’autres dorénavant. À ce rythme là, ce créneau de livraison ne satisfera personne. Et le progrès véritable commandera de livrer les gens en nocturne. On peut en effet parier que c’est le moment où la majorité des Français sont chez eux.

Il faut noter que si La Poste décide de livrer à l’heure du Notre Père, c’est pour se plier à la concurrence féroce de transporteurs privés gavés par les commandes du géant Amazon. Si Amazon introduit une livraison 24/24, la concurrence suivra également ?

On peut déjà se faire livrer sushis, burgers, alcools ou préservatifs de nuit, demain des meubles ou des gadgets hifi ?

Trouver cela absurde fait de moi un obscurantiste ?

N’est il pas de moments où l’on peut apprécier une journée sans consommation effrénée. Où on savoure simplement un humble repos.

De nombreux commerces sont désormais ouverts le dimanche. Pour les familles qui ne travaillent pas, c’est l’occasion d’une promenade avec poussette et trotinette au centre commercial. On ne va tout de même pas emmener les gosses dans la forêt ou au musée! Ikea offre en plus des boulettes frites bien meilleur qu’un poulet rôti dominical dévoré chez mamie ou bon papa après une messe.

Certains me diront: “Et puis mince alors, au moins ça fait du boulot à ces cons d’étudiants qui sinon ne foutent rien que d’aller en soirée pour tenter de se rapprocher du sexe plus toujours opposé”. Et puis d’autres se souviennent de ces coursiers à vélo ou de ces chauffeurs de VTC, un boulot bien payé au départ et puis enfin LA liberté. Aujourd’hui, il ne leur reste que la liberté d’être exploités… Mais voyez-vous je n’ai rien compris au progrès. Vous m’en voyez désolé. Allez hop, c’est l’heure de reprendre une dose de Soma…

Jean Ernice