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Le « possédé » indélicat de Madame de la Croix.
Madame de Jarente, marquise de la Croix, avait, comme il est coutume de le dire, un « certain vécu ». Mariée très jeune au marquis de la Croix, elle devint plus tard la maîtresse de monseigneur Acquaviva, vice-légat, par lequel elle devint la despote d’Avignon, alors enclave pontificale. Après la mort de son mari, elle vint s’établir à Lyon où elle tomba gravement malade. Elle fut finalement sauvée par les prétendues « opérations magiques » des disciples de Martinez de Pasqually. Après sa guérison, elle vint s’installer à Paris, place du Carrousel, où elle ne vécut plus, désormais, qu’entourée de magiciens, d’alchimistes et de bien d’autres charlatans, sans parler, cela va sans dire, des esprits invisibles… Elle s’enticha elle-même de magie et d’occultisme, et se targuait même de pratiquer des exorcismes. Et il se trouve que l’un de ceux-ci, un jour ne fonctionna que trop bien… Madame de la Croix était en charge d’un « possédé » qui avait signé un pacte avec Satan. Elle avait pour habitude de le coucher sur un canapé, de lui découvrir le ventre et de lui appliquer des reliques et de l’eau bénite. On entendait alors s’élever de ce ventre, des gargouillements abominables, pendant que le « possédé » poussait d’effroyables hurlements. Mais un jour, il ne s’en tint pas là. Devant l’assistance médusée, il bondit du canapé d’un air furieux, et dévoila par le menu la vie volage et aventureuse de Madame de la Croix qui jouait pourtant si bien les dévotes. Elle fit alors mine d’accepter ce qu’elle nommait sa « pénitence », à savoir l’étalement sur la place publique des détails les plus intimes de son existence par un « possédé du démon », en fait, plus certainement, par un individu très bien informé…
Un mot sur la place du Carrousel.
La place du Carrousel doit son nom à une fête splendide qu’y fit donner trois jours durant, du 5 au 7 juin 1662, Louis XIV, à la seule fin d’éblouir Mademoiselle de La Vallière dont il était épris. Il s’agissait d’un carrousel donc, c’est-à-dire, d’un spectacle d’équitation militaire. Celui-ci se déroula dans un vaste enclos situé alors en face des Tuileries, à l’ouest du palais du Louvre. Rappelons, en effet, qu’avant de désigner un manège mécanique de fête foraine qui fait encore parfois la joie des enfants, le terme « carrousel » s’appliquait à un spectacle d’équitation militaire que l’on avait inventé afin de remplacer les vieux tournois médiévaux qui avaient la fâcheuse tendance à décimer la noblesse et la chevalerie de l’époque, en cela compris certains monarques. Un tel gaspillage de sang fut bientôt jugé aberrant, d’autant que les victimes de ces joutes sanglantes manquaient cruellement à la guerre. L’on décida dès lors de remplacer ces joutes violentes par un spectacle et des jeux d’adresse. Pour revenir au carrousel donné par le Roi Soleil, il semble que Voltaire ait dit qu’il consista en cinq quadrilles, le roi étant à la tête des Romains, son frère menant les Persans, le prince de Condé conduisant les Turcs et le duc de Guise entraînant à sa suite les « Américains » (Amérindiens ?). Sur la place du Carrousel, qui se confond aujourd’hui avec l’avenue du Général-Lemonnier, se dresse depuis 1808 un arc de triomphe qui servait jadis d’entrée d’honneur au château des Tuileries. Pour l’anecdote, rappelons que le premier guillotiné de l’Histoire le fut à la place du Carrousel, le 25 avril 1792, à 15h30. Il s’agissait d’un bandit du nom de Nicolas Jacques Pelletier. Son bourreau se nommait Charles-Henri Sanson.
La pyramide du Louvre et le chiffre de la Bête…
Parmi les incongruités modernes qui figurent de nos jours dans nos villes, et en l’occurrence, à Paris, il en est une célèbre que l’on doit à un certain architecte Leoh Ming Pei (1989), j’ai nommé la pyramide du Louvre. Le livre de l’auteur américain Dan Brown, le « Da Vinci Code », a rendu un tel hommage à cette création qu’il la rendit bien plus célèbre encore, moyennant un petit subterfuge « satanisant ». Et puisque Madame de la Croix nous a ouvert les portes de l’enfer, ma foi il ne nous restait plus qu’à nous y engouffrer ! Ainsi, tout en sous-entendant que la dépouille de Marie-Madeleine, présentée comme étant le « féminin sacré » et l’« épouse secrète » du Christ, serait enterrée au niveau de la pyramide inversée et du pyramidion, Dan Brown ajoute, pour les besoins d’un romanesque ultérieurement adapté par Hollywood, que ladite pyramide, ce « furoncle qui défigure Paris », pour reprendre les justes termes du commissaire Bézu Fache, alias Jean Reno, que ladite pyramide donc serait composée de 666 losanges et triangles de verre. Las, il apparaît qu’elle en compterait plutôt 793…
Eric TIMMERMANS.
Sources : Enigmes, Légendes et Mystères du Vieux Paris, Patrick Hemmler, Editions Jean-Paul Gisserot, 2006, p. 23 / Guide de Paris mystérieux, Les Guides Noirs, Editions Tchou Princesse, 1978, p. 198-199.