Paris Vox – Redécouvrez les grands monuments de Paris, ses rues, ainsi que l’Histoire, petite ou grande, de la capitale.
Des messes noires à la rue Bleue.
En 1941, sous l’Occupation, la police effectua une descente au n°27 de la rue Bleue où l’on organisait, prétendit-on, des « messes noires ». En fait, la police visait à l’arrestation d’un certain Bernardi de Sigoyer, membre de la « société initiatique » qui se réunissait à cet endroit. Dans la foulée, ladite police procéda également à l’expulsion du « Mage ». Jusqu’en 1941, se réunissaient à cette adresse, les adeptes d’un groupe occultiste nommé « Le Temple d’Al ». Celui-ci avait été fondé, le 7 décembre 1889, par Papus, Stanislas de Guaita et quelques autres. Tombée en désuétude, la société avait été réactivée en 1935 par un certain M. Braive et son épouse « Floriane ». C’est au premier étage que se tenaient les réunions et les cérémonies, qui allaient de la séance de nécromancie, au cours de laquelle le « Mage » tenta, sans grand succès, de faire apparaître l’image de défunts dans une boule de cristal, à la pratique de certains « rites sexuels » qui semblaient attirer, dit-on, un public en mal de sensations fortes… Rappelons que la rue Bleue, dès 1714, fut nommée la rue d’Enfer, par opposition à la rue du Paradis qui la prolonge ! Selon une autre explication, l’artère aurait pris son nom infernal en raison du vacarme que faisaient les soldats qui rentraient des guinguettes de Porcheron à la caserne de la Nouvelle-France.
Une dynastie de bourreaux au n°14.
A partir de 1707, le n°14 de la rue Bleue, a appartenu à Charles II Sanson, bourreau de son état, né en 1680. C’est également là que naquit, en 1739, Charles-Henri Sanson, bourreau de Louis XVI et père d’un certain Henri Sanson, bourreau de la Terreur à 1840. Charles-Henri posséda le n°14 jusqu’en 1778 et mourut en 1806. Le n°14 appartint donc la dynastie de bourreaux des Sanson, de 1707 à 1778.
Un mot sur la rue Bleue.
L’artère, quoiqu’alors anonyme, était déjà indiquée sur les plans de Paris, en 1652. On la baptisa rue d’Enfer, en 1714, avant qu’en 1789, à la demande de ses habitants, on la rebaptisa « rue Bleue », et ce par analogie avec une rue Verte, présente dans le quartier, ou du fait de la fondation dans cette rue d’une manufacture de boules bleues (1802). Elle se serait aussi appelée ruelle des Volarnaux et rue Saint-Lazare. La rue Bleue s’étend aujourd’hui du n°1 de la rue Papillon (qui vient de celui de Papillon de la Ferté, intendant de l’Hôtel des Menus-Plaisirs, n°10) au 72 de la rue Lafayette. Parmi les adresses intéressantes, citons entre les n°s 5 et 7, la cité de Trévise, partiellement inscrite au titre des monuments historiques ; la façade et la toiture du n°5, le sont également. Au n°25, on remarquera la maison Leclaire et sa plaque commémorative dédiée à Edme Jean Leclaire, de même que son profil. Autodidacte, il obtint la Légion d’honneur, le 2 mai 1849, pour avoir introduit l’emploi du blanc de zinc en remplacement de la céruse de plomb à l’origine du saturnisme. Engagé dans le catholicisme social, il fut aussi maire d’Herblay (Val d’Oise) de 1865 à 1869.
Eric TIMMERMANS.
Sources : Connaissance du Vieux Paris – Rive Droite, J. Hillairet, Editions Princesse, 1951-1953-1954, p. 319 / Guide de Paris mystérieux, Les Guides Noirs, Editions Tchou Princesse, 1978, p. 168-169.