Histoire de Paris : La Rue du Cherche-Midi

Histoire de Paris : La Rue du Cherche-Midi

Paris Vox – Redécouvrez les grands monuments de Paris, ses rues,  ainsi que l’Histoire, petite ou grande, de la capitale.


La rue du Cherche-Midi.

La rue du Cherche-Midi qui traverse les 6e et 15e arrondissements, s’étend du n°25 rue du Vieux-Colombier/place Michel Debré, à la place Camille-Claudel. Elle est le résultat de la réunion de trois rues, celles de la Vieille-Tuilerie et du Petit-Vaugirard, et d’une artère située entre la rue du Regard et le carrefour de la Croix-Rouge, et nommée jadis rue du Cherche-Midy (1595) et du Chasse-Midi (1628). La rue prit son nom actuel de rue du Cherche-Midi en 1832. On ne sait pas exactement pourquoi on lui a donné ce nom. Peut-être en raison de la présence, dans cette rue, d’une enseigne représentant un cadran solaire ou par référence à un Hôtel de la Chasse, jadis situé dans la rue du Dragon.

La rue du Cherche-Midi par numéros.

N°s 2 à 12 : Ancien couvent des Prémontrés dont l’église fut le siège de la section de la Croix-Rouge (Bonnet rouge, puis Bonnet de la liberté, durant la Révolution).

N°18 : Hôtel de Marsilly. Charles-Joseph Lambrechts (ministre de la Justice de 1797 à 1799) y demeura. Il rédigea notamment l’acte de déchéance de Napoléon.

N°35 (ancienne numérotation) : C’est là que le 27 mars 1832, vers 2h du matin, mourut Antoine Fabre d’Olivet, à l’âge de 56 ans. Personnage mystérieux, il a la réputation d’avoir été un « grand initié ». De fait, tout au long de sa vie, il s’intéressa beaucoup à l’occulte. Il étudia le latin, le grec, l’hébreu et le sanscrit. Il inventa le culte maçonnique de la « Céleste culture » (qui se rattachait aux mystères d’Eleusis) et fonda un culte secret, syncrétisme de polythéisme et de monothéisme. On dit aussi qu’il pratiqua la « haute magie » dans un templum consacré, dans son appartement. Sa mort ne fut pas moins mystérieuse que le personnage lui-même. On sait qu’un poignard mit fin à son existence mais l’identité de l’assassin qui le mania reste inconnue. Fut-ce un suicide ? Quelqu’un avait-il une raison de l’assassiner ? Ou, comme aiment à le penser d’aucuns (sans rire), une entité surnaturelle est-elle venu mettre un terme aux recherches de cet homme qui avait peut-être percé trop de mystères occultes ? Mystère, mystère, donc…

N°37 : A l’emplacement du n°37, au coin de la rue du Regard, se trouvait, avant 1907, l’hôtel des Conseils de Guerre et la maison de Justice Militaire. L’hôtel disparut avec le percement du boulevard Raspail. En 1796, il fut occupé par le citoyen Gaston Rosnay, banquier, économiste, inventeur et philanthrope de son état. Il fonda à cet emplacement un « Gymnase de bienfaisance ». Pour ce faire, notre généreux inventeur acquit l’immeuble du Cherche-Midi, en septembre 1796, pour la somme de 205.528 francs, qu’accessoirement il négligea de payer… Le 6 floréal An VII, le contrat de Rosnay était annulé, ses créanciers perdaient leurs droits sur l’immeuble et Rosnay fut condamné à dix jours de prison et à 500 francs d’amende pour avoir tenté d’escroquer la fortune de plusieurs citoyens… Ce fut la fin du Gymnase de bienfaisance.

N°38 : A partir de 1800, emplacement de la prison militaire du Cherche-Midi où furent jugés le général Malet, après sa tentative de coup d’Etat contre Napoléon (1812), les insurgés de juin 1848 et le capitaine Dreyfus (décembre 1894).

N°39 : Demeure des parents d’Adèle Foucher, lors de son mariage avec Victor Hugo, en 1822. C’est là que le célèbre écrivain donna la lecture de son Cromwell, le 12 février 1827.

N°40 : Hôtel de Rochambeau qui tient son nom du commandant des troupes françaises de soutien aux insurgés américains. Il fut l’un des artisans de la victoire de Yorktown qui mit fin à la guerre d’indépendance américaine.

N°44 : Demeure de Dominique Joseph Garat, successeur de Danton au ministère de la Justice. Il prononça l’arrêt de mort de Louis XVI en 1793. Egalement demeure d’enfance de Victor Hugo (à l’époque rue des Vieilles-Tuileries n°2). Il vécut là en 1813 avec sa mère et ses deux frères. A partir de 1820, demeure de l’abbé Grégoire, chef de l’Eglise constitutionnelle durant la Révolution. Il y mourut en 1831. Ancien pompe à eau, dans la cour, à gauche.

N°s 85-87 : Hôtel de Montmorency-Bours, dit également « petit hôtel de Montmorency ». Au numéro 87, une plaque indique l’emplacement du borne-fontaine alimentée, en 1847, par les eaux du canal de l’Ourcq.

N°s 88 à 92 : Chapelle de la maison mère de la congrégation de la Mission.

N°89 : Grand Hôtel de Montmorency. En 1808, demeure du maréchal Lefebvre et de son épouse, Madame Sans-Gêne.

N°95 : Hôtel de Chambon. Acheté par Gérard Depardieu en 1994.

N°103 : Au début des années 1950, on y notait la présence d’une statuette de Notre-Dame dans sa niche.

N°112 : Emplacement de l’ancienne clôture du Cherche-Midi, poste d’octroi installé sous Louis XV, en 1765., et remplacé juste avant la Révolution par le mur des Fermiers généraux.

 

La rue du Cherche-Midi dans la Traversée de Paris.

Du célèbre film de Claude Autant-Lara, La Traversée de Paris (1956), inspiré d’une nouvelle de Marcel Aymé, Traversée de Paris (1947), on se souvient généralement de la tirade vocale de Jean Gabin, alias l’artiste-peintre Grandgil, dans la cave de l’épicier Jambier (Louis de Funès). A la suite de cet épisode haut en couleur, ledit Grandgil et le chauffeur de taxi au chômage, Marcel Martin (Bourvil), s’en vont livrer de l’autre côté de la ville, quatre valises bourrées de morceaux d’un cochon fraîchement découpé. Une occasion pour Grandgil de découvrir la réalité du marché noir sous l’Occupation. Las, à la suite de nombreuses péripéties et arrivés à bon port, nos deux compères se font arrêter par une patrouille allemande. Pour comble de malheur, on apprend qu’un officier allemand a été abattu par la Résistance et que tous les hommes en état d’arrestation doivent être rassemblés et emmenés, de toute évidence en vue d’une exécution menée en représailles de l’attentat perpétré contre l’officier précité. Nombre de noms de rues de Paris sont cités durant tout le film et notamment celui de la rue du Cherche-Midi, notamment crié par Bourvil au moment de la rafle, épisode qui se situe vers la fin du film, entre 01:11:25 et 01:13:27.

 

Eric TIMMERMANS.

 

Sources : Connaissance du Vieux Paris, J. Hillairet, Rive Gauche et les Îles, 1953, p. 183 / Guide de Paris mystérieux, Les Guides Noirs – Editions Tchou Princesse, 1978, p. 233-234..