Elections législatives : le meilleur et le pire …

Elections législatives : le meilleur et le pire …

Paris Vox (Tribunes) – Nous proposons régulièrement à nos lecteurs la retranscription écrite des chroniques quotidiennes d’Arnaud de Robert sur Radio Libertés.


Le pire avec cette assemblée hégémoniquement macronienne qui se dessine c’est qu’elle n’est, à plusieurs titres, que l’illusion de l’expression démocratique. Numériquement d’abord, parce qu’à peine 13% des inscrits lui ont donné leur voix – le système de scrutin majoritaire faisant le reste – et  parce que près de 25 millions de français sur les 47 que compte le corps électoral (votes blancs, nuls et abstention confondues) ne sont tout simplement pas allés voter. Ensuite parce que l’oligarchie qui a entouré et aidé Macron et qui sait depuis longtemps que la démocratie n’est qu’un voile, a en revanche parfaitement perçu l’appétence populaire d’action plus directe qui s’exprimait au travers des phénomènes populistes. Elle en a capté l’énergie et a su, en reprenant pour cela tous les éléments de conquête du fascisme historique, doubler les populismes français et les battre à leur propre jeu. Ce populisme light, machiavélien, souriant, propret a pu contenter tous ensemble les électeurs de droite et de gauche, offrant à chacun simulacre de puissance, verticalité, empathie sociale et bonne conscience. La bêtise des partis politiques défaillant a été de ne pas voir cette formidable machinerie se mettre en place. Incapable de comprendre que sous les notions de progrès et de révolution se cachait une forme savamment dosée de sortie totalitaire du politique, ils en sont encore à pleurnicher sur le manque de démocratie d’une assemblée à dominante macronienne ou à se rassurer en se répétant que l’épiphénomène Macron ne peut durer. Leurs logiciels éculés, leur totale absence de perception des bouleversements communicationnels, civilisationnels introduits par la révolution robotico-numérique ne peut même pas leur faire percevoir que le régime actuel est déjà dans l’après-démocratie et qu’il est en train de les digérer. Le pire dans tout cela c’est que c’est l’oligarchie qui est vraiment révolutionnaire et qui maintient stratégiquement un large temps d’avance. Capable de toutes les mutations, de toutes les copies pour survivre, le système est bien une gouvernance par l’illusion celle de l’ordre cachant le chaos. Mais un chaos si séduisant, si engluant qu’il prend les formes d’une drogue addictive, mortelle mais tellement réconfortante. Hagards, les français laissent les derniers lambeaux de souveraineté populaire leur filer entre les doigts. Délestés d’eux-mêmes, ils se rangent derrière le florentin de l’Elysée.

C’est l’oligarchie qui est vraiment révolutionnaire et qui maintient stratégiquement un large temps d’avance

Pourtant, cette assemblée monochrome est aussi le meilleur qu’il puisse nous arriver. Car elle va obliger à sortir du schéma partito-démocratique et recommencer à penser que le politique s’exprime aussi et surtout au-delà, en dehors et autour de ce jeu écrit par l’ennemi. Le pouvoir populaire, les autonomies agissantes, l’initiative locale sont des leviers puissants. Associations, syndicats, occupations, médias sont des zones à conquérir, des vecteurs de combats agonaux à contrôler. Il n’existe pas un pouvoir mais des pouvoirs. Ces cinq années qui se préparent, cinq années de béate concorde institutionnalisée, sont à mettre à profit. Au lieu de pleurer, de se demander pourquoi, il faut penser à comment et où. Il faut se remettre en mouvement, remettre le mouvement sur pied. Ils sont en marche, nous nous chargeons. Ils sont la république, soyons la nation. Ils sont la nouveauté, soyons la révolution. Ils veulent renouveler, innovons. Ils veulent le changement, transformons. Ils se disent modernes, soyons téméraires. Ils veulent tuer l’identité, incarnons-là. Ils veulent nous sortir de l’Histoire, soyons le futur, soyons le parti de la vie. Il reste tout à faire. Bonne journée !