Paris Vox – C’est au numéro 26 de la rue d’Alleray (15e arrondissement) qu’il nous faut replacer l’histoire d’une conversion de catholiques à l’orthodoxie et de leur ralliement au patriarcat de Moscou.
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A la fin des années 1970, le « Guide de Paris mystérieux » (p.92), y signale « une plaque sombre, difficilement lisible [qui] indique : « Eglise catholique orthodoxe occidentale. » La maison est ancienne et provinciale à souhait. C’est au fond d’une petite cour, une sorte de couloir plutôt, que l’on pousse la porte de la chapelle. Elle est minuscule, à peine une vingtaine de chaises, et très pauvres. Ses seuls ornements sont quelques reproductions byzantines et une icône devant laquelle brûle une lampe de sanctuaire. Au mur, des plaques de marbre que l’on prendrait d’abord pour des ex-voto rappellent, en réalité, les noms des fidèles trépassés. A la sortie, un calepin et un crayon attendent les noms de ceux « pour qui vous demandez de prier », et une tirelire sollicite vos oboles « pour les cierges ». Bien que toutes les inscriptions soient rédigées en français, nous nous trouvons ici dans une paroisse orthodoxe officiellement rattachée au Patriarcat de Moscou. » Il s’agit donc bien, à l’origine, d’une église orthodoxe autochtone. Comment celle-ci a pu voir le jour, c’est ce que nous allons découvrir à présent.
A l’origine de cette église, on trouve un prêtre catholique, ancien professeur et curé de Viroflay, l’abbé Charles-Louis Winnaert (Dunkerque, 1880 – Paris, 1937). Trop en avance sur son temps, ses thèses œcuméniques sont mal perçues par les autorités catholiques. Aussi, Winnaert décide-t-il de quitter les rangs de l’église catholique, au lendemain de la première guerre mondiale, soit en 1918. Avec quelques fidèles, il fonde son propre schisme : « l’Eglise libre catholique. » Elle fut consacrée à Londres, des mains de Mgr Wedgood, de l’Eglise catholique libérale. L’ « Eglise libre catholique » s’installe au fond d’une cour située au numéro 72 de la rue de Sèvres. Alors que Mgr Winnaert développe sa liturgie sous l’influence sans cesse grandissante de l’orthodoxie orientale, l’Eglise compte quelques groupes de fidèles à Rouen, de même qu’à Bruxelles et à Arnheim. Mgr Winnaert décide finalement de rattacher son église à l’orthodoxie orientale. Après avoir échoué auprès de l’Eglise grecque, il s’adresse au patriarcat de Moscou et crée une « Eglise orthodoxe d’Occident », à laquelle il adhère, le 2 décembre 1936, comme simple fidèle, conformément aux conditions draconiennes imposées par Moscou. Toutefois, la même année, il sera élevé au rang d’Archimandrite, sous le nom d’Irénée, par le Métropolite Eleuthère. Le 7 février 1937, toute l’ancienne « Eglise libre catholique » rallie, à sa suite, l’ Eglise orthodoxe d’Occident. La chapelle de la rue de Sèvres est rattachée à l’Exarchat. Quelques mois plus tard, Mgr Winnaert, épuisé, décède. Il avait toutefois désigné son successeur en la personne de Mgr Chambault (sous le nom de Denis). Ce dernier dirigeait encore, à la fin des années 1970, la petite communauté, transférée en 1944 à la rue d’Alleray. Un autre des disciples, Eugraphe Kowalewski, dirige, quant à lui une « Eglise orthodoxe de France » qui s’établit au numéro 96 du boulevard Blanqui. Pour plus d’informations, se rendre sur le site de l’Eglise Orthodoxe des Gaules (www.eglise-orthodoxe.eu/orthodoxe_gaul ).
Eric TIMMERMANS.
Sources : « Guide de Paris mystérieux », Les guides noirs, Editions Tchou Princesse, 1978.