Paris Vox a le plaisir de proposer à ses lecteurs une sélection des retranscriptions écrites des chroniques d’Arnaud de Robert, diffusées quotidiennement dans la matinale de Radio Libertés.
Autant la campagne pour le premier tour, la longue campagne commencée en fin d’année dernière, avait été conforme à ce que l’oligarchie définit comme la « fin des idéologies », avec ses débats insipides, sa médiatisation forcée, sa starification à outrance, autant depuis le soir des résultats de ce premier tour, l’Histoire semble s’être remise en marche. A tous points de vue d’ailleurs, et pour le meilleur et pire. S’il est vrai que l’arrivée au second tour de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron, conforme aux prévisions les plus anciennes, n’a finalement rien de surprenant malgré les tentatives de suspens portées par les médias, il n’en demeure pas moins que ce résultat fait tout exploser. On essaie bien sûr d’imposer depuis, à grands renforts de propagande télé, l’affrontement entre la France d’hier, repliée, stressée, sécuritaire et raciste à la France de demain, ouverte, radieuse, métissée et tolérante.
C’est beau, c’est beau comme un feuilleton américain, mais c’est faux. Et le réel se charge de nous le prouver depuis le début de la campagne du second tour. Car, depuis ce moment, l’Histoire, celle de la France mais aussi la petite, celle des hommes est convoquée quotidiennement au tribunal du choix. Et par un effet de paradoxe que seules des situations explosives et décisives savent provoquer sur le tempo du monde, l’Histoire s’est mise en marche du côté de madame Le Pen alors qu’elle ne cesse de faire marche arrière dans les mains de Macron. Quand sur le parking de Whirlpool, la candidate du Front National est venue parler aux hommes, le leader d’ « En marche ! » a préféré institutionnaliser le rendez-vous, triant ses interlocuteurs sur le volet. Cette façon de faire l’a immédiatement identifié à ce capitalisme triomphant et plein de morgue des XIXe et XXe siècles qui faisait fi de la souffrance des hommes pour ne parler que le langage de l’argent et de la productivité. Cette suffisance, déjà pavoisée à la Rotonde lors d’une sauterie très bobo-branchée show-biz, a cassé d’un seul coup la pseudo-dynamique, essentiellement communicante, d’Emmanuel Macron. Le recours a alors été encore une fois des plus classiques : les sombres heures de notre Histoire.
La vérité, c’est que les français aujourd’hui malmenés par la mondialisation, la crise économique et financière, confrontés à l’immigration de masse, ont autre chose à faire que de recevoir des leçons de culpabilisation collective.
On peut y voir une tactique éprouvée et judicieuse, j’y lis au contraire la limitation de l’intelligence du staff de Macron. Limitation conceptuelle qui transpire le logos appris dès le plus jeune âge. Agiter la peur du méchant Nazi comme ultime recours. Convoquer l’Histoire douloureuse de notre pays pour disqualifier madame Le Pen. Voilà bien Le défaut de cette oligarchie si persuadée de la validité permanente de son arme de masse. La vérité, c’est que les français aujourd’hui malmenés par la mondialisation, la crise économique et financière, confrontés à l’immigration de masse, ont autre chose à faire que de recevoir des leçons de culpabilisation collective. Pourtant Macron a déroulé l’artillerie lourde. Oradour sur glane, le musée juif de la déportation, l’attentat contre de Gaulle, le pétainisme même pour contrer Dupont-Aignan, la mort de Brahim Bouarram hier matin encore. Alors que Macron réanimait une histoire vielle de 22 ans et dans laquelle le FN avait été très tôt disculpé, pas un mot sur le CRS gravement brûlé hier après-midi par le cocktail Molotov d’un militant d’extrême-gauche. Parfois, il vaut mieux suivre le quotidien que vouloir utiliser l’Histoire … Et plus Macron la convoque l’Histoire, plus il accumule les bourdes, les erreurs historiques et les fautes de communication. Sa tactique du rétroviseur sonne faux, tape à côté. Il ne parle que du passé alors que Marine Le Pen part à la rencontre de ceux qui travaillent, connaissent la difficulté, vivent et font la France. Macron est bien en marche, mais en marche arrière. Et cette marche arrière entraine un renversement de centralité. Macron, normalement favori est en train de devenir outsider, dépassé par une histoire qui se fait sans lui. Et la presse même de se morfondre de cet état de fait en se demandant quelle tactique Macron devrait adopter face à la candidate patriote. A ce titre, le débat de mercredi soir s’annonce historique. Premier débat pour un candidat du Front National, il est aussi celui du passé comme « rempart démocratique » de l’avenir contre celui d’une Histoire vécue qui façonne le futur. Sacrée histoire en perspective ! Bonne journée !