Paris Vox – Un champ de parapluies se dresse devant la tribune. Sous le regard du Maréchal Foch, qui trône sur la place du Trocadéro, plusieurs dizaines de milliers de personnes se rassemblent autour du podium installé au creux du palais Chaillot. Il pleut, comme une métaphore de la campagne de Fillon. Les drapeaux bleu-blanc-rouge s’agitent au fur et à mesure que le podium s’emplit des quelques élus n’ayant toujours pas quitté le navire.
Personne ne peut nier l’homogénéité ethnico-social du public – la manifestant type étant blanc quinquagénaire et issu des milieux bourgeois et catholiques de la capitale ou de la province. En somme l’individu qui s’est déplacé ce dimanche n’est autre que celui qui s‘était déplacé massivement aux primaires pour aller voter Fillon.
Dans un premier temps interviennent divers élus. De Eric Ciotti à Luc Chatel, les discours se ressemblent tous : on ne parle pas de la candidature de François Fillon, on insiste sur les grands thèmes de droite et on stigmatise les concurrents directs du candidat de la droite et du centre. On vilipende Macron, sa continuité du hollandisme et son carriérisme. Et on attaque Marine Le Pen, sa « fermeture » et son irresponsabilité quant aux sujets économiques. À l’évocation de Macron les manifestants hurlent à l’unisson. Force est de constater que c’est moins le cas pour Marine Le Pen. Les discours se suivent et se ressemblent. Ils martèlent les mots clés du libéral-conservatisme : liberté, sécurité, autorité, moins d’impôts et de dépenses publiques. Le public est à point, il est temps de faire entrer leur héros.
« Ils pensent que je suis seul » entame le candidat de la droite républicaine. Sous une pluie qui se fait insistante et des tonnerres d’applaudissements, François Fillon va déployer son discours fait sur mesure pour le public qu’il a devant lui. Il ne cesse de se présenter comme une victime – « ils veulent que je sois seul » – et de ce fait victimise ses électeurs. S’il est la cible de tous, son électorat l’est nécessairement aussi, dit-il. Il déplore vivement les multiples défections dans son camp en parlant d’irresponsabilité face à la gravité des événements : à la « descente dans un long hiver historique » qu’a connu notre pays sous le socialisme. Accompagné par la vindicte populaire, François Fillon finit de faire le portrait de François Hollande et de son quinquennat. Références négatives à la 4ème république, « pays déclassé », absence d’« intérêt national », gestion plutôt que gouvernement ; le quinquennat de François Hollande n’a cessé d’échouer. Le reste du discours se compose de références littéraires héroïques et enthousiasmantes rendant à la France sa grandeur et son histoire à l’instar de Gavroche, censé représenter la relève.
Le discours se termine et quelques rayons de soleil percent les nuages insolents. Si le public de Fillon veut y voir l’allégorie de l’espoir, d’autres y voient simplement une bonne raison de ranger le parapluie. Opération plutôt réussie donc pour François Fillon dans la mesure où l’on a vu que le délitement des soutiens ne vas pas de paire avec l’impopularité. Les derniers sondages en revanche le donnaient nettement en baisse.