Soldes d’hiver au PS

Soldes d’hiver au PS

Paris Vox – Dorénavant, Paris Vox publiera régulièrement la retranscription écrite de la chronique de commentaire d’actualité d’Arnaud de Robert diffusée dans la Matinale de Radio Libertés. Aujourd’hui, notre chroniqueur se penche sur la poussive “primaire de la gauche” sorte de mauvais remake de celle de la droite…


Cette année, les soldes arrivent en avance. Enfin du moins au Parti Socialiste. Objectif : vendre la primaire des présidentielles à tout prix. C’est une obsession d’ailleurs partagée bien au-delà des clivages et des inimitiés. C’est cela aussi les primaires. Avec la politique show-bizz, la starification télévisuelle et l’emprise médiatique, il faut absolument vendre du spectacle. Or, force est de constater que pour les français, la primaire de droite a déjà été certes amusante mais longue. En plus, dans la tête des gens, l’alternance est déjà faite et rendue nécessaire par le quinquennat présidentiel le plus calamiteux de l’histoire de la cinquième république. Un peu comme si Fillon était déjà président ou plutôt comme si les seuls adversaires qui lui étaient destinés se trouvaient maintenant hors du P.S.

Dans la tête des gens, l’alternance est déjà faite et rendue nécessaire par le quinquennat présidentiel le plus calamiteux de l’histoire de la cinquième république

Pauvre P.S., on dirait un poulailler à l’heure de la visite du renard. Il faut dire que Hollande ne leur a pas facilité la tâche. Car, ce qu’il faut bien maintenant appeler son « Renoncement » a paralysé les candidats putatifs pendant des mois. Il ne faut jamais regarder François Hollande comme un gentil nain de jardin au sourire benêt. Je sais, je sais, c’est tentant et cela provoque toujours un p’tit sourire en ces temps moroses, mais c’est une erreur.  Car, par son renoncement tardif, Hollande a miné les déjà minces chances de victoire de son propre camp. Il a bloqué l’émergence d’hommes nouveaux, ou en tout cas moins compromis. Là où Juppé s’était déclaré depuis deux ans, Fillon depuis pratiquement autant de temps et Sarkozy depuis un an, Montebourg doit être le plus ancien avec trois-quatre mois de campagne pour seulement quelques semaines à Valls, Hamon et quelques jours à Peillon.

Mais Hollande a également empêché la rédaction de programmes ou d’ébauche de programmes sérieux. Montebourg ou Hamon ont bien quelques petites choses en soute, mais Valls est vide (il a d’ailleurs annoncé qu’il travaillerait son programme pendant les vacances de noël) et Peillon fait de la figuration. Tous se bornent à se présenter en candidats du rassemblement, maigre comme vecteur d’accroche d’un électorat de gauche déjà passablement dépité. Sans parler du bilan en forme de Tchernobyl politique que le p’tit François laissera à défendre par ses suivants. Un vrai cadeau empoisonné. Je ne peux m’ôter l’idée qu’Hollande l’ait fait exprès. « Je n’y vais pas ? Ok, alors personne ne gagnera ».  Je l’entends bien dire ça.

Brader le droit d’entrée de 50% pour le vote au primaires, 1 euro ma bonne dame, un euro la primaire !

Alors après, c’est sûr, pour vendre tous les arguments sont bons. Comme brader le droit d’entrée de 50% pour le vote au primaires, 1 euro ma bonne dame, un euro la primaire ! Moins cher qu’à droite ! Le ridicule ne tue plus et c’est bien dommage. Ou encore inaugurer via le net son QG de campagne comme Valls mercredi. Ou encore baisser son pantalon toujours comme Valls en proposant de réformer la Constitution pour en supprimer le 49.3 après l’avoir utilisé 6 fois. Mais assume Manu, le temps n’est pas au léchage de bulletin ! C’est Macron et Mélenchon qui doivent se marrer.

Cette primaire bradée, sorte de discount de la primaire de droite s’annonce donc comme un fiasco. On sait qu’elle intéressera moins et même un strip-tease de Marisol Touraine ne ferait pas grimper l’audimat (l’image un tantinet flippante, vient de me traverse l’esprit). Ce qui pend au nez du P.S. c’est un très probable effondrement, peut-être une disparition pure et simple. Et si Valls sort vainqueur, il devra aller draguer Macron pour espérer quelque chose.

Oh ! On ne va pas regretter tout ce beau monde. On les a vus trop vu, ad nauseam. Mais au-delà de leur numéro de cirque, de leurs mines de clowns tristes, c’est un peu plus du champ politique qui s’évapore. C’est une certaine idée du politique qui disparait. Née dans la grandeur hautaine du gaullisme, cette cinquième république agonise dans les querelles de boutiquiers. Ce petit théâtre de guignol n’honore en rien notre pays, cette France de qui l’on se moque de plus en plus à l’étranger.

Alors on espère un sursaut, une verticalité dure, clivante et positivement agressive. On attend, on espère et on attend. Jusqu’à quand ? Allez bon week-end.