Quand Jean-Luc Mélenchon défendait le Traité de Maastricht

Quand Jean-Luc Mélenchon défendait le Traité de Maastricht

Paris Vox – Les hommes politiques sont souvent changeants et l’électeur a la mémoire courte. Ainsi est-il intéressant de se souvenir que l’actuel champion de « la gauche de la gauche », contempteur des dérives libérales de l’Union Européenne et farouche anticapitaliste fût un ardent défenseur du Traité de Maastricht, pierre fondatrice de l’Europe libérale et du règne du marché sur le continent.


 

C’est en effet notamment dans les pages de la revue de la Nouvelle Droite « Krisis » (numéro 13 -14 « Europe ? », pp 74 -92) que nous avons retrouvé la prose pro-Maastricht de Jean-Luc Mélenchon. Il est vrai que c’était alors la position officielle du Parti socialiste dont il était un membre éminent et déférent.

Dans ces pages, il est opposé au gaulliste Gilbert Pérol (voir ci-dessous) qui milite pour le « non » au Traité.

Le leader du « Parti de gauche » entame sa défense du Traité en ces termes « C’est la réalisation d’une étape décisive vers l’union politique de l’Europe. Le marché unique devenant une réalité à partir de 1993, les questions qui se posent désormais sont celles du pouvoir politique et de la citoyenneté. Dans ce domaine, il est incontestable que la Traité de Maastricht nous fait avancer d’un pas. »

Ensuite,  on peut y lire, sous la plume du héros de la « gauche radicale que « le capitalisme étant ce qu’il est, le marché unique va produire mécaniquement des systèmes de protection vis-à-vis de l’extérieur, ce dont je me félicite car je me définirais volontiers comme un nationaliste européen. » Toutes les victimes des délocalisations qui ont eu lieu depuis lors apprécieront cette pensée visionnaire à sa juste valeur.

Plus loin il affirme : « Or comme c’est au niveau européen que réside aujourd’hui l’efficacité véritable de la décision, le seul pouvoir qui ne soit pas une mystification est nécessairement celui qui peut s’exercer à l’échelle de l’Europe. » Dans ce cas, à quoi bon se fatiguer à se présenter à l’élection présidentielle française ? Apparemment, sur ce point aussi, Jean-Luc Mélenchon a changé d’avis.

Il y a par contre des fondamentaux inchangés chez Jean-Luc Mélenchon, par exemple lorsque il affirme « vous trouverez difficilement plus jacobin que moi […] je fais mienne cette phrase de Saint-Just « L’obscurantisme parle bas-breton, le fédéralisme parle basque, la raison parle français ! »

Le numéro de la revue “Krisis” contenant ce passionnant débat est toujours disponible à la vente.

Gilbert Pérol : Né en 1926 à Tunis au temps du protectorat, celui-ci fut un diplomate hors normes, en poste au Maroc, en Ethiopie, dans l’Algérie des débuts de l’indépendance, mais aussi à l’Elysée, et le témoin des grands événements du siècle : décolonisation, affrontement Est-Ouest, construction de l’Europe, conflit israélo-palestinien… Revendiquant l’enseignement social de l’Eglise, il fut également acteur de la mise en place de relations entre la chrétienté et l’islam. Gilbert Pérol croyait profondément à une « certaine idée de la France ». Cette idée, qu’il élabora dans son compagnonnage avec le général de Gaulle, s’incarnait pour lui dans le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.