L’abbaye de Westmalle : des moines trappistes qui brassent de la bière pour la charité !

L’abbaye de Westmalle : des moines trappistes qui brassent de la bière pour la charité !

Paris Vox – Située au cœur de la Belgique flamande, l’abbaye Notre-Dame du Sacré-Cœur de Westmalle abrite depuis 1794 une communauté de moines trappistes qui ont vécu bien des péripéties avant de s’installer là. Entre travail aux champs et brasserie de bières, l’abbaye rayonne depuis plus de deux siècles sur la région et contribue à la faire vivre ! Suivez Divine Box pour découvrir cette belle abbaye de Westmalle !

L’abbaye de Westmalle, reconnaissable entre toutes avec ses très belles briques rouges  – © Divine Box

Tout commence grâce à la Révolution…

L’origine de l’abbaye de Westmalle remonte à la Révolution… En 1791, les moines de l’abbaye de la Trappe de Soligny en Normandie se sont réfugiés temporairement en Suisse pour échapper aux révolutionnaires. Le supérieur de l’époque, Augustin de Lestrange, plutôt téméraire, pense trouver au Nouveau-Monde un cadre plus favorable pour conserver l’ordre. Il envoie pour cela en 1794 un groupe de 10 moines en direction… du Canada, rien que ça ! Malheureusement, ces derniers sont stoppés net à Amsterdam à cause du climat d’insécurité qui empêche le départ des bateaux ! Leur plan tombe à l’eau … Le détachement de moines fait donc marche arrière, un peu bredouille, et finit par atterrir en Belgique où ils fondent le monastère de Westmalle ! Ils s’installent donc en juin 1794 au domaine de Nooit Rust (c’est-à-dire “never rest”, ou “jamais-de-repos”), où ils trouvent sur place une ferme modeste mais complète, ainsi qu’un accueil bien chaleureux de tout le village! Ouf !

Des guerres et des fuites…

Quelques jours seulement après leur arrivée à Westmalle en 1794, la Belgique est envahie et les moines doivent à nouveau fuir. Même pas le temps de souffler ! Ils reviennent cependant en 1802, un an après le concordat de Napoléon qui rend le contexte politique plus serein. Les constructions démarrent (enfin !) et les moines travaillent à la ferme où ils produisent du beurre avec le lait des vaches. Mais les troupes en mouvement (prussiens, russes…) se succèdent dans la région, réquisitionnant sans vergogne l’abbaye, ce qui rend la vie monastique très pénible. Et pour couronner le tout, en 1811, les moines sont chassés une nouvelle fois car Napoléon décide de supprimer de force tous les couvents de La Trappe. Les moines reviennent finalement en 1814, et cette fois, c’est pour de bon (promis!).

Une communauté qui rayonne !

Après une période d’installation compliquée, la communauté des moines de Westmalle prospère : le prieuré est notamment élevé au rang d’abbaye en 1836 ! Ils produisent alors de la bière, du fromage et des draps, leur élevage est florissant, leurs vignobles réputés, et les vocations de plus en plus nombreuses ! La vente de bière, régulière depuis 1865, permet de dégager des revenus bien utiles à la communauté. Ainsi, de nombreuses constructions sont entreprises et l’abbaye, terminée en 1900, est celle que l’on connaît aujourd’hui !

L’histoire de l’abbaye de Westmalle est cependant entachée par la Première Guerre mondiale. Les vignes sont arrachées, les cuves de la brasserie démontées, et les moines doivent fuir, encore ! Mais heureusement, les années suivantes sont plus calmes et économiquement plus sereines pour l’abbaye, notamment grâce à la production… de bière !

La plus vieille brasserie trappiste du monde en activité, qui contient encore de très belles cuves en cuivre – © Divine Box

Et aujourd’hui ?

Aujourd’hui, la communauté de Westmalle compte une vingtaine de moines trappistes, et suit donc la règle de saint Benoît « ora et labora » (« prie et travaille »). Les moines prient donc huit fois par jour (le premier office est à 4h !), et bien sûr travaillent de leurs mains ! Entre la boulangerie de l’abbaye, la fromagerie, et les vaches, poules et autres cochons, les moines ne chôment pas !

Et même s’ils ne sont plus engagés physiquement dans le brassage de leurs bières trappistes, les moines continuent de contrôler tout ce qu’il se passe à la brasserie de l’abbaye de Westmalle : volumes, recettes, employés, organisation, etc… On vous en parle juste après !

Les moines de l’abbaye de Westmalle suivent la règle de Saint Benoît, “ora et labora” – © Divine Box

Et la bière dans tout ça ?

En plus de créer des emplois localement et de soutenir des associations (en raison des bénéfices dégagés supérieurs aux besoins de la communauté – c’est un principe trappiste), ces différentes activités brassicoles permettent d’assurer la subsistance de la communauté, et de rendre le monastère autonome et indépendant, comme prescrit par la règle de Saint Benoît ! Pas mal, non ?

Plus concrètement, l’abbaye de Westmalle brasse trois bières :

  • la Westmalle Tripel, la plus connue est, une bière trappiste blonde qui titre à 9,5% (vol.). Brassée depuis 1934 (la recette actuelle date de 1956) par les moines de l’abbaye, elle est souvent surnommée « la mère de toutes les triples », car elle est la première bière du monde de la catégorie des triples ! Ce terme fait référence à la triple dose de matières premières que contenait à l’origine cette bière. En 1934, la Westmalle Tripel contenait en effet trois fois plus de malt, de houblon et de levure que la bière trappiste originelle de Westmalle. Aujourd’hui, tout le monde utilise le terme « triple » pour simplement désigner un style de bière : la bière blonde forte, dont le degré d’alcool oscille entre 7 et 10% (vol.) ! Mais la toute première triple… c’est eux !
  • la Westmalle Dubbel, depuis 1856, toute première bière « dubbel » du monde ! Et vous savez désormais ce que cela signifie…
  • la Westmalle Extra, l’historique bière de réfectoire des moines : blonde, très légère en alcool et rafraichissante. Voilà pourquoi les moines peuvent en boire à l’occasion (et à l’occasion seulement !)

La Westmalle Dubbel et la Westmalle Tripel, deux bières emblématiques de l’abbaye- © AIT

Pour en savoir plus

Et voilà, vous en savez des choses maintenant ! Il est possible de passer quelques jours à l’hôtellerie de l’abbaye, et de retrouver dans la boutique tous les produits, fromages, et bien sûr bières de l’abbaye : ça se passe ici : Abbaye Notre-Dame du Sacré-Cœur de Westmalle, Antwerpsesteenweg 496/N12, 2390 Malle, Belgique.

Et si vous ne pouvez pas vous déplacer jusqu’à Westmalle, il y a tout ce qu’il faut sur Internet :