Paris Vox – Le monastère de la Grande Chartreuse a de quoi plaire et intriguer plus d’un visiteur… Déjà, on ne peut aller le voir qu’à pied car il est situé à 1190 mètres d’altitude ! Et, en plus, ce monastère est gardien de précieuses recettes de liqueurs ultra-secrètes. Incroyable, non ? Divine Box vous raconte tout : attention, c’est parti !
Vue aérienne du monastère de la Grande Chartreuse © Le Pèlerin
Un lancement providentiel !
En 1084, l’évêque de Grenoble (futur saint Hugues) a une vision particulière ! Il voit sept hommes voulant louer Dieu dans une montagne appelée “Chartreuse”. En parallèle, il reçoit la visite d’un universitaire de Cologne (le futur saint Bruno), accompagné de six compagnons. Bingo ! Les voilà en direction de la montagne pour s’isoler, et prier en se consacrant à Dieu. La construction d’un monastère commence alors doucement, avec comme vision d’allier vie communautaire et vie solitaire : chaque moine a sa cellule propre, et toutes les cellules indépendantes sont reliées entre elles par une galerie qui mène à l’église et au réfectoire.
Une fois ce monastère construit, Bruno part en Italie pour fonder une deuxième “Chartreuse” sur le même modèle, puis meurt en 1101. Cette année-là, il n’existe toujours aucune règle écrite posant les principes de la vie des moines : il faudra attendre les “Statuts” de Guigues le Chartreux en 1127, qui vont se diffuser ensuite dans toutes les Chartreuses d’Europe.
Le monastère de la Grande Chartreuse enneigée © Courrier international
Un développement rapide, avant les difficultés
Au XIVe siècle, il existe 150 chartreuses qui suivent le modèle de la Grande Chartreuse. Chaque maison a un prieur et tous font des réunions régulières autour d’un petit verre de liqueur (bue avec une immense modération, vous vous en doutez). Mais à partir de la fin du XIVe siècle, à cause des guerres, les maisons ferment une à une… Et les incendies n’arrangent pas les choses ! Et après la Révolution, il n’y a plus aucune chartreuse en France, même la Grande Chartreuse est fermée… vous imaginez ? Et ce n’est pas fini après leur retour ! En effet, en 1903, une loi dissout les congrégations, et la Grande Chartreuse est vidée par des gendarmes un peu honteux…
Heureusement, en 1940, après 30 ans passés en Italie, les frères repeupleront le monastère de la Grande Chartreuse. Ouf ! Et aujourd’hui, la vie y est paisible, et surtout, le plus étonnant, quasi identique au rythme des premiers chartreux !
Un moine chartreux en train de prier dans sa cellule © Monastère de la Grande Chartreuse – Zeppelin
Les liqueurs des pères chartreux
Au départ en 1605, tout démarre avec le maréchal d’Estrées, qui remet aux frères de la Grande Chartreuse un mystérieux manuscrit contenant la recette d’un élixir à base de plantes. Plus d’un siècle plus tard, frère Jérôme établit au monastère la recette définitive de l’élixir en ajustant un peu celle du manuscrit. Une recette on ne peut plus mystérieuse donc, dont on sait seulement qu’elle est élaborée avec 130 plantes différentes… Intrigant, n’est-ce pas ? Cet “élixir de la Grande Chartreuse” apparaît alors rapidement comme un puissant remède et les frères décident d’en modifier un peu la recette afin d’en faire des liqueurs agréables à déguster. Aujourd’hui, leurs trois liqueurs les plus connues sont :
- l’élixir végétal de la Grande Chartreuse, une liqueur à 69% vol. dans un bel étui en bois, qui est plus reconnue pour ses vertus actives !
- la Chartreuse Verte (50% vol) , lancée en 1764. Elle est très connue pour son ancienneté, sa couleur naturelle unique au monde (on parle de “vert chartreuse”), et son goût aux 130 plantes !
- et la Chartreuse Jaune (40% vol) bien sûr, lancée ensuite en 1836. Elle est plus douce et plus sucrée que sa soeur la verte, et fait le bonheur des amateurs !
Un moine chartreux dans les cave de vieillissement des liqueurs © Monastère de la Grande Chartreuse – Zeppelin
Quid de la situation actuelle ?
Aujourd’hui, les moines sont une vingtaine au sein du monastère de la Grande Chartreuse, et suivent toujours les Statuts définis en 1127 (Guigues le Chartreux, vous vous en souvenez ?). C’est une communauté particulièrement silencieuse et les frères sont très solitaires. Mais ils ont tout de même une vie communautaire, avec trois offices par jour (dont un à 1h du matin !), et une récréation par semaine. Pour préserver la vie de prière des moines, le monastère ne se visite pas et les moines n’ont pas de boutique ni d’hôtellerie. Alors pour satisfaire les petits curieux, un musée a ouvert en 1957 !
Le Frère Jean-Jacques est l’un des deux moines qui connait la recette de la chartreuse © La Presse
Découvrir les produits du monastère de la Grande Chartreuse
Et voilà, vous savez maintenant (presque) tout sur ce monastère malgré les nombreux secrets. N’hésitez pas à faire une balade aux alentours, c’est un endroit magique ! Notamment en passant au musée : Musée de la Grande Chartreuse, La Correrie, 38380 Saint-Pierre-de-Chartreuse. Mais si ce n’est pas la porte à côté de chez vous ou que vous n’êtes pas un adepte de la marche à pied, vous pouvez aussi cliquer ici pour acheter en ligne les produits du monastère de la Grande Chartreuse.