Quelle mission pour les forces de l’ordre ?

Quelle mission pour les forces de l’ordre ?

Paris Vox – (Tribunes) Et si le vrai problème des forces de l’ordre résidait dans leur mission ?

Ces derniers mois, le Landerneau politique s’est écharpé autour de la loi dite « sécurité globale » ou plutôt autour de son article 24 devenu 52 visant à protéger les forces de l’ordre en service en pénalisant la diffusion malveillante de leur image.

On aura tout entendu autour de cet article, je ne vais pas y revenir de manière exhaustive.

Si j’ai toujours trouvé ridicule l’opposition systématique aux forces de l’ordre constituées principalement (mais pas uniquement, d’où le problème) de personnes essayant de faire au mieux leur travail, je retiendrai comme arguments recevables, entre autres, à l’opposition à cet article le fait que la diffusion d’images malveillantes constitue déjà un délit et que, à l’instar d’innombrables reprises, on préfère légiférer et créer de nouvelles lois se superposant à celles existantes plutôt que de faire appliquer ces dernières ; le fait que déterminer la malveillance d’images par ceux-là mêmes qui sont visés par ces images me semble problématique… Ainsi, dans le contexte actuel, un gilet jaune filmant un CRS venant d’éborgner son camarade risquera sans doute plus qu’une racaille agressant une patrouille de police en bande organisée.

Cependant, il y a un point que personne, à ma connaissance (mais je ne prétends pas être omniscient), n’a abordé, c’est celui de la mission des forces de l’ordre. Entré en vigueur en 2014, l’article R. 434-2 du code de déontologie de la police et de la gendarmerie stipule que « la force publique est placée sous l’autorité du ministre de l’Intérieur pour l’accomplissement des missions de sécurité intérieure et agissant dans le respect des règles du code de procédure pénale en matière judiciaire, a pour mission d’assurer la défense des institutions et des intérêts nationaux, le respect des lois, le maintien de la paix et de l’ordre public, la protection des personnes et des biens ». C’est passé relativement inaperçu et pourtant ça a une importance fondamentale ; les forces de l’ordre ne sont plus là pour défendre les citoyens, mais pour défendre la république !

La police et la gendarmerie (mais aussi l’armée) auraient donc pour mission de s’opposer à la légitimité d’un pouvoir voulant instituer un ordre fasciste, communiste, mais aussi une démocratie directe par exemple. On pourra relever, en passant, que toute sécession, pouvant être légitime pour un certain nombre de peuples y aspirant quoiqu’intégrés à la nation entre dans ce cadre… Cela va à l’encontre de l’article 12 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « la garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée ».

Ce changement de paradigme est l’œuvre de Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, dont on ne dira jamais assez à quel point il fut néfaste à notre pays même s’il passe aujourd’hui plus pour un guignol que pour un fossoyeur de nos institutions. Alors, s’indigner aujourd’hui des abus de la police visant nos camarades, du manque de bienveillance et d’empathie de celle-ci, des libertés prises avec la déontologie, c’est bien, mais c’est un peu tard.

Je ne comprends pas que nous ne nous soyons pas mobilisés contre ce changement de mission dévolue aux forces de l’ordre.

Pierre Pillerault