La Super Ligue, morte aujourd’hui pour mieux renaitre demain ?

La Super Ligue, morte aujourd’hui pour mieux renaitre demain ?

Paris Vox – (Tribunes) Le landerneau médiatique s’écharpait depuis 48 heures au sujet de la tenue ou non de la “Super Ligue” européenne de football. Son retrait – temporaire -, satisfait les amoureux du ballon rond.

La super ligue aura donc vécu avant même d’être née, à la grande satisfaction de la majorité des amateurs de football.

Pour ma part, j’étais bien évidemment opposé à ce projet, non pas tant du fait du caractère supranational d’une compétition regroupant les meilleures formations du continent, ce qui n’aurait rien d’illogique, mais du fait que ce soit une ligue fermée, ce qui représenterait pour moi la négation totale de ce que j’aime dans le sport, l’avènement de nouveaux acteurs plus méritants que certains historiques en place et la confrontation entre plusieurs types de jeux de cultures différentes.

À titre d’exemple, je trouve parfaitement inique le fait que l’Italie ait intégré le tournoi des cinq nations (devenant tournoi des six nations) sur simple décision alors que la Roumanie a longtemps eu une équipe de rugby meilleure que la transalpine et que cela freine les éventuelles progressions de pays comme la Géorgie qui sont juste derrière, mais c’est un autre sujet.

Par contre, ce que je trouve ahurissant, c’est de voir l’UEFA se muer en parangon de vertu ; cette institution, beaucoup plus affairiste que sportive, est autant responsable de la situation que les grands clubs qui ont voulu s’en affranchir. Est-il besoin de lister les offrandes faites à l’argent roi depuis des décennies à commencer par le désastreux arrêt Bosman qui a dépecé les grands clubs de l’est comme l’Étoile Rouge de Belgrade ou le Steaua Bucarest, anciens vainqueurs de la C1 qui n’ont aujourd’hui plus aucune chance de briller sur la scène continentale.

De réforme en réforme, jusqu’à cette incompréhensible nouvelle mouture de la coupe d’Europe que l’institution compte mettre en place, le marketing a pris le dessus sur le sens sportif pour faire du football non plus en sport, mais un spectacle. Pour ne pas vouloir comprendre que l’amateur de football moyen, s’il est prêt à faire des sacrifices pour suivre son club, n’a pas les ressources suffisantes pour multiplier les abonnements hors de prix à des chaînes sportives et qu’il préférera toujours voir un match de son club favori qu’une opposition entre deux effectifs, si riches soient-ils, qui n’aboutit pas à un enjeu immédiat.

Les formules de poule, peuvent faire le bonheur de publics plus ou moins lointains ne connaissant rien au football, mais n’attire pas le supporter de base ; ce qui rend la coupe d’Europe excitante, ce sont les tours à élimination directe. Si l’UEFA n’est pas capable de maintenir cet engouement, est-elle plus légitime que les clubs eux-mêmes pour organiser les compétitions ?

Ne nous leurrons pas, cette Super Ligue reviendra sur la table tôt ou tard et aboutira si l’UEFA continue à se comporter en organisme d’affaires plus qu’en garant des valeurs sportives.

À bientôt.

Pierre Pillerault