Mobilisation de la réserve militaire : qu’attend la France ?

Mobilisation de la réserve militaire : qu’attend la France ?

Paris Vox – (Tribunes) – Alors que d’avis d’expert, le gouvernement a tardé plus que de raison avant de décréter un confinement national sans le nommer, de nombreuses photos et vidéos circulent sur les réseaux sociaux attestant du non-respect des consignes par un trop grand nombre de personnes sur le territoire français. Malgré tous les efforts des forces de l’ordre pour faire respecter cet acte citoyen basique, un mélange d’irrévérence culturelle et d’inconscience crasse plane dans toutes les villes et campagnes et menace gravement les contrevenants, les personnes qu’ils seraient amenés à contaminer ainsi que notre système de santé à bout de souffle alors que la crise ne fait que commencer.

Hier, le professeur Jérôme Salomon, directeur général de la santé ,a dressé un bilan alarmiste : le nombre de cas doublerait désormais chaque jour et la situation ne ferait que s’aggraver. Alors que le nombre total de morts français du virus est fixé à 264, la seule journée d’hier a vu 89 personnes s’ajouter à cette triste liste. Le Président l’a rappelé, nous n’en sommes qu’au début de la crise et des moments très durs nous attendent encore. Il suffit de regarder notre voisin italien qui a dépassé les 3405 décès avec cette journée record du 18 mars et 475 morts en seulement 24h !

Après l’Italie puis l’Espagne qui ont mobilisé leur armée afin de faire respecter le confinement et appuyer tous les acteurs mobilisés au cœur de la crise, l’Allemagne vient d’annoncer la mobilisation de ses réserves militaires.

Pendant ce temps, la France reste fidèle à sa tradition attentiste : non seulement la garde nationale n’a toujours pas été mobilisée ni ses personnels sensibilisés à la chose, mais de plus son non emploi serait une posture délibérément assumée par le commandement. Sans organisation préalable au sein des unités d’affectations le déploiement serait dans tous les cas long et fastidieux et à ce jour les commandants d’unités de réserve n’ont toujours pas été mis en alerte.

La garde nationale française a été refondée en 2016 au cœur des vagues terroristes islamistes frappant le pays. Cette dernière, héritière d’une longue tradition française remontant à la révolution, représente le fer de lance des armées françaises en tout ce qui touche au lien armée/nation sur le territoire français. Regroupant les réserves opérationnelles des armées, de la police et de la gendarmerie, ce sont 70 000 personnels dans lesquels l’Etat peut piocher pour appuyer les forces de sécurité mais aussi toute institution qui le nécessiterait en cas de crise. Constamment déployés sur l’opération SENTINELLE (antiterrorisme), l’opération Héphaïstos (lutte anti-incendie), l’opération HARPIE (lutte contre l’orpaillage illégal) ou patrouillant au quotidien pour renforcer les forces d’active de la gendarmerie, un très grand nombre d’entre eux ont d’ores et déjà contacté leurs unités d’appartenance pour se porter volontaires selon nos sources.

Laisserons-nous encore passer de précieux jours et de précieuses semaines avant de mobiliser réellement les moyens à la disposition de l’Etat ?

Chacun de ces personnels est formé au danger biologique et à l’action de sécurisation et d’assistance au cœur de la population française. Laisserons-nous encore passer de précieux jours et de précieuses semaines avant de mobiliser réellement les moyens à la disposition de l’Etat ? Emmanuel Macron et le gouvernement réfléchissant actuellement à durcir l’arsenal juridique à leur disposition en promulguant l’état d’urgence sanitaire ne pourraient-ils pas commencer par utiliser tous les moyens humains déjà à leur disposition pour faire appliquer les premières mesures mises en place ?

En attendant, les forces de sécurité intérieures, le personnel soignant ainsi que la population toute entière a les yeux tournés vers le gouvernement en attendant des moyens matériels qui ne viennent pas. Plus de masques pour les infirmières et les médecins, plus de gel hydrologique pour les policiers, plus de pâtes dans les supermarchés… Et pendant ce temps, des images de pillages en bandes organisées de grandes surfaces : tantôt dans un Lidl à Aubervilliers, tantôt dans un Auchan à Trappes, des policiers pris à partis dans les quartiers « sensibles » refusant la quarantaine, une mutinerie à la prison de Grasse… et tout cela en seulement trois jours. Le syndicat policier « Synergie » qualifiait même hier d’« illusoire » la volonté gouvernementale de faire appliquer ces règles sanitaires avec les seuls moyens déployés…

Il apparaît donc clairement aujourd’hui que les forces de sécurité intérieures usées par un an et demi de gilets jaunes se réunissant une fois par semaine dans quelques villes de France ne pourront pas seules sécuriser sur tout le territoire les hôpitaux et les personnels soignants, faire appliquer le confinement, assurer le ravitaillement vital des populations ou encore comme en Italie assurer l’évacuation de centaines de cercueils hors des villes… Il est donc temps de mobiliser une force qui coûte chaque année plusieurs dizaines de millions d’euros à l’instruction et dont les personnels ne demandent aujourd’hui qu’une chose : servir !

François Lecahm