Paris Vox – Mamadou Kébé s’était lui-même baptisé « le soldat de Serge Dassault ». Pendant de nombreuses années, il avait servi Serge Dassault, le magnat de l’armement, dans ses différentes conquêtes électorales.
Né à Corbeil au début des années 1980 d’une famille sénégalaise, Mamadou grandit dans les quartiers « difficiles » de la ville de l’Essonne. Comme tant d’autres, il fait le choix de la petite délinquance. Après un tour par la case prison au début des années 2000, il rencontre Serge Dassault qui fait déjà office de baron local. Mamadou Kébé va alors devenir un des relais de l’homme d’affaires dans les quartiers de l’immigration de Corbeil.
En échange de cadeaux divers et variés (logements sociaux, permis de conduire, promesses d’embauche etc.), Mamadou Kébé va inciter de nombreuses familles à aller voter pour celui qu’il surnomme « Sergio ». Au fil des années, il va gravir les échelons de cette armée privée pour devenir la voix de Serge Dassault sur le terrain.
A la fin des années 2000, les méthodes électorales de M. Dassault sont découvertes, ce qui n’empêche pas les deux acolytes de dix ans de repartir en campagne pour les municipales de 2010. Serge Dassault va alors promettre une enveloppe de 1,7 million d’euros à Kébé pour l’achat des voix des quartiers de l’immigration de Corbeil. C’est cette enveloppe qui mettra fin à la relation entre les deux hommes. Mamadou Kébé sera accusé d’avoir gardé l’ensemble de l’enveloppe pour lui plutôt que de la redistribuer comme prévu. Serge Dassault portera plainte contre lui pour harcèlement et racket. Tracfin, la cellule de police financière de Bercy, lancera en parallèle une instruction pour mettre au clair les pratiques électorales de monsieur Dassault.
En mai 2018, Serge Dassault meurt. Mamadou Kébé propose alors à de nombreux éditeurs le manuscrit d’un livre ou il raconte son histoire aux côtés d’un des politiciens les plus tendancieux d’Ile de France des 50 dernières années. Un manuscrit qui sera systématiquement refusé… une attitude qui pousse de nombreuses personnes à Corbeil à douter de l’aspect « volontaire » du suicide de Mamadou Kébé. Les affaires de Corbeil-Essonne devraient continuer à intéresser la justice encore un certain temps…
