Paris Vox – Tribunes (via Présent) – « La République gouverne mal mais se défend bien », la sentence de Charles Maurras se voit une nouvelle fois pleinement confirmée au regard de la gestion de la « crise des gilets jaunes » par le gouvernement Macron-Philippe. Une gestion qui mêle répression brutale et aumône financière.
Face à la colère populaire, les institutions et leurs chefs ont tout d’abord misé sur une mâle « fermeté » sur le terrain et un silence dédaigneux comme toute communication. Misant sur l’essoufflement rapide du mouvement, ils ont laissé aux seules opérations de police la mission de régler le problème. Mal leur en a pris, la détermination et la volonté de la « France d’en bas » s’avérant plus résistantes que prévu aux coups de matraques et aux grenades lacrymogènes. Dans ce domaine d’ailleurs, les forces de l’ordre (injuste) ne lésinèrent pas sur les moyens ni sur la rudesse de leurs interventions. Véritable pluie de grenades sur les Champs-Elysées, tirs tendus de flash-ball visant parfois la tête, matraquages collectifs, personnes âgées molestées…etc. De nombreux témoignages et plusieurs vidéos attestent d’un usage parfois disproportionné ou en tout cas mal contrôlé de la violence.
On pourra d’ailleurs noter que si les médias se sont lourdement et complaisamment appesantis sur les débordements et les exactions issus des rangs des gilets jaunes, ou de leurs marges, ils se sont pour une fois montrés étrangement discrets sur les actes parfois injustifiables des forces de sécurité, eux pourtant d’ordinaire si prompts à dénoncer le moindre « dérapage » ou la plus petite supposée « bavure » de la police dès lors que ceux-ci touchent aux sacro-saints « jeunes de banlieues » ou autres étudiants gauchistes.
Parallèlement à cette répression dans la rue, des membres de la droite radicale et sociale, notamment du Bastion Social, se sont vus perquisitionnés et arrêtés plusieurs jours après leur participation supposée aux échauffourées parisiennes, placés en garde à vue plus de 30 heures, comme de véritables terroristes, et désormais en attente de leur procès, certains restant sous les verrous.
On pourra également noté le cas de Julien Coupat, arrêté samedi matin, près des Buttes Chaumont, parc parisien se situant bien loin des lieux de manifestation des « gilets jaunes » et lui aussi placé en garde à vue pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations » après que les policiers ont trouvé dans son coffre un masque, une bonbonne de peinture ainsi qu’un gilet jaune, pourtant obligatoire dans un véhicule. Il n’est pas nécessaire d’avoir de la sympathie pour le militant d’extrême –gauche pour constater là-aussi la disproportion des faits et de leurs conséquences, ce qui ressemble à une volonté de « taper » particulièrement fort sur les éléments les plus politisés du mouvement pour éviter toute « récupération » (structuration ?) de celui-ci.
Une aumône au petit personnel
Mais la répression pure ne suffisant pas au gouvernement pour reprendre la main, il a alors engagé la deuxième phase de sa stratégie : le « saupoudrage » de mini-mesures financières et fiscales, annoncées notamment lors de l’intervention télévisée mi-compassée mi-méprisante du chef de l’Etat. On retiendra plus particulièrement de celle-ci l’augmentation du smic de 100 euros (augmentation qui porterait d’ailleurs en réalité sur la prime d’activité, réduisant son champ d’application) qui ressemble malgré tout très fortement à une aumône octroyée au petit personnel afin que celui-ci cesse de casser la vaisselle. Ce sont d’ailleurs les mêmes députés qui nous expliquaient hier sans rougir leurs difficultés à vivre avec leur maigre salaire de plus de 7000 euros qui s’extasient aujourd’hui devant une telle générosité et déclarent que les gilets jaunes seraient bien ingrats de ne pas cesser leurs actions après une telle annonce.
Cette double stratégie de la carotte et de la matraque fonctionnera-t-elle ? Rien n’est moins sûr car elle démontre également l’extrême fébrilité du pouvoir qui a déjà commencé à (légèrement) reculer. Il conviendrait donc de pousser l’avantage et de maintenir la pression, en espérant que l’approche des fêtes, la perspective du sapin de Noël et de la bûche au chocolat ne viennent pas au secours d’un gouvernement visiblement nerveux et inquiet.
Xavier Eman (Article paru dans le quotidien Présent, en kiosque ou sur abonnement).