Paris Vox – La Chambre régionale des comptes (CRC) vient d’épingler la ville de Bobigny (Seine-Saint-Denis), pour de nombreux dysfonctionnements qui font penser à du clientélisme: Recrutements “irréguliers”, rémunérations “indues”, soupçons d’emplois fictifs.
Le texte sera présenté officiellement au conseil municipal mercredi soir et porte sur la gestion municipale des années 2010 à 2016, c’est à dire pendant les 4 dernières années de la gestion de Catherine Peyge, élue du Parti Communiste Français, et pendant les deux premières années de la gestion de la ville par Stéphane de Paoli de l’UDI.
Dans son rapport, dont l’AFP a détaillé une version provisoire en novembre dernier, la CRC pointe un recours plus important aux contractuels et vacataires après 2014, dans des “conditions irrégulières et génératrices de surcoûts”.
Clientélisme communautaire et ethnique ?
Dès son arrivée, la nouvelle équipe municipale, dirigée par Stéphane de Paoli, a fait l’objet d’accusations de clientélisme, ce que la chambre identifie dans 12 cas. Parmi eux : des trentenaires, titulaires d’un BEP d’artisan-boucher ou d’un brevet d’éducateur, mais rémunérés à des salaires normalement accessibles après 5, 10, voire 20 ans d’ancienneté dans la fonction publique.
La CRC revient sur l’exemple de l’embauche d’un “chef de projet événementiel”. Tête de liste du parti de l’Union des démocrates musulmans français (UDMF), celui-ci avait finalement apporté son soutien à la liste UDI. Embauché en avril 2015, son dossier montre qu’il a été absent à son poste à partir de juillet 2015 “ce qui interroge sur la réalité des fonctions exercées”, pointe la cour, qui relève qu’il a pourtant été rémunéré jusqu’au terme de son contrat, en mai 2016.
Autre irrégularité: le recrutement d’un homme condamné pour vol aggravé et outrage à personne dépositaire de l’autorité publique. Un profil pourtant “peu compatible avec les fonctions d’agent public”, pointe la CRC. Six responsables d’associations, des membres actifs ou des membres de leur famille ont aussi été embauchés, note encore la chambre. Des associations qui ont bénéficié de subventions municipales ou de financements publics et dont certains responsables “ont publiquement soutenu la campagne de l’actuelle majorité”.
Depuis le contrôle de la chambre, la ville a entrepris de régulariser plusieurs de ces situations. Elle s’est ainsi engagée à “ajuster la rémunération de quatre agents” et le contrat de cinq autres n’a pas été renouvelé, note la CRC.
Elle relève aussi que la ville est “engagée dans une trajectoire de désendettement” et qu’elle a entrepris depuis 2014 “de rationaliser sa politique de soutien aux associations”.