Extrême-gauche : des violences sans conséquences…

Extrême-gauche : des violences sans conséquences…

Pris Vox ( Tribune) – Ecartons tout d’abord l’hypothèse de manipulations ou d’infiltrations policières au sein des « casseurs » d’extrême gauche. Non pas que celles-ci soit inenvisageables – bien loin s’en faut – mais n’étant pas à cette heure formellement prouvées, elles ne sont que supputations et il n’est pas de notre propos de disserter sur ce point. Prenons donc simplement les faits bruts, tels qu’ils sont d’ailleurs assumés et revendiqués par les dits « casseurs », qu’ils soient « black blocks » (appellation dorénavant largement extensible…) ou autres. 



Désormais, tous les rassemblements sociaux visant à contester les réformes libérales du gouvernement Macron sont l’occasion pour des groupes plus ou moins nombreux de militants –organisés, motivés, équipés – « d’extrême gauche » de détruire du mobilier public et de s’attaquer à quelques cibles plus « symboliques » (agences bancaires, MacDonald’s…). Une activité sans doute ludique et stimulante pour ses protagonistes, mais dont on peut s’interroger sur l’utilité et même plus globalement sur le « sens » politique. Ce qui est certain, en tout cas, c’est que ce vandalisme de moyenne ampleur peut continuer encore fort longtemps, étant donné que, sur le fond, il ne dérange personne, bien au contraire…

Il ne dérange évidemment pas le gouvernement à qui il sert d’épouvantail et de repoussoir (le danger des « extrêmes » face aux tenants de « l’ordre libéral apaisé ») tout en finissant de discréditer la mobilisation syndicale et sociale.

Il ne gêne pas plus le « système » ni le « capitalisme » qu’il prétend combattre. En effet aucun lieu de pouvoir n’est jamais ciblé (Ministère, télévisions, siège du Medef, de Goldman Sachs, dîner du Siècle…), on se borne à s’en prendre à des succursales de troisième zone qui refleuriront après un changement de vitrine et un coup de peinture (on aura d’ailleurs ainsi participé à la croissance économique grâce aux travaux générés…).

Il est vrai que « l’affaire Coupat » a bien montré que l’activisme anti-capitaliste, lorsqu’il était véritablement pensé et organisé autour d’objectifs « vitaux » pour le système (les communications par exemple) était la cible d’une répression immédiate et implacable, allant jusqu’à la manipulation policière la plus grossière. Il est donc plus prudent de se borner à mettre quelques jours au chômage techniques des vendeurs de hamburgers smicards et des sous-cadres bancaires, que de s’en prendre aux véritables acteurs et leviers oligarchiques. Courageux mais pas téméraires, si « radicaux » qu’ils puissent paraître (surtout visuellement d’ailleurs), les « blacks blocs » et assimilés se contentent donc de déchaîner leur violence dans un cadre bien délimité par le système.

Cette violence ultra-médiatisée ne parvient finalement qu’à choquer le (petit) bourgeois et à navrer le populo qui, par nature, n’aime pas le désordre et voit surtout le coût sonnant et trébuchant (sorti de sa poche de contribuable) de celle-ci. Pas vraiment de quoi susciter un élan révolutionnaire…

Le problème de la violence politique – ou du moins l’un d’entre eux – c’est qu’elle n’a de sens et de portée que si elle correspond à une tension sous-jacente de la société… Or il n’y a pas, par exemple, d’animosité populaire contre Mac Do (on peut légitimement le regretter mais c’est ainsi…) et donc la destruction de l’un d’eux ne peut pas rencontrer d’écho et passe pour du vandalisme comme un autre… La violence politique ne peut être comprise – et donc utile – que si elle incarne certaines des pulsions non assumées du plus grand nombre ou tout au moins de larges pans de la population, qu’elle entre en écho avec de réelles préoccupations du peuple (de ce qu’il en reste en tout cas…). On peut alors éventuellement devenir le bras armé des frustrations populaires, et pas les gros bras d’une idéologie incomprise. D’ailleurs, de l’idéologie, y-en-il réellement derrière la violence telle qu’on a pu l’observer lors des incidents du 1er mai ? En vérité on peine à la discerner tant il est difficile de saisir ce que revendiquent ou à quoi aspirent ces « casseurs », au-delà de quelques slogans et mots d’ordre pavloviens ? On a bien plus le sentiment d’être confronté à une sorte de grand divertissement rageur, une jouissance de la destruction dans une optique d’anarchie (dans l’acceptation la plus simpliste du terme) et de chaos…

La violence n’a alors plus d’autre finalité qu’elle-même. C’est une violence nihiliste, donc fondamentalement anti-politique.

 Source: Zentropa