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Djihadistes « français » : Go West !

Djihadistes « français » : Go West !

Paris Vox (Tribune) – Chaque semaine, en partenariat avec Radio Libertés, nous publions la retranscription écrite de la chronique d’actualité et d’analyse d’Arnaud De Robert. Aujourd’hui, il se penche sur l’inquiétante question du retour en Europe, et en France des « djihadistes » partis combattre en Syrie ou en Irak au nom de l’Islam le plus fanatique.


Ils sont en train de rentrer. Ils sont déjà là. Plusieurs dizaines d’hommes et de femmes, une petite centaine d’enfants. Les uns en prison – une petite minorité – les autres sous surveillance, au pointage, mais libres tout de même. Ils développent tous le même discours, les mêmes arguments. Ils parlent de déception, de tromperie, d’erreur, parfois mais rarement de manipulation ou d’endoctrinement. Jamais ou quasiment de repentir ni d’excuses. Ils n’ont rien fait selon eux. Jamais combattants, jamais tortionnaires, jamais tueurs fous d’un Islam de paroxysme. Non, eux ils ont été traducteurs, secrétaires, agents administratifs, ouvriers … des emplois anonymes et inoffensifs au sein de la plus grande centrale islamiste du monde. Ils ne savent pas grand-chose, n’ont pas tout compris là-bas. Ce sont de petites gens vous comprenez ? Ils racontent leurs peurs dans les bombardements, la traque des kurdes, des soldats irakiens ou ceux de Bashar. Oui vraiment, ils ont eu très peur, ils sont traumatisés. Parce que « eux » aussi sont victimes en quelques sortes vous savez ? Maintenant ils veulent qu’on leur fiche la paix, qu’on les laisse tranquilles. Ils aspirent à une vie « paisible » selon leurs dires. Ils veulent se reconstruire et envisager l’avenir sous un autre angle. Ils souhaitent une seconde chance, un nouveau départ. Ils ont une pensée émue pour tous ceux qui là-bas sont encore coincés dans les camps de réfugiés, internés dans les prisons irakiennes ou syriennes, détenus par les kurdes ou pire, le Hezbollah. Solidaires de leurs anciens camarades, mais soulagés d’être ici, à l’abri, au chaud, sous le parapluie constitutionnel, juridique et idéologique d’une vieille et compatissante démocratie. On a beau dire, on a beau les vomir en manifestion à Raqqa, c’est quand même confortable cette mièvrerie, cette culture de l’excuse, cette irresponsabilité perpétuelle. C’est maintenant que l’on en mesure l’utilité et l’imbécilité.

Parfois, ils en rient, entre eux. Parfois, ils ont encore du mal à croire qu’ils sont rentrés presque que comme ça. Que personne ne les a menacés, que personne ne leur ait collé une balle, que personne ne les ait lynchés.

Parfois, ils en rient, entre eux. Parfois, ils ont encore du mal à croire qu’ils sont rentrés presque que comme ça. Que personne ne les ait menacés, que personne ne leur ait collé une balle, que personne ne les ait lynchés. On ne leur est pas tombé dans les bras non plus hein ? La France est un pays digne tout de même ! Mais bon, c’est sympa quand même. Surtout quand on pense au sort de ceux qui sont dans les mains des ennemis. Enfin, même pour eux cela devrait pouvoir s’arranger. Pas plus tard qu’hier, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet a fait savoir qu’en cas de peine de mort elle interviendrait. Incroyable ! Des ennemis comme ça, qui vous sauvent les miches à des milliers de kilomètres après des attentats, après des centaines de morts, on en redemande ! Peut-être même qu’en la jouant fine, certains vont pouvoir rentrer avec le statut de migrants. On dit que beaucoup ont déjà réussi le coup. Pensez-donc, lâcher la kalash et le couteau pour rentrer se faire dorloter, nourri, logé, blanchi chez l’habitant, ça vaut bien quelques jours en bateau ou quelques semaines de marche ! Certains n’arrivent toujours pas à y croire. Surtout qu’on ne leur demande pas grand-chose. Les plus connus sont certes bien ennuyés par des semaines d’interrogatoire et quelques années de prison. Mais pour les autres, les seconds, les troisièmes couteaux si vous me passez l’expression le tarif est plus léger : Trois jours d’entretien et une astreinte à pointage au commissariat. De toute façon, impossible de vérifier les dires, de savoir ce qui a réellement été fait là-bas. Rarement l’horreur tient des registres détaillés des agissements individuels. Déradicalisés ? Mais bien sûr, voyons ! « Puisqu’on est là, puisqu’on est rentré, c’est qu’on est plus des méchants ! Heu, couper la barbe ? Enlever le niqab ? Comme vous y allez ! C’est un peu rapide, il faut se ré-acclimater. Et puis finalement ces vêtements, cette pilosité, c’est très seyant. Et puis, on a pas oublié vous savez, on connait nos classiques : droit à la différence, pas d’amalgame, c’est pas ça l’Islam. On le sait on en vient de l’Islam ! »

Voilà, on en attend 5 000 comme ça dans toute l’Europe selon le ministre de l’Intérieur de Belgique. Et au moins 500 en France, minimum qui vont rentrer comme ça, pépères dans une France occupée par la baisse de dix km/h de la vitesse sur les routes, par la baisse du prix du Nutella ou la grossesse de Beyoncé. Heureux comme un vétéran du djihad en France ! Faudra pas venir se plaindre après …


Bonne semaine !