Paris Vox – La presse affirme que la Mairie de Paris va s’attaquer à la question de la “grossophobie”. Jean Ernice s’inquiète de cette société inégalitaire qui voit ses luttes sociales remplacées par des luttes communautaires.
La mairie de Paris va s’attaquer à la “grosso-phobie”. Il faut certainement s’en réjouir, il serait en effet même anormal de ne pas en parler. C’est une évidence que certains gros, personnes à forte corpulence pardon, vivent mal le regard des autres. Et être jugé sur le seul critère de son poids est évidemment excessivement réducteur. De la même façon qu’une personne de petite taille ne doit pas être vue uniquement sous cet angle là. La terre a porté de bien brillants cerveaux de tous les tours de taille, de toutes les pointures et de toutes les grandeurs!.
Ceci étant dit, on peut se demander où l’on va s’arrêter dans la lutte contre les “discriminations”.
Derrière la grossophobie, il ne faudrait en effet pas oublier d’autres discriminations…
Car la première discrimination est de ne pas dénoncer celle-ci. L’oubli et l’ignorance sont les bras armés d’une société qui discrimine.
A quand une journée de lutte contre les personnes discriminées à cause de leur calvitie? Les railleries que ce soit à la cantine ou au bistro vont bon train. Et ça, à la Mairie de Paris, tout le monde s’en contrefout ! Les chauves peuvent bien continuer à souffrir en silence ou se cacher pudiquement derrière une perruque.
Et que dire des personnes à cheveux gras, qui sont moqués, critiqués, mis à l’index? De plus cette dernière catégorie de personne doit bien souvent investir des dizaines d’euros en shampoing et produits miracles chaque semaine. Des produits qui, bien souvent, ne remplissent pas leur rôle. Et la mairie n’en parle pas non plus !
L’égalité: précepte philosophique
La lutte contre les discriminations est quelque chose de noble. Toutefois, le péril suprême de la lutte contre les discriminations est une forme de dictature de la minorité.L’égalité est un précepte avant tout philosophique, le réel étant férocement inégalitaire.
On considère d’un point de vue légal que l’égalité est le rapport entre individus qui sont égaux en droit et soumis aux mêmes obligations. Et c’est là où le bas blesse.
Au nom de l’égalité, on pourrait être amené à des extrémités les plus absurdes. Ainsi, une personne aveugle pourrait réclamer le droit à conduire, considérant que le fait de lui refuser la conduite est discriminatoire. On arguerait que le fait de ne pas conduire est une double peine pour quelqu’un qui déjà n’a pas la chance de pouvoir voir. Vous trouvez certainement que l’exemple est idiot. Pourtant, je vous invite à lister les demandes et revendications d’associations ou de regroupements de personnes se disant victimes de discriminations. On est parfois pas loin de ce genre de cas de figures.
Au nom de la non-discrimination, on organise dorénavant des compétitions où tout le monde peut s’inscrire. Mais il n’est pas de véritable gagnant à la fin. Dans ce cas, pourquoi se dépasser et faire des efforts? Ni vainqueurs, ni perdants, on est pas loin du fameux “esprit Coubertin” si cher à certains concitoyens mais que l’on peut juger également profondément incapacitant et n’incitant pas à l’implication maximale.
Lutte contre les discriminations vs lutte pour le progrès social
Le fait de sectoriser les revendications, les dilue terriblement. Dorénavant, on parle au noms des “gros” et demain au nom des “cyclopes” ?
La société capitalistique de surconsommation produit des discriminations en masse. Et la lecture de la société en classe / caste sociale est à mon sens la moins mauvaise. C’est du moins celle qui “englobe” le mieux les individus.
Le fait de lutter à l’aune des inégalités est un chemin sans issue. Dans ce chemin, les personnes discriminées luttent les unes contre les autres alors qu’elles sont parfois issues des mêmes rangs sociaux.Et plutôt que de lutter pour réduire les véritables inégalités, on saupoudre, on contente telle communauté ou telle autre, selon les modes médiatiques ou selon un engagement plus ou moins véritable.
En résumé, on ne défend plus une cause générale et collective, on soigne son pré-carré. Et tant pis pour les véritables discriminations qui sont avant tout sociales.