Paris Vox- Redécouvrez les grands monuments de Paris, ses rues, ainsi que l’Histoire, petite ou grande, de la capitale.
L’invocation du Diable par César.
Le parc de Montsouris fut réalisé à l’emplacement des anciennes carrières du même nom. Si ces carrières servaient jadis aux contrebandiers, elles attiraient également les réunions d’organisations secrètes, de même que quelques charlatans, tel que le pseudo-sorcier César qui se faisait fort de montrer le Diable aux dupes qui acceptaient de le payer. Certains visiteurs prenaient la fuite après quelques incantations marmottées par César, d’autres, plus téméraires, attendaient de voir la suite du spectacle, comprenant bruits de chaîne et apparitions de « chiens infernaux », d’autres encore, sans doute un peu fous, devaient faire la connaissance des « diables » eux-mêmes, à savoir des complices de César déguisés, qui flanquaient une bonne raclée et une grande frousse au visiteur trop audacieux, afin de lui faire passer l’envie de revenir un jour avec l’imprudente intention de voir le Maître des Ténèbres en personne… Mais le manège de César dans les carrières de Montsouris fut un jour découvert et l’infortuné « montreur de diables » finit ses jours à la Bastille. C’était en 1615.
Le spectre de Montsouris.
Il est dit aussi qu’un fantôme hantait jadis les carrières de Montsouris. Cet être, doué d’une extrême agilité, errait seul et sans lumière, dans les immenses couloirs souterrains. Certains prétendirent même l’avoir rencontré en 1777. On disait aussi que son apparition signifiait la mort : ceux qui le rencontraient étaient certains, disait-on, de trépasser dans l’année ou, à tout le moins, de perdre un être cher.
Un repaire de contrebandiers.
Faut-il le préciser, ces rumeurs diaboliques n’avaient rien d’innocentes. De fait, à l’instar des carrières des Buttes-Chaumont, celles de Montsouris avaient bien mauvaise réputation, mais l’on peut penser que celle-ci était savamment entretenue par les contrebandiers de toute espèce qui connaissaient très bien les itinéraires souterrains et les utilisaient pour introduire leurs marchandises dans Paris qui était alors entouré d’un mur d’enceinte dit « des Fermiers Généraux ». Ce trafic perdura jusqu’en 1777, date à laquelle fut fondé le service de l’Inspection des Carrières dont les employés assurèrent désormais une surveillance permanente des galeries. Les contrebandiers tentèrent alors de contourner l’obstacle en creusant de longs boyaux entre le toit des carrières et le sol des boulevards extérieurs, et ce afin d’atteindre directement les caves des maisons situées de chaque côté du mur d’octroi. On a retrouvé des traces de ce labeur de taupes en 1903 (rue Casimir) et en 1906 (rue Fustel-de-Coulanges). On a également retrouvé une de ces galeries qui, vers 1815, partait de l’ancien n°23 du boulevard de la Glacière. Celle-ci permettait de franchir le mur et de déboucher à l’intérieur de Paris, dans une cave du n°26 du boulevard Saint-Jacques.
Un mot sur le parc Montsouris.
Le parc Montsouris est un jardin public situé dans le quartier du même nom, dans le 14e arrondissement. Ce parc à l’anglaise, aménagé au 19e siècle, est le pendant méridional du parc des Buttes-Chaumont. Il s’étend sur 15 ha. Situé entre les portes de Gentilly et d’Arcueil, il est délimité, au sud, par le boulevard Jourdan. Le parc Montsouris est imaginé au Second Empire, dans le cadre d’une politique visant à offrir aux Parisiens des espaces verts implantés aux quatre points cardinaux de la ville : bois de Boulogne (Ouest), Buttes-Chaumont (Nord), bois de Vincennes (Est) et parc Montsouris (Sud). C’est Hausmann qui décidera de sa réalisation en 1860 et le parc sera inauguré en 1869 (même si les travaux se poursuivront jusqu’en 1878). En 1871, lors de la Commune, le parc fut le théâtre de combats. On y trouve une station météorologique (l’observatoire y fut fondé, en 1872, par Charles Sainte-Claire Deville). Ce centre réalise aujourd’hui les prévisions pour Paris et la petite couronne. A noter aussi que le méridien de Paris traverse le parc Montsouris. Achevée en 1806, cette œuvre haute de quatre mètres est appelée la « mire du Sud » ou « mire de l’Observatoire » (elle était jadis placée dans le jardin de l’Observatoire de Paris).
Eric TIMMERMANS.
Sources : Guide de Paris mystérieux, Les Guides Noirs, Editions Tchou Princesse, 1978, p. 291-292.