Histoire de Paris: l’Opéra Garnier

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L’Opéra de Paris voit le jour officiellement le 28 juin 1669. Il s’installera dans plusieurs endroits : sur le site actuel de la rue Jacques-Callot (1671), rue de Médicis (1672), rue Saint-Honoré (1673 et 1770), dans la salle des Tuileries (1763), rue Bergère (1781), Porte Saint-Martin (1781), square Louvois (1794), rue Le Peletier (1821). Le 14 janvier 1858, Napoléon III échappe à un attentat fomenté par Felice Orsini devant l’Opéra de la rue Le Peletier. Dès le lendemain, Napoléon III ordonne la construction d’un nouvel « Opéra de Paris ». Cette construction revêtait une grande importance sociale et économique : elle consacrait l’avènement d’une nouvelle élite non plus aristocratique mais bourgeoise, qu’imposait l’édification d’une nouvelle société de type industriel. Cette élite devait pouvoir se retrouver et se rencontrer en un lieu particulier afin de favoriser la dynamique industrielle et le développement économique : ce seront les 800 abonnés de l’ « Opéra de Paris » qui, bien longtemps constitueront le vrai « Tout Paris ». Ils avaient chacun une loge réservée où ils pouvaient se restaurer, se faire servir des liqueurs mais également profiter des charmes des jeunes ballerines, les célèbres « petits rats de l’Opéra », dont la compagnie était particulièrement prisée… La première pierre du Palais Garnier fut posée en 1862. Mais le coût de la construction dut être revu à la hausse et les travaux s’éternisèrent. En 1870, la défaite de Sedan et l’occupation de Paris par les Prussiens provoquent la chute du Second Empire et l’arrêt des travaux du « Palais Garnier ». Napoléon III meurt avant d’avoir pu profiter de son nouvel opéra. En 1871, surviennent les événements de la Commune de Paris. Les communards utilisent les premières salles construites de l’Opéra pour y entreposer des vivres et de la paille pour les chevaux. Le 21 mai, les Versaillais entrent dans Paris et transforment un sous-sol de l’Opéra en cachot où de nombreux communards seront exécutés. La découverte d’un squelette datant de cette époque sera à l’origine de la légende du fantôme. Au début de la IIIe République, le « Palais Garnier » se voit considéré comme un symbole du pouvoir impérial honni et Garnier est renvoyé. Mais le 28 octobre 1873, un incendie anéantit la salle de la rue Le Peletier et Garnier est rappelé d’urgence pour terminer son ouvrage. L’Opéra est livré en 1874 et officiellement inauguré le 15 janvier 1875. L’ « Opéra de Paris » est né et s’imposera seul jusqu’à l’ouverture, le 14 juillet 1989, de l’ « Opéra Bastille ». L’ « Opéra de Paris » devint alors l’ « Opéra Garnier ». En 1990, une grande campagne de restauration du Palais Garnier fut entreprise. Le bâtiment est un palais de marbre et d’or doté d’un grand escalier et de divers foyers, abondamment décorés de peintures et de sculptures, à tel point qu’il est tout à la fois théâtre et musée. L’ « Opéra Garnier » se visite librement tous les jours de 10h à 17h (accès jusqu’à 16h30).

Un mot sur Charles Garnier (1825-1898).

Enfant, Charles Garnier allait régulièrement passer ses vacances chez sa grand-mère, à Saint-Calais, en Sarthe, et voilà pourquoi on a parfois cru qu’il y était né. En fait, Charles Garnier est né à Paris, rue Mouffetard., le 6 novembre 1825. Son père était entrepreneur et louait des voitures hippomobiles. Il épousa Félicie Colle, fille d’un capitaine de l’Empire, en 1824. La scolarité du jeune Charles le destinait à l’architecture. Ainsi fut-il nommé architecte par la Ville de Paris en 1860. Charles Garnier voyagea beaucoup et gagna le concours de l’Opéra de Paris, le 30 mai 1861 : c’est lui qui construisit l’Opéra Garnier dont la première pierre fut posée l’année suivante. En 1867, à l’occasion de l’exposition universelle, Napoléon III demanda qu’une première inauguration du bâtiment eût lieu pour la seule façade principale. C’est à l’occasion de cet événement que l’on situe l’incident qui opposa l’impératrice Eugénie et l’architecte Garnier. L’impératrice, commentant l’architecture du Palais Garnier, se serait exclamée : « Quel affreux canard ! Cela n’a pas de style, ce n’est ni grec, ni romain ! » Doué d’un grand esprit de répartie, Charles Garnier aurait alors répondu : « C’est du Napoléon III, Madame ! » Les tragiques événements des années 1870-1871 viendront interrompre les travaux de Garnier qui se voit même renvoyé. Mais en 1873, suite à l’incendie de la salle Le Peletier, il est rappelé pour terminer son ouvrage. L’Opéra fut officiellement inauguré le 15 janvier 1875. L’acoustique se révéla excellente. Pour l’anecdote, il est dit que Garnier se présenta à l’Opéra et qu’il se vit dans l’obligation de payer sa place dans une seconde loge ! Ce ridicule incident fut largement raillé par la presse qui en profita pour exprimer son rejet des autorités de la IIIe République. On doit aussi à Charles Garnier le tombeau de Jacques Offenbach (cimetière de Montmartre), de même que le Théâtre Marigny. Charles Garnier décéda à Paris le 3 août 1898. On décida alors de lui ériger un petit monument qui fut inauguré en 1903. Il s’agit d’un buste représentant l’architecte accompagné, de chaque côté, par un personnage féminin en bronze doré. Cette œuvre a été installée au Palais Garnier, au pied de la rotonde de l’Empereur, en retrait des grilles qui en protègent l’accès.

Eric TIMMERMANS.

Sources : Dictionnaire des symboles, J. Chevalier et A. Gheerbrant, Robert Laffont / Jupiter, 2004 / Dictionnaire encyclopédique de l’histoire de France, Charles Le Brun, Maxi Poche Histoire, 2002 / Dictionnaire historique des rues, places…de Bruxelles (1857), Eugène Bochart, Editions Culture et Civilisation, 1981 / Guide de Paris mystérieux, Les Guides Noirs, Editions Tchou Princesse, 1978 / Guide du Routard Paris, 2004 / Histoire et dictionnaire de Paris, Alfred Fierro, Robert Laffont, 1996 / Ils ont choisi Bruxelles, Daniel-Charles Luytens, Noir Dessin Production, 2004 / Le fantôme de l’Opéra, Gaston Leroux, Maxi Poche Fantastique, 2001.