Paris Vox (Tribunes) – Nous proposons régulièrement à nos lecteurs la retranscription écrite des chroniques quotidiennes d’Arnaud de Robert sur Radio Libertés.
Le tour de trop. Septième tour d’élections depuis le début des primaires de droite fin 2016, ce premier tour des législatives est très sûrement le tour de trop. Sur fond de lassitude, de fatalisme et de savant matraquage médiatique, le résultat le plus significatif est tombé : 51, 29 % des français se sont abstenus. Une première dans toute l’histoire de la cinquième République. Un record qui s’explique d’abord par l’essoufflement des électeurs ne voyant pas le bout de cette interminable séquence de votes. Une abstention qui est aussi le résultat du patient mais puissant travail de la médiacratie, elle qui depuis des semaines répète le mantra démobilisateur d’un scrutin déjà joué au résultat déjà connu. Une abstention enfin qui a pour cause la faillite des partis politiques incapables de susciter le minimum d’intérêt autour de thèmes porteurs. Record historique d’abstention donc mais aussi record de désengagement militant avec une décrue spectaculaire de voix pour le FN, Les Républicains et La France insoumise. Effondrement mortel pour le PS enfin qui n’existe pratiquement plus. Autre record, celui du dégagisme et notamment pour les anciens ministres de Hollande avec l’élimination de Benoit Hamon, Cécile Dufflot, Aurélie Fillipetti, Mathias Felk, Juliette Méhadel, Ségolène Neuville, Emmanuelle Cosse et quelques autres. Exit aussi des éléphants du PS comme Patrick Menucci, Elisabeth Guigou, Jean-Christophe Cambadélis, Jean Glavany ou Jean-Jacques Urvoas. D’autres encore se retrouvent en ballotage plus ou moins favorable et tentent de survivre encore un peu sur les décombres de la droite et de la gauche.
Autre record, celui du dégagisme et notamment pour les anciens ministres de Hollande avec l’élimination de Benoit Hamon, Cécile Dufflot, Aurélie Fillipetti, Mathias Felk, Juliette Méhadel, Ségolène Neuville, Emmanuelle Cosse et quelques autres. Exit aussi des éléphants du PS comme Patrick Menucci, Elisabeth Guigou, Jean-Christophe Cambadélis, Jean Glavany ou Jean-Jacques Urvoas.
D’accord, on ne regrettera aucun d’entre eux. Mais ce dégagisme électoral ne débouche pas pour autant un changement qualitatif éprouvé, c’est un saut dans l’inconnu. Car la combinaison de l’abstention record et du mode de scrutin majoritaire laisse augurer, dans les projections pour le second tour, d’une écrasante majorité pour les députés de la République En Marche. Un sacré changement certes, mais lequel ? Un parti qui n’a que quelques mois d’existence va prendre environ 80% des sièges de l’hémicycle et y installer plus de 90% de représentants n’ayant jamais eu de mandat politique auparavant. Pour eux c’est sûrement une aventure excitante et passionnante. Pour nous, l’affaire est toute autre. Car vu de l’extérieur cette super majorité absolue, mais aussi absolument novice et inexpérimentée, a tous stigmates d’une majorité godillot, d’une majorité suiveuse et soumise. Sans préjuger de la personnalité de chacun de ces braves gens, il semble plutôt plausible que les députés macroniens se mettent, par sécurité et pour se donner le temps d’apprendre, en devoir d’approuver sans réserves l’action gouvernementale. M’étonnerait que nous ayons des frondeurs dans cet hémicycle. Nous voilà donc devant une projection parfaitement conforme aux vœux d’Emmanuel Macron. A n’en pas douter, le calcul de séquence du président de la République prévoyait évidemment que l’effet de nouveauté allait jouer sur la docilité de la future assemblée. Un boulevard pour la loi d’ordonnance en préparation et une autoroute pour la future politique de réformes, le tout dans une ambiance guillerette de « changement » dont on imagine avec une certaine appréhension les contours. Un vrai retour aux années 50, du temps du MRP, mais sans De Gaulle pour y mettre fin. Un énorme bloc central qui repousse sur ces ailes les maigres oppositions disparates. Autant dire que dans cette assemblée on s’invectivera peu, les troupes dispersées et conflictuelles des opposants empêchant toute émergence, toute formation d’un front contradictoire. Encore un joli coup du maitre oligarque de l’Elysée. Avoir réussi à changer profondément la structure du pouvoir sans toucher une seconde à la structure institutionnelle et constitutionnelle. Un coup d’Etat d’une douceur mortelle ou l’étincelant sourire macronien est devenu le nouveau symbole, le nouveau visage de la soft-dictature dictature libérale. Bienvenue en Macronie donc, le pays où tout est parfait ! Bonne semaine !