Colonne Morris dépolluante : derrière l’annonce, de quoi s’agit-il ?

Colonne Morris dépolluante : derrière l’annonce, de quoi s’agit-il ?

Paris Vox – Transformer l’air pollué en énergie propre; tel est le pari de la colonne Morris dépolluante. Dans le 14ème arrondissement de la capitale à Paris une colonne Morris va être transformée en « capteur de pollution ». La colonne Morris sert traditionnellement à l’affichage des sorties culturelles, celles de théâtre par exemple, il y en plusieurs centaines à Paris.


L’entreprise Suez s’est offerte avec l’installation de cette colonne dépolluante une belle couverture médiatique, les médias reprenant pour argent comptant les données de l’entreprise. Loin de vouloir nier l’impact de cette colonne, nous souhaitons ouvrir le débat plus largement.

En principe, la colonne en verre est remplie d’eau et d’algues qui vont manger le CO2 ou le dioxyde d’azote (grâce à la photosynthèse) et le transformer en biogaz qui sera récupéré et réinjecté  dans le réseau du gaz de ville.

La colonne est présentée comme l’équivalent de 100 arbres dans la captation de polluants. La formulation est belle mais derrière celle-ci il faut rappeler qu’un arbre ne se fabrique pas, l’arbre est naturel. La colonne, elle, est constituée de plastiques, de métaux, peut-être de verres et probablement d’électronique. Afin de mesurer l’impact et l’empreinte carbone de la colonne il faudrait compter la consommation en CO2 nécessaire à la fabrication, selon l’ADEME (agence nationale du ministère de l’Environnement) : pour produire 1 tonne de plastique de composition moyenne, il est nécessaire d’émettre 2,38 tonnes CO2e.pour 1 tonne de verre plat courbé cela nécessite d’émettre 2,41 tonnes de CO2e et enfin pour 1 tonne de métaux courants en moyenne cela nécessite d’émettre 3,67 tonnes de CO2e.

Soulignons que la colonne ne va pas synthétiser l’ensemble des gaz à effets de serres mais plus probablement uniquement le CO2 soit 80% des gaz à effets de serres.

Lors de la phase de test, il conviendra d’étudier attentivement la rentabilité de la colonne néanmoins cela ne sera pas suffisant pour en tirer des conclusions définitives.

Selon le bilan du plan-climat 2004-2014 publié par la mairie de paris ( https://api-site.paris.fr/images/83843 ), en 2014, les émissions municipales représentaient 26 500 000 tonnes CO2e (équivalent CO2 c’est-à-dire le CO2 mais aussi le méthane, le protoxyde d’azote et d’autres gaz à effet de serre).

Le projet de colonnes revendique capter 40×1=40 t CO2e soit 0,0001% des émissions parisiennes annuelles. Chiffres qui devront être vérifiés après test.

Ce projet peut avoir du sens d’un point de vue écologique mais on ne saura certainement jamais capable de définir la rentabilité carbone réelle ou le niveau de captage. Néanmoins quel est le coût intégral d’une installation généralisée de telles colonnes ? L’installation de ces colonnes dépolluantes va dans un sens d’une consommation toujours plus grande de matières. La mairie, en lançant cette colonne, conforte un choix de civilisation vers une croissance toujours plus effrénée et la colonne dépolluante ne doit pas être  « l’arbre qui cache la forêt », le gadget qui empêcherait toute réflexion sereine sur une limitation de la pollution dans la durée par de vrais choix. Et si on essayait aussi la décroissance ?