Paris Vox a le plaisir de proposer à ses lecteurs une sélection des retranscriptions écrites des chroniques d’Arnaud de Robert, diffusées quotidiennement dans la matinale de Radio Libertés.
Ce n’est pas l’hyper-communication qui ébranle l’édifice Macron. Certes, ses bourdes répétées et notamment celle définissant la Guyane comme une île n’arrangent rien. Ce n’est pas non plus la platitude de ces discours qui le mettent en danger. Ses formules alambiquées et vides de sens sont devenues des blagues, rendant presque sympathique sa fausse candeur et ses postures vaguement illuminées. Tous ces défauts sont de toute façon magistralement dilués par une machine de guerre médiatique parfaitement huilée et toute à son service. Au mieux, ces carences communicationnelles contribuent-elles à entretenir le doute et les hésitations de ses sympathisants à voter pour lui. Les deux tiers n’en sont pas encore sûrs si l’on en croit les sondages récents.
Non, ce qui peut de manière bien plus certaine plomber sa campagne et éroder voir détruire le bel édifice patiemment construit, ce sont ces ralliements en chaine de dizaines d’élus de tous bords. Des ralliements encombrants, trop nombreux et trop prévisibles. Emmanuel Macron a fondé et déployé son mouvement sur l’idée d’une alternative, d’une nouvelle donne, grandissant hors du jeu politique classique, au-delà même. La dynamique d’En Marche repose en effet toute entière sur ce seul positionnement. La démarche est audacieuse mais offre en même temps un aspect fragile, celui d’être rattrapée par la réalité toujours moins pure et moins lumineuse des vicissitudes du monde politique. Déjà il y a quelques semaines, le staff de Macron s’inquiétait du caractère exponentiel des ralliements politiques. Macron lui-même avait dû commencer à y mettre un peu d’ordre d’abord en expliquant que ralliement ne valait pas poste ou circonscription et ensuite allant jusqu’à refuser à certains d’intégrer son mouvement.
Macron lui-même avait dû commencer à y mettre un peu d’ordre d’abord en expliquant que ralliement ne valait pas poste ou circonscription et ensuite allant jusqu’à refuser à certains d’intégrer son mouvement.
Peine perdue, son succès ou en tout cas celui qui lui donnent les sondages d’une presse parfaitement séduite et conquise provoque l’arrivée massive de gamelards, de crevards des urnes, de ramasse-miettes professionnels qui, malgré les avertissements clairs du chef d’En Marche ! espèrent tous s’en sortir en redorant leur blason au soleil du jeune banquier-candidat. C’est un peu la ruée vers l’or macronien depuis quelques semaines. Et le ralliement hier de Valls ne peut que renforcer le phénomène. Voilà donc un navire qui se voulait tout beau et tout neuf envahi par tous les vieux routiers de la gauche en déshérence, par tous les libéraux qui se sentaient mal à gauche, par tous les centriste qui n’ont jamais trouvé leur centre et par tous les droitards qui marchent déjà sur le cadavre de Fillon. De fait, l’image du macronisme est en train de virer au gris, ce même gris qui colore les formations politiques au pouvoir depuis quarante ans. Les morts-vivants du PS agonisant, les opportunistes d’une droite déboussolée contribuent d’une manière certaine à l’effritement d’une dynamique pourtant intelligemment construite. Victime de son succès, le produit Macron est en train d’être soldé par l’appétit et l’instinct de survie féroce d’une classe politique qui se sait invalidée, détestée même mais qui, comme elle ne sait pas faire autre chose, tente le tout pour le tout avec le petit nouveau. Certains l’ont bien compris qui eux quittent le navire Macron. A l’instar de l’ancien général de gendarmerie Bertrand Soubelet qui avait rejoint En Marche ! avec l’espoir du renouveau (et j’ajoute une bonne dose de naïveté) et qui par courrier hier expliquait je cite : “J’avais besoin de croire qu’une nouvelle façon de faire de la politique était en train de naître (…) Les ralliements successifs tous azimuts et symboliques à bien des égards, à commencer par ceux de l’actuel gouvernement, ne correspondent pas à ma conception du changement”. Tout est dit. Macron, coincé entre le besoin de faire des prises de guerres et son discours de renouveau est en train de tomber le masque. Sur le cadavre encore chaud du PS, Le Drian, Valls et tous les autres sont en train de reconstituer l’équipe Hollande et de valider son héritage. Et Macron devient ce qu’il a toujours été finalement, le fils politique et l’héritier idéologique du Hollandisme. C’est le p’tit François qui doit se frotter les mains. Rothschild moins … Bonne journée !