Paris Vox a le plaisir de proposer à ses lecteurs une sélection des retranscriptions écrites des chroniques d’Arnaud de Robert, diffusées quotidiennement dans la matinale de Radio Libertés
Décidément, ces derniers jours ce sont vraiment les Dom-Tom qui réveillent la campagne des présidentielles. Après le week-end calamiteux d’Emmanuel Macron à la Réunion et le bide intersidéral de son meeting dont je vous ai parlé hier, c’est au tour de la Guyane de montrer les dents (Guyane qui n’est pas une île hein ? Macron ?).
Depuis plusieurs jours, le territoire ultra-marin est en effet le théâtre d’un mouvement social très dur qui n’est pas parti d’une classique mobilisation syndicale mais d’un rassemblement de collectifs citoyens divers dont le très musclé collectif des « 500 frères ». Les raisons principales de ce qui a largement dépassé le stade de la grogne pour devenir émeutes, barrages routiers et grève générale sont la pauvreté, le chômage, l’insécurité, les problèmes sanitaires et l’immigration. En fait, l’explosion de colère guyanaise se fonde sur des causes très proches des maux qui préoccupent les français de métropole. Sauf qu’en Guyane, les chiffres sont poussés à leur paroxysme. Taux de chômage à 22%, territoire français le plus violent avec 42 homicides en 2016 pour seulement 250 000 habitants, trafic de drogue en croissance incontrôlée, 25% de la population vivant sous le seuil de pauvreté, des collectivités territoriales qui dénoncent depuis des années une immigration-invasion massive principalement brésilienne qui fait exploser tous les budgets sanitaires et la criminalité. 50% des détenus guyanais sont étrangers. Envahie, appauvrie, désocialisée et en panne économiquement, la Guyane ne pouvait que laisser éclater sa colère. Là aussi, les plans d’investissements successivement promis, dont celui de François Hollande en 2013, baptisé Pacte d’avenir pour la Guyane, n’ont toujours pas vu le jour. Et il y a fort à parier que les mesures d’urgence prises par un gouvernement aux abois n’apaisent en rien la détermination des émeutiers. L’envoi de la mission gouvernementale n’a pas stoppé le mouvement de grève générale ni fait lever les barrages. Car les demandes des manifestants sont-elles bien plus radicales et ciblées : expulsion des délinquants étrangers, de tous les clandestins, renforts de CRS et de Gendarmes pour lutter contre le trafic de drogue, relance d’un véritable plan Marshall pour supporter et relancer l’économie du territoire. Les manifestants ont en outre très mal pris le fait qu’aucun ministre et encore moins celui de l’Outre-Mer, madame Bareigts n’aient fait le déplacement. La venue de la commission interministérielle est pour eux un affront, d’où le durcissement du mouvement. Et l’on entend sur les barrages des propos plus radicaux : « un voleur mort est un voleur qui ne vole plus ». « Si les voyous veulent la guerre, ils l’auront ». Cette situation quasi insurrectionnelle de la Guyane est finalement intéressante à plusieurs titres : elle démontre une fois de plus l’échec de la politique d’Hollande faite d’angélisme et d’attentisme. Elle éclaire aussi l’omerta des médias français sur le crucial problème migratoire puisque pratiquement aucun média métropolitain ne parle de cette préoccupation pourtant centrale et causale pour les guyanais.
Il faut aller chercher les médias du territoire pour trouver des analyses montrant que l’immigration avait déclenché des catastrophes en cascade dans la société : hausse de la délinquance, du chômage, de l’insécurité, effondrement des conditions sanitaires et sociales
Il faut aller chercher les médias du territoire pour trouver des analyses montrant que l’immigration avait déclenché des catastrophes en cascade dans la société : hausse de la délinquance, du chômage, de l’insécurité, effondrement des conditions sanitaires et sociales. Les jours prochains vont être décisifs à tous points de vue. Mais déjà la dureté de ce conflit lui a procuré une stature nationale et métropolitaine. Il porte aussi au-devant d’une campagne insipide les principales préoccupations des français, qu’ils soient ultra-marins ou métropolitains. Et surtout ce conflit met à nu les belles petites propagandes gouvernementales et électorales. Les guyanais se fichent des appels au calme, au civisme, ils se moquent des bons mots et des déclarations de principe. On cherche d’ailleurs encore vainement un seul mot de Christine Taubira sur la situation de son « pays », elle d’habitude si prompte à distribuer des leçons aux métropolitains. Merci donc à la Guyane pour ce retour au réel salvateur. Espérons que ce conflit rappelle à tous les vrais enjeux et les vrais périls de notre époque. Après tout, la Guyane est le pays de la fusée Ariane dont le nom évoque celle qui a permis à Thésée d’échapper au labyrinthe, donc tout est possible. Bonne journée !