Télévision, France 2 : « Complément d’enquête » sur les « fake news »

Télévision, France 2 : « Complément d’enquête » sur les « fake news »

Paris Vox – Jeudi 23 mars dernier, en deuxième partie de soirée, était diffusé un nouveau numéro de l’émission « Complément d’enquête » présenté par Nicolas Poincaré intitulé « Médias : menteurs ? ».


Le sujet était plus que d’actualité et s’intéressait aux « fake news », soit les fausses informations diffusées sur le web… un thème important à quelques jours de l’élection présidentielle. Comment démêler le faux du vrai parmi le flot incessant d’informations diffusées ?

3 sujets composaient le programme :

  • La guerre entre la mairie d’Hénin Beaumont et la Voix du Nord
  • Les « fake news » en pleine campagne de la présidentielle aux Etats Unis
  • De nouveaux médias alternatifs « à la botte » de Moscou

La diversité des thèmes laissait présager une émission intéressante. Cependant, il était nécessaire de détecter le niveau d’objectivité de leur traitement dans la mesure où France Télévision est un média. Les journalistes allaient ils parvenir à dépasser le double positionnement : juge et partie ?

Le 1er sujet était certainement le meilleur. On y découvrait concrètement le niveau d’animosité entre les élus FN d’Hénin Beaumont  et les journalistes locaux de la Voix du Nord dédiés à ce secteur. On pouvait présumer que les relations étaient tendues, la mairie exigeant un droit de réponse à environ la moitié des articles écrits par le journal quant aux actions entreprises par les élus. Outre la polémique causée par le journal  au sujet du mur construit au bénéfice des habitants d’un quartier de la ville contre les cambriolages, épisode monté en épingle par les journalistes, on y apprend surtout le déroulement des faits relatifs  aux unes du journal avant les élections régionales de 2015.

Pour rappel, la Voix du Nord avait innové dans le milieu de la presse régionale en se prononçant, on ne peut plus clairement, contre le Front National. L’initiative est venue tout droit de la direction du journal qui n’en a pas averti les rédactions locales. A l’exception d’un représentant syndical, aucun collaborateur appartenant à la direction du quotidien n’a souhaité expliqué cette ligne éditoriale. Le syndicaliste, de par la clarté de ses explications, fait du journal un réel acteur politique et légitime totalement les réactions du Front National qui qualifie la Voix du Nord de « tract du Parti Socialiste”.

 

Fake news
Complément d’enquête sur les “fake news”

 

Les journalistes d’Hénin Beaumont n’ont fait qu’exprimer leur difficulté à travailler avec  la mairie, rien d’étonnant mais rien de faux non plus. Le sujet est traité correctement et permet de mesurer le niveau d’implication politique du journal dans la région. France 2 ne prend pas position et s’interroge sur la légitimité de la démarche.

 

Le niveau de qualité de la suite de l’émission n’était pas le même et on pouvait rester sceptique quant aux intentions recherchées.

Le sujet consacré aux « fake news » était traité dans le contexte de la campagne présidentielle aux Etats Unis. On y découvre le roi de la fausse information, Paul Haner, cet américain qui a fait fortune grâce à cette technique. Il a notamment propagé la rumeur des faux opposants à Donald Trump payés 3.500 dollars, celle prétendant que Michelle Obama était un homme…

Le sujet ne servait à rien d’autre que d’accréditer la thèse selon laquelle c’est par cette technique que Donald Trump a été élu.

Le dernier sujet faisait référence à RT France et Sputnik, des médias russes qui se lancent dans toute l’Europe. Les critiques fusent: vidéos diffusées en direct sans commentaire, méthode de recrutement douteuses, absence de liberté de parole notamment au sujet du conflit avec l’Ukraine ou orientation politique marquée. Un témoignage vient corroborer ces critiques et confirme le lien entre ces médias et la tête du pouvoir russe ; à savoir Vladimir Poutine. Au passage, on y fait le lien entre ces médias et le front national en prétendant que ces médias favorisent le parti de Marine Le Pen.

Les grands méchants loups sont donc désignés : le Front National, Donald Trump et Vladimir Poutine… Rien de très original, de quoi rester sur sa faim.

L’entretien avec  le responsable du décodex, prétendu outil d’évaluation de la fiabilité des sites d’information, Samuel Laurent, vaut son pesant d’or. Bien que très court, il est révélateur de ses intentions réelles surtout quand le collaborateur du Monde émet la phrase suivante : « Nous devons démonter la rumeur quand elle est vraie »… tout un programme…. Evidemment n’a pas été évoquée l’évolution de l’outil répondant aux critiques des autres médias de la presse mainstream eux-mêmes. (voir article de notre site partenaire en Bretagne : http://www.breizh-info.com/2017/02/03/61254/decodex-le-monde-fake-news-samuel-laurent)

L’intervention d’Aude Lancelin rattrape quelque peu l’émission en évoquant le problème majeur de la dépendance des médias français au système politique en place. Ancienne directrice adjointe à « L’Obs », elle en est licenciée pour ses positions sur le mouvement « Nuits debout ». Elle a depuis lors sorti un ouvrage sur les liens malsains entre presse et politiques et la réciprocité de leurs intérêts.

C’était de bon augure… Comment, en effet, parler vérité des médias sans parler de l’origine de leur financement principalement issu de grandes entreprises du CAC40? Et quand on connaît les liens indéfectibles existant entre eux et les hommes politiques… Le chien ne mord pas la main de son maître.