Les « décodeurs »: une censure qui ne dit pas son nom

Les « décodeurs »: une censure qui ne dit pas son nom

Paris Vox (Tribune) – Comme 10 millions de français, chers lecteurs, vous avez sans doute été amenés à suivre le débat présidentiel diffusé mardi dernier sur TF1. Il est en tous cas certaines personnes qui n’en n’ont pas perdu une miette. En effet, ces 3 heures de palabres ont donné du grain à moudre aux « décodeurs » et autres « fact-checker ». Récemment apparus, ces nouvelles cellules médiatiques ont l’ambition de passer les déclarations politiques au crible des faits et des chiffres.


A l’ère du complotisme et de la post-vérité, ils ont l’air de considérer leur mission comme faisant œuvre de salut public, tant il est vrai que les mensonges et les approximations influencent le résultat des élections. Non pas que le citoyen moyen soit devenu plus crédule, mais le développement d’internet hier et des réseaux sociaux aujourd’hui permet effectivement à n’importe quel quidam de s’improviser devin ou prophète, avec une audience accrue.

Voilà pour la théorie, à laquelle, admettons-le, il est difficile de ne pas souscrire. C’est tout à l’honneur des journalistes de vouloir baser leurs analyses sur les données les plus objectives possibles. Mais en pratique, l’envers du décor est moins reluisant. Ces nouveaux médias sont généralement mis en place par les groupes de presse « mainstream »1, en perte de vitesse et qui souffrent d’un déficit de confiance croissant auprès des français, à tel point qu’ils survivent grâce à de généreuses subventions de l’état. Il est donc aussi question pour eux de sauvegarder leur pré-carré.

Les gouvernements en Europe sont du reste partie prenante dans cette entreprise de contrôle de l’information, comme l’illustre la situation en Allemagne. Dans ce pays, le gouvernement a présenté un projet de loi visant à sanctionner durement les « propos haineux » sur les réseaux sociaux et fait régulièrement pression sur ces derniers pour censurer les propos « mensongers ». Suite à cela, Facebook a mis en place plusieurs outils pour limiter la diffusion des « fausses informations »2.

Il est donc fort à parier que ces « décodeurs », s’ils se veulent objectifs, ne sont pas tout à fait impartiaux. Ils n’iront jamais chercher des poux dans la tête des bien-pensants – du moins pas sur les sujets qui fâchent, c’est-à-dire principalement l’immigration au sens large – alors même que ces derniers ne sont pas exempts d’affabulation et de mauvaise foi sur le sujet. Dans les faits, cette rigueur de façade est systématiquement instrumentalisée pour lutter contre la vague conservatrice, aussi qualifiée de populiste, qui déferle sur l’Europe. Et plus particulièrement, en cette période de campagne présidentielle française, contre la candidate Marine Le Pen.

Il s’agit de contester les affirmations rapportées par ses partisans, qui s’expriment en effet essentiellement sur internet via des blogs ou les réseaux sociaux, n’ayant pas voix au chapitre dans les grands médias. Or, il n’est pas difficile de les remettre en cause, puisque contrairement aux groupes de presse, ces derniers n’ont pas les moyens de mener de réelles investigations journalistiques et leurs allégations s’appuient souvent sur un ressenti de terrain ou des faits divers. Par ailleurs, les statistiques dérangeantes sont censurées (interdiction des statistiques ethniques en France par exemple) et les études menées par des organismes d’état présentent toujours des conclusions conformes aux opinions mondialistes dominantes.

On notera ici deux grands types de griefs qui reviennent souvent de la part de la presse mais aussi de la justice, pour discréditer les opinions divergentes. La première est l’accusation de « généralisation » qui mènerait à « l’amalgame », cataloguant ainsi l’opinion comme « haineuse ». C’est par exemple sur cet argument que s’est basée la condamnation d’Eric Zemmour en Décembre 2015 pour ses propos sur les musulmans, le tribunal avait considéré qu’à « aucun endroit de l’interview », le chroniqueur n’avait réduit son propos à « une fraction seulement » des musulmans3.

Une sorte d’imposture mentale qui voudrait que toute information ne corroborant pas les points de vue de l’idéologie dominante soit automatiquement suspecte d’être erronée

Mais c’est oublier que l’on ne peut faire de politique sans généraliser un minimum, même en gardant à l’esprit que certaines exceptions confirment la règle comme le veut le dicton. Imagine-t-on la CAF distribuer le RSA strictement au cas par cas? C’est aussi l’application du principe de précaution qui surnage derrière. Dans la France de 2017, en voie de balkanisation, peut-on se payer le luxe de renoncer à des mesures certes généralisatrices mais sans doute salvatrices pour le pays au risque de devoir subir des conséquences graves ? La police française et républicaine ne commettait-elle pas elle-même des amalgames en perquisitionnant des musulmans innocents durant l’état d’urgence afin de lever tout soupçon pour ne pas prêter le flanc aux accusations de laxisme ?

La deuxième accusation est celle du non-fondement scientifique des opinions divergentes. A l’image de cette déclaration hallucinante de Benoist Apparu qui affirmait sur BFMTV au lendemain de l’attentat de Berlin que « le lien entre attentats et politique migratoire n’a jamais été établi »4. Comme s’il était nécessaire  d’établir cette relation de cause à effet comme on démontrerait un théorème mathématique, ou comme si un groupe de chercheurs devaient se pencher sur la question pour en tirer les conclusions qui s’imposent. Quand on lit la liste des terroristes ayant agi en France, on peut au moins affirmer que ce lien a été démontré empiriquement. Ou encore cet article de Libération qui affirmait avec aplomb l’absence de terroristes parmi les migrants en provenance de Syrie, sous prétexte qu’il n’y avait pas d’antécédent5.

Là encore, n’importe quelle personne de bonne foi ne pouvait nier que cette probabilité existait et que préconiser une politique d’anticipation et de gestion du risque n’avait rien de saugrenu.

Les « décodeurs » utilisent mille autres artifices fallacieux pour contrecarrer les opinions divergentes.

Les « décodeurs » utilisent mille autres artifices fallacieux pour contrecarrer les opinions divergentes. Jouer sur les mots6, pinailler sur les chiffres7, utiliser des statistiques non représentatives8, relever une erreur qui n’invalide en rien l’argumentation9, faire mine d’accorder du crédit à des sites insignifiants10, dénoncer l’absence de faits précis alors que la tendance générale est avérée11… Cependant, rien qu’avec les deux stratagèmes précités, il est facile d’avancer un prétexte pour discréditer, censurer, voire faire condamner un grand nombre de propos, quand bien même ils seraient équilibrés et pertinents.

Il est toujours possible de trouver une faille, aussi minime soit-elle, dans un récit ou un argumentaire et d’utiliser sa position dominante pour décréter qu’il faut par conséquent l’interdire. C’est pour cela, que le principe même d’imposer des limites à la liberté d’expression remet en cause cette liberté dans son intégralité. Car dès lors, qui fixera ces limites et selon quels critères? Il sera toujours possible faire des reproches à un texte et c’est alors la porte ouverte à l’abus de censure. C’est aussi l’expression d’un profond mépris pour les citoyens, soupçonnés de ne pas faire preuve de la maturité nécessaire pour appréhender l’information avec un regard critique.

Cette dérive est d’autant plus inquiétante que de nos jours se met en place une sorte d’imposture mentale qui voudrait que toute information ne corroborant pas les points de vue de l’idéologie dominante soit automatiquement suspecte d’être erronée. Comme si la réalité ne pouvait qu’aller dans le sens des thèses progressistes, notamment celle de l’absence de déterminismes communautaires. On est en plein dans le déni du réel ! L’exemple le plus marquant reste la vindicte qui vous frappe lorsque vous affirmez que l’immense majorité des délinquants et donc prisonniers est d’origine immigrée. Cette simple constatation, non quantifiée puisque les statistiques ethniques sont interdites, mais aisément vérifiable par tout fonctionnaire de police ou magistrat, a également valu à Eric Zemmour (encore lui !) une condamnation.

Tout cela est révélateur de la désinvolture et de l’arrogance de l’intelligentsia, convaincue de détenir la vérité, et qui impose ses lubies au mépris des conventions démocratiques les plus élémentaires. On sent depuis le début de cette campagne présidentielle le frémissement d’une véritable bataille entre les médias traditionnels et les nouveaux médias alternatifs, renommés Réinfosphère, pour la crédibilité de l’information. C’est là un combat essentiel à mener par le camp identitaire pour espérer la victoire.

 

Louis BREQUIN

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Notes et liens :

 

1 – http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/

 

2 – http://www.slate.fr/story/141395/facebook-commence-reellement-lutter-fake-new

 

3 – http://www.leparisien.fr/faits-divers/eric-zemmour-3-000-euros-d-amende-pour-incitation-a-la-haine-anti-musulmans-17-12-2015-5381155.php

 

4 – http://www.valeursactuelles.com/politique/pour-benoist-apparu-aucun-lien-entre-attentats-et-immigration-54738

 

5 – http://www.liberation.fr/direct/element/non-daech-nutilise-pas-les-flux-de-migrants-pour-sinfiltrer-en-europe_15021/

 

6 – http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/02/09/etrangers-muslim-ban-des-affirmations-de-marine-le-pen-verifiees_5077410_4355770.html

Les Décodeurs peuvent bien interpréter à leur façon le mot « automatique» concernant l’acquisition de la nationalité par le mariage, mais le problème de fond soulevé par M. le Pen demeure : on naturalise des gens qui n’ont aucune chance de s’intégrer.

 

7 – http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/02/09/etrangers-muslim-ban-des-affirmations-de-marine-le-pen-verifiees_5077410_4355770.html

Il n’y aurait pas 7 millions de chômeurs comme l’affirme M. Le Pen, mais seulement 6,5 millions, ça fait toute la différence !

 

8 – http://www.liberation.fr/elections-presidentielle-legislatives-2017/2017/03/21/les-intox-du-grand-debat-de-la-presidentielle_1557189

Les statistiques sur l’origine des réfugiés sont certes le seul indicateur sur lequel se baser, mais il passe sous silence le fait qu’un nombre non négligeable de réfugiés circulent avec de faux passeports.

 

9 – http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/02/09/etrangers-muslim-ban-des-affirmations-de-marine-le-pen-verifiees_5077410_4355770.html

En quoi le fait que Barack Obama n’ait pas pris une telle mesure invaliderait la pertinence de celle de Donald Trump ?

 

10 – http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/03/01/intox-en-serie-sur-des-pages-facebook-d-extreme-droite_5087453_4355770.html

Personne de sérieux n’a jamais accordé le moindre crédit à ce genre de pages gérées par des particuliers et qui existent dans d’autres familles politiques. Que cherche à prouver LeMonde en les citant si ce n’est faire passer le camp identitaire pour un ramassis de menteurs ?

 

11 – http://www.francetvinfo.fr/politique/les-republicains/primaire-de-la-droite/ali-juppe-comment-la-fachosphere-s-est-infiltre-dans-la-primaire-de-la-droite_1934839.html

Qu’importe pour l’électeur à la primaire de la droite que Juppé ait eu ou non les intentions qu’on lui prête précisément dès lors qu’il fait partie sans conteste de cette classe politique scandaleusement docile avec l’Islam.