Paris Vox – Dorénavant, Paris Vox publiera régulièrement la retranscription écrite de la chronique de commentaire d’actualité d’Arnaud de Robert diffusée dans la Matinale de Radio Libertés. Aujourd’hui, notre chroniqueur revient sur la prétendue baisse du chômage…
Mais que se passe-t-il ? François Hollande aurait-il finalement trouvé, un peu tard certes, quelques clefs de réussite ? C’est vrai enfin, pour le troisième mois consécutif le chômage baisse en France. A un mois des primaires de la gauche, l’annonce n’est pas anodine. Surtout pour Manuel Valls. Moins 3, 7% de demandeurs d’emplois depuis janvier, 133 550 demandeurs en moins exactement, voilà qui vient alléger la charge qui est la sienne de défendre le bilan gouvernemental. Il s’en est d’ailleurs immédiatement attribué la paternité sur les réseaux sociaux. Pourtant, avec quelques mois de plus cela aurait presque permis à Hollande de réussir en partie son pari d’inverser la courbe, ce qui par ricochet lui aurait donné la possibilité de se représenter. Amer constat pour le président sortant qui doit sûrement regretter quelque part son annonce de non représentation.
Mais Valls aurait tort de s’emparer hâtivement de ces chiffres en apparence positifs. D’ailleurs, signe que le cadeau est probablement empoisonné, Emmanuel Macron lui ne s’attribue aucunement cette réussite chiffrée.
Et d’abord parce qu’avec un peu de recul, la comptabilité est tout autre : il y a un million de chômeurs en plus depuis 2012, de quoi relativiser.
Il y a un million de chômeurs en plus depuis 2012, de quoi relativiser.
Ensuite, parce il y a un million de chômeurs en plus depuis 2012, de quoi relativiser.qu’une lecture attentive chiffres de ces trois derniers mois de baisse apporte plus de sujets d’inquiétude que de satisfaction. Certes, la très médiatique et très disséquée Catégorie A, celle des chômeurs pur jus en recherche d’emplois, n’exerçant aucune activité, voit ses effectifs baisser. Mais pour remplir la Catégorie D, celle des chômeurs en arrêt maladie mais surtout en formation. Cette catégorie il faut l’avouer intéresse moins les journalistes. D’abord parce qu’ils sont feignants et qu’ils ne dépassent pas les Catégorie A, B et C en termes d’analyse et ensuite parce que dans l’esprit de la plupart des gens, un chômeur en formation n’est presque plus un chômeur. Or, c’est là qu’intervient la belle arnaque gouvernementale, celle du fameux plan d’ouverture de 500 000 formations par an. Si ce plan se met effectivement progressivement en place, la qualité des formations, leur contenu souvent sujet à caution et l’intérêt même de celles-ci pour décrocher un emploi est plus que douteux. Employés de Pôle Emploi et chômeurs en formation font remonter à cet égard des informations édifiantes comme ces cours d’esthéticienne donné directement via le net, sans jamais un atelier réel, physique. Ce plan coûte tout de même un milliard d’euros. Mais il peut rapporter gros sur le plan des chiffres puisqu’il retire des statistiques pratiquement les 2/3 d’une classe d’âge de population active. Peu importe au final que la formation est un sens puis que son utilité première est le retrait des statistiques de Catégorie A. Bien tenté de la part d’Hollande, insuffisant mais bien tenté.
Le président de la république aurait vraiment tout tenté, même le pire, pour essayer de gagner le pari qui devait le faire réélire
Le président de la république aurait vraiment tout tenté, même le pire, pour essayer de gagner le pari qui devait le faire réélire. Preuve que l’ambition est sans limite, qu’elle piétine aisément les existences, mais qui pouvait encore en douter. Si l’on ajoute à cette manœuvre désastreuse de formation, la forte hausse des CDD et de l’intérim, on dresse un tableau bien plus sombre du chômage. Un tableau qui révèle une hausse de la précarité, des contrats courts, de salaires contractés, d’alternance emploi/chômage peut propice à l’investissement des ménages. Un travail en miettes, qui saupoudre une vie sans jamais la rassurer. Un travail qui se dérobe, se dérègle. Et pour remédier à cela on nous vend du Fillon, le candidat du CAC 40 ! Vaste blague ! On en rirait bien si le chômage ne poussait pas à la misère morale et financière, au désespoir existentiel, voire pire. Il est décidément plus que temps de mettre tous ces braves politiques au chômage, définitivement. Bonne journée !